Le Quai d’Orsay en mission de sauvetage à Alger après le rapprochement franco-marocain

La diplomatie française est sur le qui-vive. Alors que la visite de Stéphane Séjourné, ministre français des Affaires étrangères, au Maroc en début de semaine, a été saluée comme un succès, elle a aussi suscité la colère et la jalousie de l’Algérie. Pour tenter de calmer le jeu et de préserver les intérêts de la France, la secrétaire générale du ministère des Affaires étrangères, Anne-Marie Descotes, s’est rendue mardi 27 février à Alger pour rencontrer son homologue algérien, Lounès Magramane.

La visite de Mme Descotes intervient dans un contexte de tensions envenimée par l’isolement de l’Algérie sur la scène internationale où de plus en plus son ingérence dans la souveraineté de plusieurs pays est perçue comme une provocation notamment au Mali et en RDC. Cette attitude désinvolte de l’Algérie n’a pas épargné l’Espagne qui a en pris pour son grade avec une annulation in extremis de la visite du ministre espagnol des affaires étrangères José Manuel Albares pour cause de divergence d’agenda. Alger a créé une entorse au protocole voulant que les ministres des affaires étrangères en visite à Alger soient admis à l’audience du président, et le second, l’obstination algérienne à ériger le dossier du Sahara comme principal point de la visite, que ce soit en conférence de presse ou lors d’une probable déclaration conjointe.

La France, qui entretient des liens étroits avec le Maroc et l’Algérie, se trouve dans une position délicate, tiraillée entre son allié historique, le Maroc, et son partenaire stratégique, l’Algérie, avec qui elle partage une histoire commune. La visite de Séjourné au Maroc, qui a été perçue comme un dégel des relations entre Rabat et Paris, a été perçue par Alger comme un signe de favoritisme et de mépris. Le ministre français a été accusé de faire preuve de partialité dans le dossier du Sahara dans lequel Alger s’attendait sans doute à une autre déclaration en faveur de sa position sur la question

L’Algérie, qui a longtemps reporté la visite du président Abdelmadjid Tebboune en France, semble désormais pressée de la concrétiser, afin de réaffirmer son poids diplomatique et de rééquilibrer les relations bilatérales. Selon le communiqué officiel algérien, la visite de Mme Descotes avait pour objectif de « préparer la visite d’État du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, en France, à l’invitation de son homologue français, Emmanuel Macron ». Le communiqué précise également que les deux parties ont abordé « les questions internationales et régionales d’intérêt commun, notamment, la situation au Sahel, au Mali, en Libye, ainsi que la question du Sahara ».

La France, qui cherche à préserver son influence et sa crédibilité dans la région, se trouve confrontée à un dilemme : comment ménager la chèvre et le chou, sans froisser ni l’un ni l’autre ? Comment concilier ses intérêts économiques et sécuritaires avec ses valeurs démocratiques et ses engagements internationaux ? Comment contribuer à la résolution du conflit du Sahara, sans prendre parti pour l’une ou l’autre des parties ? Autant de questions qui risquent de compliquer la tâche du quai d’Orsay, qui devra faire preuve de beaucoup de doigté et de prudence pour éviter de mettre en péril ses relations avec les deux pays.

Un tournant dans la position sur le Sahara marocain

La visite de Séjourné a ouvert une nouvelle ère diplomatique entre la France et le Maroc. Sans altérer le fond de sa politique, Paris laisse entrevoir une évolution significative dans sa position sur le Sahara.

Les mots prononcés par Séjourné résonnent comme un appel au changement. « La France le sait, a-t-il affirmé, la question du Sahara est existentielle pour le Maroc. » Cette reconnaissance publique de la profonde sensibilité qui lie le royaume à ses provinces du Sud.

« Nous l’avons dit, et je le redis aujourd’hui avec plus de force : il est désormais temps d’avancer. J’y veillerai personnellement », a ajouté le ministre français. Cette déclaration marque un pas vers la résolution d’un conflit qui a perduré trop longtemps.

La France, en reconnaissant l’importance vitale du Sahara pour le Maroc, ouvre une fenêtre d’espoir. Reste à savoir si cette volonté d’avancer se traduira par des actions concrètes. Aujourd’hui, les regards se tournent vers les prochaines étapes de cette saga diplomatique.

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