Les provinces du Sud ou le coup d’éclat d’une émergence performante
Par Souad MEKKAOUI
N’en déplaise à ceux qui attendaient impatiemment que le nouveau locataire de la Maison blanche renverse la vapeur et jette à l’eau la décision des États-Unis de reconnaître la souveraineté du Maroc sur son Sahara. « La reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara est une décision d’État et non d’une personne » dira le nouveau président des États-Unis et c’est encore le coup d’épaule qui nous parvient des US. Ainsi donc la nouvelle dynamique des relations diplomatiques entre le Maroc et les États-Unis d’Amérique ne risque pas de changer. Mieux encore, Biden affirme que le Royaume est un partenaire stratégique dans l’Afrique du Nord. Cela dit, le texte de la proclamation émise par l’ancien président américain, Donald Trump, reconnaissant la souveraineté pleine et entière du Maroc sur son Sahara a été distribué aux 193 États membres des Nations-Unies, en tant que document officiel du Conseil de sécurité, dans les six langues officielles de l’ONU. De ce fait, il est clair que les États-Unis accordent un intérêt particulier au renforcement des relations avec le Royaume et la reconnaissance américaine de la pleine souveraineté du Maroc sur son Sahara est une «percée énorme». Et c’est dans ce sillage que le Secrétaire d’État adjoint américain aux Affaires du Proche-Orient, David Schenker, est bien arrivé, le 9 janvier 2021, à Laâyoune, première escale de son périple au Sahara marocain, avant de procéder à l’inauguration officielle, en grande pompe, à Dakhla, avec le Ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, du nouveau Consulat général des États-Unis. Faut-il, dans ce sens, souligner que ce consulat général, en plus de soutenir les investissements, constitue pour les US une ouverture stratégique sur l’Afrique, en faveur des Accords de Libre-échange ?
Par ailleurs, les succès diplomatiques et militaires dans le dossier du Sahara doivent, bien entendu, s’accompagner de succès économiques, eu égard aux richesses importantes, aux grandes opportunités d’investissement ainsi qu’au potentiel de développement important qu’offrent les provinces du Sud.
Une vision royale et un territoire de performance
Grâce à la clairvoyance du Sa Majesté le Roi, les provinces du Sud du Maroc, dont la marocanité est reconnue par le monde entier, se sont érigées en « exemple de développement humain, culturel, économique pour l’Afrique » et plus encore depuis le 6 novembre 2015, avec le lancement, par le Roi, du nouveau modèle de développement économique des provinces du Sud. De facto, grâce à des projets structurants qui s’inscrivent dans la stratégie Sud-Sud et qui sont en phase de réalisation pour être bouclés en intégralité d’ici 2022, elles ont changé de visage et deviennent « moteur de développement local, régional et continental ». Force est de rappeler que L’accession au trône du Roi Mohammed VI a marqué un tournant magistral dans l’essor économique des provinces du Sud qu’il a voulu ériger en une force motrice du développement sur les plans régional et continental. C’est devenu l’une des priorités nationales sachant que l’essor économique en est un impératif. Pour cela, plusieurs objectifs ont été fixés pour l’année 2021 et plusieurs priorités sont tracées pour la 6e année de l’application du programme de développement des provinces du Sud, notamment le renforcement des infrastructures et des moyens de transport, l’encouragement à l’investissement privé et l’appui aux opérateurs économiques. En effet, c’est sous le règne de Mohammed VI qu’ont été déployés les investissements les plus importants. En attestent les 85 milliards de dirhams alloués, depuis 2015 à près de 700 projets, répartis sur les trois Régions. Cela étant, les efforts de développement déployés dans les provinces du Sud incarnent l’ambition du Maroc, sous la direction du Roi Mohammed VI, à intégrer ces régions dans le processus de développement que connaît le Royaume. Ces projets traduisent la forte volonté du Royaume de consacrer l’initiative marocaine d’autonomie ainsi que la coopération avec les pays du continent africain. De grands chantiers sont lancés notamment le port Atlantique-Dakhla, en plus d’autres chantiers qui seront lancés, durant l’année 2021, dont notamment les parcs éoliens ainsi que la station de dessalement des eaux pour l’irrigation et le projet de voie express Tiznit-Laâyoune-Dakhla.
