Le Sahara marocain serait-il « l’Ukraine » des généraux algériens ? La communauté internationale prise à témoin

Tribune

Amine Ryad

Le monde dans son ensemble, pas seulement l’Occident, doit tirer des leçons de la guerre Russie-Ukraine. Et, surtout pour nous autres africains dans ce contexte de tensions régionales et d’insécurités économiques aggravées. Les crises énergétiques et alimentaires, pour ne citer que les plus impactantes socialement,  guettent les populations africaines à chaque instant. Faut-il pour cela y rajouter les effets dévastateurs d’un conflit militaire au Nord du continent ?

Le Président Poutine en quête de pouvoir ad vitam aeternam  a trouvé dans sa guerre contre l’Ukraine tous les ingrédients. Il a consolidé son autorité interne légitimant au passage une répression massive et un pouvoir sans partage. Et, à l’extérieur, il infuse une idéologie de guerre psychologique contre l’occident pour tromper les opinions publiques du tiers monde.  S’ériger en champion mondial de la lutte idéologique contre l’occident, qualifié par les dirigeants russes, « d’oppresseur et de dégénéré » est d’un populisme très payant politiquement.

Il ne faut pas s’engouffrer dans ce piège idéologique car elle arrange les dictateurs et non les démocrates. Le parallèle avec le voisin algérien qui demeure aligné sur la Russie depuis l’époque soviétique est de toute évidence un scénario plausible.  Celui de  faire du Sahara marocain  « l’Ukraine » de l’Algérie en envoyant un beau matin à l’aube de ce côté ci de la frontière les chars de l’armée. Ce sera le fruit d’une logique de guerre que les généraux tentent d’imposer au Maroc depuis l’arrivée au pouvoir des nouveaux faucons avec un Président Tebboune, choisi par l’armée,  installé à la tête du pays.

Une option qui trotte sans doute dans la tête des généraux algériens. Ils pourront ainsi redonner une nouvelle légitimité  au régime moribond et occulter aux yeux du peuple algérien la faillite d’une gestion socio-économique calamiteuse. Un scénario  qui arrangerait bien ces nouveaux faucons.  Ils viennent de fêter le soixantième anniversaire de l’indépendance de ce pays martyrisé par 60 ans de mise en coupe réglée du pays par l’armée. Et comment le fêter ? En affichant pathétiquement et en  grandes pompes dans les rue d’Alger un défilé militaire aux allures soviétiques d’antan. La presse et médias officiels quant à eux se sont épanchés  en discours anti coloniaux en ciblant la France et par ricochet le Maroc voisin. L’occasion était trop belle pour un régime à défaut de projet politique constructif.

Plusieurs intellectuels algériens éclairés se sont insurgés dans la presse internationale contre cette mascarade. Les réseaux sociaux se sont également élevés par des voix populaires contre tout ce gâchis qui ne sert que les intérêts d’enrichissement de la nomenclature militaire et ses serviteurs.  Plusieurs vidéos d’algériens ont circulé sur le net pour dénoncer  le gaspillage des immenses ressources du pays pour l’achat d’armes et d’équipements auprès de pays étrangers qui se frottent la main de cette manne financière. Où est l’indépendance ? De quoi retourner dans leurs tombes le million et demi de martyrs de la lutte indépendantiste.

Le peuple  aurait souhaité que leur pays puisse  présenter, 60 ans après son indépendance, le visage d’un pays prospère et autonome économiquement ainsi qu’une société apaisée au plan politique et social. Rien de cela, il faudrait attendre peut-être le 120eme anniversaire et l’arrivée d’une autre génération de dirigeants.

En attendant, ces bruits de bottes que font résonner les généraux algériens doivent inquiéter la communauté internationale. Un nouveau front guerrier au Maghreb serait une nouvelle catastrophe planétaire. L’Afrique et le reste du monde ne s’en relèveront pas.

Une logique de guerre qui se manifeste sur plusieurs fronts par des actes d’hostilité de plus en plus explicites. D’abord, une rupture des relations diplomatiques unilatérale décidée par le régime algérien, des provocations vouées à l’échec aux frontières par Polisario interposé, des fake d’actes de guerre soi disant marocains contre des ressortissants algériens mis en scène dans les médias.

À cela, s’ajoutent le refus de participer aux  tables rondes de la négociation proposées par l’envoyé spécial des Nations Unies doublé d’un entêtement farouche de confier le traitement de la question du Sahara marocain à l’Union Africaine pour contourner l’ONU. Une option que les chefs d’Etat africains dans leur majorité refusent pour éviter à l’organisation continentale un sujet supplémentaire de clivage et dont l’UA n’a aucun moyen de résoudre tant elle a d’autres chats à fouetter.

Une diplomatie d’hostilité manifeste qui se radicalise avec comme exemple le refus  d’autoriser des rencontres d’échanges  entre universitaires, l’interdiction d’entrée  de journalistes marocains pour couvrir les jeux méditerranéens, etc. La symphonie de la défiance va croissante. Serait ce pour préparer l’opinion publique algérienne à une action militaire unilatérale contre le Maroc ? Un scénario en tout cas à prendre au sérieux vu l’impasse du régime à proposer d’autres perspectives plus heureuses au peuple frère algérien 60 ans après sa glorieuse lutte pour l’indépendance et la dignité. La communauté internationale est prise à témoin.

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