Incivilités, mode de vie actuel ?
Dossier du mois
Les incivilités au Maroc : entre perception et solutions
Rachid Boutti,Professeur de l’Enseignement supérieur, Professeur visiteur à l’Université McGill, Chaire UNESCO du Développement durable versus Afrique
«L’incivilité est une formule large désignant toutes les atteintes à l’ordre public ordinaire et non seulement celles portant atteinte aux pouvoirs. Ce sont des menaces pesant sur les rituels sociaux à l’aide desquels chacun évalue l’innocuité de son rapport à autrui ». (Sébastien Roché)
L’emploi du terme incivilité revient, probablement, au sociologue américain Ervin Goffman. Plus récemment, ce sont les criminologues et policiers américains qui se sont focalisés sur les incivilités en insistant, particulièrement, sur leur caractère prégnant agressif.
Or, force est de reconnaître que les incivilités sont un révélateur du lien social. Le citoyen marocain combattra d’autant mieux les incivilités qu’il se sentira partenaire proactif de son environnement, de son quartier, de son école, de sa collectivité locale, de ses élus et représentants au Parlement et à la deuxième Chambre, etc. En revanche, il est fondamental de souligner, de prime abord, que toutes les approches non inclusives et tous les discours moralisateurs n’ont pratiquement pas d’effets.
Pourquoi craindre les incivilités aujourd’hui plus qu’hier ?
Parce qu’elles sont une perte colossale en termes de création de richesses durables pour l’économie marocaine.
Comment lutter donc, efficacement, contre les incivilités prégnantes ? Cela repose sur trois grands axes : Confiance – Responsabilité – Reporting.
Par ailleurs, entre la méfiance du Marocain de tout et de rien, il est du ressort urgent de l’Etat régulateur d’implémenter une relation partenariale de confiance, de déployer une responsabilisation à tous les niveaux et d’établir des reportings des résultats standards et harmonisés sans aucune politique de saupoudrage ni stratégie marketing de Windows Dressing …
C’est là où, à mon humble avis, réside le point focal de tout facteur clé de réussite.
Ceci dit, il n’est pas opportun de mettre en exergue quelque résolution pertinente de la «Due Dillenge» de la Banque Mondiale.
Or, si le commun des mortels remarque qu’au delà du portail de sa maison une grande partie de notre population ne se sent ni propriétaire ni responsable des biens publics, la société ne peut qu’aller très mal. D’ailleurs, le dernier rapport de la Banque Mondiale met en exergue, avec justesse, que le Marocain a perdu confiance en tout même en allant à la mosquée pour prier, il a peur pour ses chaussures.