Liban: la Banque centrale cherche à rassurer sur la stabilité monétaire
Le gouverneur de la Banque centrale libanaise, Riad Salamé, a annoncé lundi une série de mesures visant à apaiser les craintes d’une crise bancaire, qui se sont aggravées depuis le début d’une contestation inédite contre le pouvoir le mois dernier.
Le Liban connait depuis le 17 octobre un mouvement de protestation sans précédent contre la classe dirigeante, accusée de corruption et d’incompétence. Durant les deux premières semaines, les banques sont restées fermées, renforçant depuis leur réouverture le 1er novembre les restrictions sur les retraits et les conversions vers le dollar.
Ces nouvelles conditions ont attisé les craintes d’une crise financière, sur fond de raréfaction du billet vert, auquel la monnaie locale est ancrée depuis 1997 au taux de change fixe de 1.507,5 livres libanaises pour un dollar.
Lundi, le gouverneur de la Banque du Liban (BDL) a assuré que les dépôts des clients n’étaient pas menacés et que la Banque centrale disposait des outils nécessaires pour garantir la stabilité monétaire.
« Dans ces circonstances exceptionnelles, notre principal objectif est de préserver la stabilité de la livre libanaise (…) et de protéger les dépôts » bancaires, a-t-il assuré.
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« Il n’y aura aucune coupe dans les dépôts (…) ni de contrôle de capitaux », a ajouté M. Salamé, selon qui trois milliards de dollars ont été thésaurisés par les Libanais à leur domicile depuis septembre.
Face aux restrictions bancaires, dans un pays où le dollar est utilisé au même titre que la livre, les Libanais se sont tournés vers le marché noir, où le taux de change a bondi jusqu’à 1.800 livres/dollar, exacerbant les craintes d’une dévaluation.
Le gouverneur de la BDL a appelé les banques à « réviser » leurs régulations, en fournissant les montants réclamés par les clients.
Si nécessaire, celles-ci pourront « emprunter en dollars auprès de la Banque centrale à un taux d’intérêt de 20% » afin d’assurer les liquidités requises, a-t-il annoncé.
M. Salamé a également indiqué que les clients pourraient désormais rembourser en livres libanaises leur dette concoctée en dollars, une transaction proscrite depuis des semaines.
Les emprunteurs étaient contraints de convertir leurs livres auprès des bureaux de change au prix fort, et assumer les pertes liées à l’écart du taux de change.
Le gouverneur de la BDL a indiqué avoir également demandé aux banques de maintenir intacts les plafonds des cartes de crédit détenues sur le marché.
A la tête de la Banque centrale depuis 1993, Riad Salamé est conspué par certains manifestants qui lui imputent des politiques monétaires « suspectes » et l’accusent de complicité avec la classe dirigeante.
Avec AFP