« Notre engagement à consolider la marocanité du Sahara au niveau international n’a d’égale que notre action soutenue pour que nos provinces sahariennes deviennent un moteur du développement régional et continental », avait déclaré Mohammed VI lors de son discours de la Marche Verte. L’objectif est de faire des deux villes du Sud, Laâyoune et Dakhla, des pôles économiques tournés vers l’Afrique. Et on ne peut pas ne pas rappeler les paroles de Sa Majesté le Roi qui constituent, à chaque fois, la feuille de route : « De fait, d’ores et déjà Tanger-Med est reconnu comme le premier port en Afrique, le port Dakhla Atlantique contribuera à consacrer cette tendance. » La nouvelle vision donc du Roi s’appuie sur la promotion de l’économie bleue et le développement de ces provinces passera par les mers. A coup sûr, après les ports de Tanger Med et de Casablanca, celui de Dakhla Atlantique jouera un rôle majeur dans la nouvelle stratégie. Sa Majesté le Roi l’avait bien dit : « Partant de cette vision, la façade atlantique Sud du Royaume, située face au Sahara marocain, constituera une interface maritime d’intégration économique et un foyer de rayonnement continental et international. »
Provinces du Sud, locomotive de développement régional et continental
Aujourd’hui, les provinces du Sud, empruntant la voie du progrès économique et social, représentent un « moteur de développement local, régional et continental ». Et c’est le couronnement d’un processus qui a commencé depuis plus de quarante-cinq ans. Infrastructures routières, maritimes et sanitaires, pôles industriels, développement agricole et éco-touristique, promotion de la recherche, de la formation et, d’une manière globale, du savoir, projets de développement humain, tout est prévu. C’est dire que l’économie de cette région, en pleine mutation, ambitionne de concurrencer les performances des régions du Nord, elle qui abonde en ressources et en potentialités, sur terre comme en mer. Un atout qui fait d’elle, par excellence, une zone convoitée.
Disposant d’une situation géographique privilégiée, de ressources naturelles exceptionnelles, d’un potentiel maritime parmi les plus grands, riche et varié, de sites touristiques, en plus de l’identification de secteurs porteurs tels que la pêche, les phosphates, l’agriculture ou encore le tourisme, elles sont dotées de relais de croissance à long terme, ce qui constitue un socle solide pour un développement socio-économique pérenne. Ainsi, sa richesse repose sur une diversité de potentialités économiques dans les secteurs de la pêche, des énergies renouvelables, de l’exploitation minière, du tourisme et de l’agriculture surtout l’élevage. D’où le fait que la feuille de route du renforcement du développement de la zone Sud s’appuie ainsi, selon le Roi Mohammed VI, sur le port Dakhla-Atlantique, qui contribuera au développement des échanges économiques et constituera une plateforme solide et compétitive pour les investisseurs. Par conséquent, dans le cadre de la mise en œuvre de projets stratégiques au niveau provincial, le port Dakhla Atlantique, plaque tournante des échanges avec l’Afrique et les nombreux projets agricoles et touristiques, donnera un nouvel élan au développement de ces provinces et contribuera à consacrer cette tendance, à l’instar de celui de Tanger-Med, dans la mesure où il fera de la façade atlantique Sud du Royaume une interface maritime d’intégration économique et un foyer de rayonnement continental et international. Par ailleurs, en misant sur l’énergie solaire, ces provinces ont su impulser une dynamique de croissance durable via une mobilisation conjointe de l’État et des établissements publics dans la région.
Une diplomatie qui fait écho à la vision Royale stratégique
Dans son discours prononcé à l’occasion du 45e anniversaire de la Marche verte, Sa Majesté le Roi Mohammed VI donnait déjà les contours de ce que seraient les provinces du Sud : « la Marche Verte ne représente pas seulement un événement national majeur et une étape saillante dans le processus de parachèvement de notre intégrité territoriale. Elle incarne également une dynamique dont l’esprit se perpétue et se renouvelle à travers l’action menée pour consolider la Marocanité du Sahara sur la scène internationale et pour ériger le Sahara en force motrice du développement régional et continental. » Et c’était une nouvelle étape pour les provinces du Sud vers un développement économique durable, social et éducatif. De ce fait, c’est l’illustration fidèle de l’engagement à faire des provinces du Sud un pôle économique servant de trait d’union industriel et commercial à l’échelle nationale et régionale.
La voie économique empruntée par le Maroc au niveau de ces provinces ainsi que la décision de plusieurs pays d’ouvrir des consulats généraux à Laâyoune et à Dakhla représentent une victoire retentissante et consacrent la reconnaissance internationale de la souveraineté du Maroc sur son Sahara. Ces initiatives sont très importantes au vu de leurs significations politiques, juridiques et diplomatiques.
