L’éducation aux médias, un levier essentiel pour faire face aux fausses informations
L’éducation aux médias constitue un levier essentiel pour faire face aux fausses informations, a souligné, mercredi à Rabat, le ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement et la Société civile, porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi.
« L’éducation aux médias est un sujet extrêmement périlleux, étant donné qu’il est lié à la formation des jeunes et de la société en général en matière de médias, afin de garantir leur droit d’accéder aux informations et de critiquer ce qui circule dans le paysage médiatique et leur permettre de différencier les fausses informations des vraies« , a indiqué M. El Khalfi, à l’ouverture du Forum « Jeunes, médias et citoyenneté active », initié par l’Organisation des Nations-Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), dans le cadre de la 6ème édition de la Semaine de l’Éducation aux médias et à l’information (EMI).
Il a, de même, relevé que face à la diffusion croissante des fausses nouvelles, la société perd toute sa confiance en les médias, ajoutant que les lecteurs perdent également l’esprit critique et la capacité d’analyser les informations dont ils ont besoin pour prendre des décisions relatives à des questions sociétales.
Afin de faire face à cette problématique, M. El Khalfi a appelé à la nécessité d’intégrer des programmes solides autour de l’éducation aux médias pour armer les jeunes et la société de moyens à même de filtrer les informations traitées par les médias.
Pour sa part, le secrétaire général du ministère de la Culture et de la Communication, Mohamed Ghazali a noté que dans un monde où l’accès à l’internet est facile et où la jeunesse peut se connecter très facilement et recueillir toute une série d’informations à travers les médias sociaux et échanger et partager des connaissances, l’éducation aux médias s’avère primordiale.
Il a, dans ce sens, relevé l’impératif de différencier entre les informations sérieuses et intéressantes et celles considérées comme peu intéressantes, voire dangereuses, appelant à la nécessité d’interagir de manière très efficace lors de la réception de l’information et d’avoir une vision critique à l’égard de certains sujets.
De son côté, le premier secrétaire et chef de mission adjoint à l’Ambassade de Suède au Maroc, Jonatan Henrikson, a souligné l’importance d’une presse libre et de qualité qui va aider à comprendre ce qui se passe dans un monde « complexe et qui évolue rapidement ».
« C’est un atout pour toute société d’avoir des médias indépendants qui questionnent et interrogent les pouvoirs politique, économique, culturel, religieux, diplomatique ou autre, et qui expriment des points de vue critiques ou alternatifs. Cela requiert évidemment des journalistes qui choisissent leurs sujets, qui font leurs propres enquêtes, qui ne se contentent pas de transmettre les communiqués de presse officiels et qui ont le courage de remettre en question les vérités établies et de poser les questions difficiles », a-t-il insisté.
M. Henrikson a, en outre, mis en avant la nécessité de défendre et promouvoir la libre circulation des idées et de maintenir le modèle multipartite actuel pour la gouvernance de l’internet, où chaque partie prenante, y compris la société civile, a son mot à dire, ajoutant que la capacité de chacun à évaluer de manière critique ce qui est diffusé dans la presse ou dans les médias sociaux est indispensable dans la société de l’information.
Le représentant de l’UNESCO au Maghreb, Salah Khaled a, quant à lui, affirmé que les compétences liées à l’EMI sont nécessaires pour l’autonomisation des jeunes en vue de leur participation sociale et politique, mais aussi pour la protection des enfants et pour éviter toute manipulation, ainsi que la prévention de l’extrémisme violent.
Il a, également, indiqué que les médias et les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) sont, non seulement, des supports pour informer et transmettre des connaissances sur le fonctionnement des institutions et des politiques de jeunesse, mais aussi des vecteurs de droit d’accès à l’information publique, ainsi que des objets d’étude, voire des enjeux de la citoyenneté active et des outils d’apprentissage.
Organisé dans le cadre du programme NET-MED Jeunesse au Maroc, financé par l’UE et s’inscrivant dans la 6ème édition de la Semaine de l’Éducation aux médias et à l’information (EMI), initiée du 20 au 26 novembre, sous le thème « L’éducation aux médias et à l’information en temps critiques: Réinventer les méthodes d’apprentissage et les environnements de l’information », ce forum s’assigne pour objectifs de sensibiliser aux missions de l’éducation aux médias et à l’information et à son rôle essentiel et stratégique dans les pratiques éducatives et les programmes de formation pour redynamiser les espaces d’éducation et d’exercice de la citoyenneté.
Il se veut également une occasion de prendre connaissance des actions développées en matière d’EMI par la société civile et d’aborder les défis et les opportunités en matière d’innovation de contenus, ainsi que de former et informer sur l’environnement médiatique pour adopter une pratique vis-à-vis des médias et de l’information, entre autres.
La 6-ème Semaine de l’EMI, qui constitue, quant à elle, une occasion de lancer, de maintenir et de renforcer l’engagement national et régional autour de cette question, est marquée par le lancement de RADIO MIL, une Radio FM multilingue dotée d’une licence temporaire qui émettra par voie hertzienne sur la fréquence 99.0, dans la région du Grand Rabat, du 20 au 26 courant.
Animée par huit jeunes journalistes marocains et six journalistes issus de la région MENA, la RADIO MIL diffusera, tout au long de la semaine, des contenus radiophoniques (portraits, reportages, interviews, bulletins d’information, débats, etc) qui seront, par la suite, partagés en ligne par les réseaux de radios locales et associatives. Un studio professionnel a ainsi été mis en place afin de diffuser, de créer du contenu, d’enregistrer et de former les jeunes journalistes aux côtés techniques des métiers de la radio.
Lancé par le Conseil national de droits de l’Homme (CNDH), en partenariat avec l’UNESCO et le Forum des Alternatives Maroc (FMAS), ce projet a pour objectif de mettre en avant les compétences des radios associatives dans la couverture d’événements de grande envergure et mettre l’accent sur la participation des jeunes professionnels et le renforcement de leurs capacités journalistiques sur les thématiques liées à l’éducation aux médias et à l’information.