Le président tunisien lance une « Feuille de route » pour sortir le pays des mesures exceptionnelles

Le président tunisien, Kaïs Saïed a annoncé, lundi, le lancement d’une feuille de route politique, dont la mise en œuvre durera toute une année pour mettre fin aux mesures exceptionnelles, entrées en vigueur le 25 juillet dernier.

Cette feuille de route, dont l’annonce était attendue le 17 décembre prochain, nouvelle date décidée pour célébrer l’anniversaire de la révolution tunisienne, comporte sept grands axes et prendra fin le 17 décembre 2022 par l’organisation de nouvelles élections législatives.

Sur ce plan, l’annonce du président tunisien est sans équivoque, soutenant que « Le Parlement restera suspendu jusqu’à l’organisation de nouvelles élections« , ce qui revient de facto à dissoudre la Chambre actuelle.

Et d’ajouter dans un discours à la nation que « de nouvelles élections législatives auront lieu le 17 décembre 2022 sur la base d’une nouvelle loi électorale« .

Pour arriver à cette nouvelle phase, tout un échéancier a été fixé tout au long de l’année 2022. Il comportera essentiellement, l’organisation d’une large consultation, électronique et directe dans les régions, sur les grandes réformes politiques qui marqueront l’éclosion d’un véritable Etat de droit et des institutions qui traduiront la volonté du peuple pour la démocratie, la liberté et la dignité.

Selon lui, ces « consultations nationales de réformes politiques« , qui seront chapeautées par une commission d’experts, pour l’essentiel des experts en droit constitutionnel, devraient aboutir à la révision de fond en comble du système politique tunisien.

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Cela est d’autant plus vrai qu’à travers les mesures annoncées par le président tunisien, il est prévu à travers ce processus la révision du système politique issu de la Constitution de 2014, de la loi électorale, la loi sur les partis politiques, les associations et la presse.

D’une manière générale, les sept mesures annoncées par le chef de l’Etat tunisien en direct à la télévision tunisienne à l’issue d’une réunion du conseil des ministres, n’ont pas surpris outre mesure.

Elles sont conformes à sa résolution « pas de retour en arrière » maintes fois affirmée et en adéquation avec le projet qu’il a toujours défendu, à savoir le peuple « source de toute légitimité ».

Alors que la pression montait crescendo pour le retour à un fonctionnement normal des institutions, le président Kaïs Saïed a pris le contrepoids de tous ses adversaires, qu’il a vilipendé, en annonçant la poursuite du gel de l’Assemblée des représentants du peuple (parlement) jusqu’à la tenue de nouvelles élections.

Il a, en même temps, déclaré l’organisation d’une consultation populaire du 1er janvier au 20 mars 2022 aussi bien sur le portail de la consultation nationale qu’en direct dans les différentes délégations du pays.

Pour cela, une commission se chargera de faire la synthèse de toutes les réponses et les suggestions avant juin prochain. Les projets de réformes constitutionnelles seront soumis à un référendum le 25 juillet prochain, jour de la célébration de la fête de la république et la dernière étape de la feuille de route sera l’organisation le 17 décembre 2022 des élections législatives.

Sur un autre plan, il a annoncé l’élaboration d’un décret relatif à la réconciliation pénale tel qu’évoqué depuis 2012 prenant en considération le système de classification selon l’infraction et les zones les plus pauvres et « l’engagement de poursuites judiciaires contre tous ceux qui s’étaient rendus coupables d’atteinte à l’Etat et à son peuple ».

Ce discours, qui a surpris par son timing, a été une occasion pour le président tunisien pour adresser ses piques à ses adversaires et aux parties qui ont critiqué sévèrement le monopole de tous les pouvoirs par le chef de l’Etat.

L’argument évoqué par le président tunisien pour justifier toutes ces mesures consiste, selon ses dires, à « libérer notre peuple et notre pays« .

« Nous voulons vivre dans un pays juste et pacifique. Que Dieu garde notre pays et ses citoyens« , a-t-il indiqué.

Ce discours vient enfin à un moment où la fronde contre les mesures du 25 juillet commence à s’organiser provenant de certains courants politiques, mais également de la société civile et des organisations nationales qui ne cessent d’exprimer leurs inquiétudes au regard du recul et des menaces sur les libertés.

(Avec MAP)

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