Dans cette perspective, la ruée des opérateurs polonais vers les provinces du Sud est l’événement phare de ces deux derniers mois, sur le plan de la diplomatie marocaine. C’est dire que l’appel du ministre des Affaires étrangères, n’est pas tombé dans les oreilles de sourds. Pour rappel, vendredi 5 janvier, Nasser Bourita a invité l’Europe à se joindre à la dynamique internationale traduite par le large soutien à l’initiative du Maroc d’autonomie du Sahara, sous la souveraineté du Royaume et à suivre l’exemple des Américains et des pays africains. « Il faut que les pays d’Europe quittent leur zone de confort », a-t-il dit. Et d’ajouter « La position américaine doit interpeller l’Europe sur son degré d’engagement, pour que cette direction prise par la communauté internationale, qui est celle d’une solution dans le cadre de l’autonomie sous souveraineté marocaine soit également celle de l’Europe dans son unanimité. »
Et comme la diplomatie est une chaîne dont les maillons doivent être tous forts pour garantir le succès et la réussite de l’ensemble, la réponse à Nasser Bourita ne se fait pas attendre et lui arrive à travers notre ambassadeur accrédité en Pologne, en moins de temps qu’il n’en fallait pour le dire. Elle se traduit par un coup de maître et la décision de grands groupes et opérateurs polonais qui veulent s’implanter dans les provinces du Sud. Le choix du Maroc par ces investisseurs n’est pas fortuit puisque, d’un côté, comme avait déclaré le président du groupe parlementaire polono-marocain, le Royaume est devenu un « pont entre l’Europe et l’Afrique » et que « les changements positifs, le développement économique, les réformes sociales et la bonne gouvernance font qu’aujourd’hui, le pays est traité comme le leader de la région à laquelle il appartient, mais aussi comme partenaire clé au niveau international. » D’un autre côté, le Maroc et la Pologne constituent deux véritables modèles en matière de tolérance, de brassage culturel et de stabilité.
De facto, cette dynamique marque le coup et va dans le sens d’un soutien accru à la marocanité du Sahara – une réalité qui n’est ni négociable ni discutable- de la part de la communauté internationale et les amis du Maroc. Cela rejoint, bien entendu, tous les acquis de la cause nationale, de ces dernières années, qui sont, d’abord, à caractère diplomatique (retour du Maroc à l’UA, confirmation de la pertinence de la position marocaine au niveau du Conseil de sécurité, en plus du retrait de la reconnaissance de la pseudo « rasd » par plusieurs pays et de l’inauguration d’un ensemble de représentations diplomatiques dans les provinces du Sud). Mais la Pologne, elle, apporte des acquis d’ordre économique à travers les investissements qu’elle compte faire prospérer.
«Le moment est venu pour consolider les efforts de développement des provinces du Sud et de mettre en valeur les nombreuses potentialités que recèle leur domaine maritime », avait déclaré le Roi Mohammed VI.
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La Pologne : un exemple à suivre
Il est évident que le Sahara marocain, qui constituera le front atlantique du Sud du pays, marquera de son influence et jouera indubitablement un rôle important dans l’intégration économique et le rayonnement continental et international du Maroc. A rappeler que les provinces du Sud, qui en une quarantaine d’années sont devenues un territoire de performance, bénéficient d’un système d’exonération fiscale, une décision héritée du règne de Sa Majesté le Roi Hassan II pour dynamiser les investissements dans la région. Sans oublier que plusieurs produits tels que les hydrocarbures et les assurances automobiles sont subventionnés par l’État afin de permettre aux opérateurs de minimiser leur coût.
D’autant plus qu’outre l’exonération fiscale, l’implantation dans ces deux régions offre plusieurs avantages aux entreprises et aux investisseurs. Citons notamment une assiette foncière, relevant en intégralité de la propriété privée de l’État, qui est mise à la disposition des opérateurs économiques à des prix symboliques, surtout si l’investissement est créateur d’emplois et de richesses. En plus, d’autres mesures d’encouragement et d’accompagnement existent pour les entreprises. Autre point fort, le développement socio-économique rapide de la région qui laisse entrevoir de nombreux débouchés.
Aussi est-il si bon d’investir dans ces provinces qui sont en train de s’ériger en un véritable pôle socio-économique de dimension internationale, constituant ainsi un tremplin entre l’Europe et l’Afrique. Aujourd’hui, plus que jamais, nous sommes convaincus des incroyables opportunités que peuvent offrir les provinces du Sud aux investisseurs, qu’ils soient marocains ou internationaux.
Aujourd’hui que ce grand coup d’envoi est donné, à la bonne heure, donnons un coup de chapeau à notre diplomatie en espérant que cet élan se poursuivra et que d’autres investisseurs des quatre coins du monde emboîteront le pas aux Polonais.