Les Maliens à l’heure d’un dialogue national inclusif
Le Mali s’apprête à lancer, au cours de ce mois de septembre, un dialogue national inclusif (DNI), un grand moment d’évaluation et de propositions conçu comme une stratégie de sortie de la crise multidimensionnelle qui secoue le pays depuis 2012.
Annoncé le 16 avril dernier par le chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Keïta, le DNI qui répond à une forte demande de la classe politique et de la société civile est ressenti comme une nécessité par les autres forces vives de la nation.
Le 02 mai dernier, un accord politique de gouvernance a été conclu entre le gouvernement et des partis politiques et regroupements de partis politiques auxquels se sont jointes des associations.
À la suite de cet accord, un gouvernement de mission a été constitué. L’Accord stipule dans l’article 5 de son chapitre III que les parties signataires « dans l’intérêt de la stabilité nationale, conviennent de la tenue d’un dialogue politique inclusif sous la haute autorité du Président de la République ».
Dans cette perspective le Chef de l’Etat s’est adressé, aux partis politiques, mouvements et groupements politiques, société civile, autorités religieuses et coutumières, centrales syndicales et syndicats autonomes leur demandant de faire des propositions quant au format et au contenu du DNI.
Le 25 juin 2019, il a confié à trois personnalités la mission de conduire le DNI avec le soutien d’un Comité d’organisation.
Il s’agit d’un triumvirat présidé par Baba Akhib Haidara, Médiateur de la République, et composé de Ousmane Issoufi Maiga, ancien Premier ministre et Aminata Dramane Traore, ancienne ministre.
« L’initiative de décrispation vient du fait que le pays est assailli par des querelles politiques et syndicales qui se sont ajoutées à la forte recrudescence de l’insécurité. Il faut qu’on aille vers une décrispation, il faut que les Maliens se parlent pour qu’on puisse arrêter la dégringolade », avait insisté lors d’un point de presse M. Haidara.
« La réalité du DNI va au-delà de la politique, elle s’étendra à tous les pans de la société, à toutes les forces vives de la nation », avait-t-il souligné .
Selon un avant-projet de termes de référence, l’objectif global du DNI est d’établir un diagnostic rigoureux des problèmes auxquels le Mali est confronté et de leurs causes en vue de proposer des solutions avec un chronogramme et un plan d’actions de mise en œuvre.
Il est question aussi de de débattre des voies et moyens à même de créer autour des reformes, institutions, politiques ainsi que des questions sécuritaires les conditions d’un sursaut national garant de la paix et la sécurité.
Le DNI vise aussi à analyser les forces et faiblesses des politiques économiques, éducatives, sociales, sanitaires et environnementales et proposer des solutions de sortie de la crise politique et sociale.
Il se veut, en outre, une occasion pour débattre des politiques sectorielles concernant les groupes les plus vulnérables (femmes, enfants, populations des zones rurales, urbaines et péri-urbaines pauvres, les handicapés, les migrants déplacés et réfugiés de retour) et de leur renforcement à travers une meilleure gouvernance.
Il est attendu du DNI que les forces vives de la Nation débattent des différentes dimensions de la crise et des voies et moyens d’en sortir. Aussi les grandes questions engageant l’avenir du pays, notamment en matière de sécurité, paix, défense, de gouvernance, de rénovation de l’État, seront exposées, débattues, comprises, partagées et inscrites dans une perspective de mise en œuvre à court, moyen et long terme.
Les insuffisances de la gouvernance ainsi que les responsabilités de tous les acteurs de la vie de la Nation seront identifiées, discutées et des solutions appropriées seront dégagées pour assurer un avenir dans la stabilité, la solidarité et la cohésion.
Les pistes pour asseoir et consolider la paix, la sécurité et le vivre ensemble dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, seront aussi identifiées et feront l’objet de consensus.
Le DNI examinera plusieurs thématiques portant notamment sur « Paix et sécurité », « politique et social », et » gouvernance , économie, finance et souveraineté ».