Le Royaume-Uni en passe d’installer sa zone économique au Sahara

Par Yassine Chraibi

Le Sahara marocain suscite, à l’international, les convoitises des grandes puissances européennes, c’est dans cette dynamique que le Royaume-Uni se positionne en tant que partenaire économique privilégié du Maroc et acteur de premier plan afin de développer une synergie commune qui profitera aux deux royaumes tant sur les plans diplomatique qu’économique.

Dans sa dynamique de coopération économique avec le Maroc, le Royaume-Uni cible plusieurs secteurs notamment les énergies renouvelables, les produits chimiques et les matériaux critiques. Ces 20 dernières années, le Maroc a mis en avant une ouverture économique et a développé des secteurs industriels à forte valeur ajoutée tels que l’aéronautique et l’automobile. De même, le Royaume a créé Tanger-Med, un port ultra moderne, considéré comme le plus grand d’Afrique et de la Méditerranée.

Pour ce renouveau économique, le Maroc est présenté comme un Hub logistique continental mais aussi une destination idéale pour les investissements dans les secteurs de l’électro-voltaïque, l’hydrogène et l’automobile. Pour les entreprises britanniques qui vont s’implanter au Sahara marocain, elles bénéficieront de gains immédiats, comme l’accès aux chaînes d’approvisionnement existantes à forte valeur ajoutée, aux secteurs de la construction, de l’aérospatial et de l’automobile, ainsi que bénéficier aux zones économiques dédiées aux investisseurs britanniques.

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Les secteurs stratégiques ciblés sont la mobilité électrique, les énergies renouvelables, les produits chimiques et pharmaceutiques et les matériaux critiques qui sont les matières premières où réside un risque de difficulté d’approvisionnement pour les branches industrielles.

Potentiel économique que représente le Sahara marocain

Il existe une nouvelle molécule miracle qui est l’hydrogène et le Maroc veut saisir cette opportunité dans les industries dites vertes en se positionnant comme acteur majeur de « l’hydrogène vert », qui est une électricité d’origine solaire, éolienne ou hydroélectrique. Le Maroc veut aussi se positionner dans l’industrie, avec la technologie Power-to-X, qui est une technologie innovante qui consiste en la conversion d’électricité ou de son stockage utilisant l’énergie électrique excédentaire, généralement pendant les périodes où la production d’énergie renouvelable intermittente dépasse la demande.

Dans ce sens, le Maroc a récemment lancé une méga-usine pour la production de batteries pour voitures électriques, plaçant ainsi le Royaume comme leader dans la région MENA. En effet, celui-ci ambitionne de produire dans les énergies renouvelables l’équivalent de 10 gigawatts d’ici 2030, permettant de produire jusqu’à 1 million de tonnes d’hydrogène vert par an.

Ainsi les provinces du sud du Royaume représentent l’une des régions les plus développées du Maroc. D’ailleurs, « Libérer un potentiel inexploité » est le titre du rapport établi par l’Institut Britannique pour le libre-échange (IFT). Ce rapport a été rédigé par un expert en commerce international, Shanker Singham, soulignant l’importance d’investir au Maroc pour les entreprises britanniques. De fait, le Royaume est considéré comme la porte d’entrée de l’Afrique par les pays occidentaux, surtout qu’il possède plusieurs avantages concurrentiels tels que sa plateforme logistique et aussi des secteurs d’amélioration comme l’automobile, l’hydrogène et l’électro-voltaïque.

Le rapport initié par l’institut IFT comporte plusieurs axes d’avantages compétitifs pour les entreprises britanniques qui souhaiteraient s’implanter au Maroc notamment le profit des zones économiques spéciales pour les entreprises britanniques, la création d’un club d’affaires Maroc-Royaume Uni, l’assouplissement des règles du visa pour les voyageurs d’affaires, la suppression des restrictions sur les exportations des produits alimentaires marocains qui ne sont pas produits en Grande-Bretagne, et enfin permettre aux exportateurs britanniques de profiter pleinement du financement des exportations britanniques sachant que le Sahara marocain est partie intégrante du territoire douanier du Maroc.

La Haute Cour britannique contre le Polisario

En 2023, la Haute Cour britannique a statué pour le rejet irrévocable de la requête du Polisario contre l’accord d’association Maroc-Royaume Uni. En effet, cette décision en défaveur d’une association pro-Polisario, soulève de profondes implications en consolidant les relations commerciales post-Brexit du Royaume-Uni avec le Maroc, notamment en ce qui concerne le Sahara marocain. Et soutient implicitement les revendications territoriales du Maroc au Sahara, en reconnaissant les préférences tarifaires de l’accord à appliquer aux produits en provenance du Sahara, la Haute Cour britannique a reconnu que cette zone fait partie du territoire douanier du Maroc.

Ainsi le Royaume promeut de façon active les investissements au Sahara. L’institut IFT rappelle que « les termes actuels de l’accord Maroc-Royaume Uni prévoient la suppression des droits de douane sur les produits agricoles et les produits agricoles transformés, le poisson et les produits de la pêche originaires du Maroc, à l’exception d’une liste limitée de produits tels que les tomates… dont l’exonération douanière reste conditionnée au respect des contingents et/ ou de calendriers ». L’Institut pour le libre-échange recommande de supprimer ces quotas car cela profitera aux consommateurs britanniques qui pourront bénéficier de prix bas dans un contexte de crise économique et de hausse du coût de la vie.

De même, l’Institut (IFT) propose de créer un écosystème de fabrication automobile au Maroc, ayant déjà la capacité de produire 700.000 véhicules par an, et qui projette de produire 1 million de véhicules par an à partir de 2025. Et ayant aussi comme projet de construction d’une méga-usine de production de batteries pour véhicules électriques, qui placerait le Royaume en leader de la mobilité verte dans la région MENA.

Au vu du potentiel économique qui pourrait profiter conjointement aux deux royaumes, l’Institut de libre-échange (IFT) recommande de supprimer les restrictions en matière d’assurance pour les entreprises britanniques. Que le Royaume-Uni n’ait aucune exigence de paiement anticipé pour les importations, et aussi que tout paiement soit soumis uniquement aux conditions contractuelles et à l’accord des commerçants. Ainsi que la suppression de la TVA sur certains produits alimentaires auxquels elle est liée. De nombreuses pierres d’achoppement entravent le commerce bilatéral, ces dernières peuvent être levés avec un accord de libre-échange.

En somme, le sud de Maroc possède un fort potentiel de compétitivité pour devenir un Hub d’investissement attrayant pour les investisseurs à l’échelle mondiale. Selon l’Institut de libre-échange (IFT) « Ce plan, qui comprend plus de 700 projets d’une valeur de 8 milliards de dollars, représente environ 10% du PIB du Maroc. L’objectif est de porter le PIB des régions du sud de 988 millions de dollars actuellement à 2,2 milliards de dollars d’ici 2025. Ce budget important vise à une expansion massive de l’infrastructure et à une modernisation du développement »

On peut en conclure que la relation géostratégique occupe une place prédominante dans les relations bilatérales Maroc-Royaume Uni où la géographie joue un rôle important.

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