Le prix des œufs s’envole et inquiète les consommateurs

Depuis plusieurs mois, le prix des œufs ne cesse de grimper au Maroc, sans retrouver son niveau habituel d’un dirham l’unité. Cette flambée des prix suscite la grogne et l’angoisse des consommateurs, qui redoutent qu’il n’atteigne deux dirhams pendant le mois sacré du Ramadan, période de forte consommation de ce produit.

Selon les relevés effectués dans les différents marchés du pays, le prix des œufs oscille actuellement entre un dirham et demi et un dirham et trois quarts, selon les régions. Ce prix dépasse celui pratiqué en France, par exemple, où un œuf coûte en moyenne 16 centimes d’euro, soit environ 1,5 dirham.

Les œufs sont un aliment de base dans la cuisine marocaine, notamment au petit-déjeuner, mais aussi dans la préparation de diverses pâtisseries et plats traditionnels. Leur prix n’avait pas connu de variation significative depuis des décennies, malgré les fluctuations du coût de la vie.

Les professionnels du secteur avicole avancent plusieurs explications à cette hausse des prix. Ils invoquent notamment la baisse de la production, due aux pertes subies par les éleveurs depuis le début de la pandémie de Covid-19, qui a entraîné une diminution de la demande et une augmentation de la mortalité des poules. Ils évoquent également la hausse des prix des aliments pour animaux, qui représentent 70% du coût de production des œufs.

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De nombreux commerçants d’œufs dénoncent quant à eux le monopole exercé par de grands producteurs, dotés de capitaux importants, qui contrôlent le marché et fixent les prix à leur guise. Ils affirment que la baisse des prix des aliments pour animaux, observée récemment, ne s’est pas répercutée sur le prix des œufs, car les producteurs cherchent à compenser les pertes qu’ils ont subies pendant la période de confinement, malgré le soutien financier de l’Etat, qui a accordé environ deux milliards de dirhams au secteur avicole.

L’Association Nationale du Poulet de Chair, qui regroupe les éleveurs de volailles, juge quant à elle le prix actuel de vente des œufs « incompréhensible et inexplicable », selon les médias. L’Association dénonce « l’absence de transparence » et « le monopole » du marché par ce qu’elle considère comme de grands producteurs, qui « contrôlent la production et donc la hausse des prix ». Elle souligne que le nombre de producteurs d’œufs est passé de 500 à 250, suite aux manipulations des grands producteurs, qui ont conduit à la faillite de nombreux petits éleveurs.

Pour rappelle que le contrat-programme du secteur avicole, signé en 2010 dans le cadre du Plan Maroc Vert, visait à réduire les coûts de production à 0,50 dirham par œuf avant 2012, mais que cet objectif n’a pas été atteint et que « l’argent des contribuables a été gaspillé ». L’Association critique également la hausse du prix des œufs, malgré la baisse des prix mondiaux des matières premières utilisées dans les aliments composés et leur exonération de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) dans la loi de finances 2023, ainsi que le soutien de 10 milliards de dirhams accordé aux producteurs.

Face à cette situation, l’Association de Défense des Droits des Consommateurs, qui représente les intérêts des acheteurs, demande l’ouverture d’une enquête sur cette affaire et l’exemption des œufs de consommation des droits de douane, afin de favoriser la concurrence avec les importateurs de ce produit, comme cela avait été le cas en 2016. L’Association souhaite ainsi créer une véritable concurrence entre les entreprises et les fournisseurs de cet aliment, et écarter les producteurs de l’importation.

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