France : Le Sénat en faveur de l’interdiction du port du voile durant les sorties scolaires
Le Sénat a voté ce mardi, en faveur de la proposition de loi visant à interdire le port de signes religieux dont le voile, aux accompagnants durant les sorties scolaires.
La proposition avait été déposée le 9 juillet 2019 par Jacqueline Eustache-Brinio, sénatrice des Républicains du Val d’Oise. Cette proposition a donné lieu à un débat houleux qui a duré près de cinq heures. La loi a finalement été votée avec 163 voix pour, 114 contre et 40 abstentions.
Cet événement survient dans un contexte particulièrement tendu pour les personnes de confession musulmane en France, qui ont été victimes de plusieurs polémiques. En effet, le 11 octobre 2019, une vidéo avait provoqué un tollé. On y voyait l’élu du Rassemblement National, Julien Odoul prendre a parti une jeune femme voilée qui accompagnait des enfants, lors d’un Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté. Celui-ci avait manifesté son hostilité contre le port de signe ostentatoire au sein de l’hémicycle régional. Ce mardi 29 octobre, c’est un sénateur de Moselle, Jean Louis Masson qui fait une analogie entre les femmes voilées et des « Sorcières d’Halloween » et qui, à son tour, choque la toile.
Qu’est-ce qui attend les femmes voilées en France ?
Le débat du port de signes religieux, dont le voile, dure depuis plusieurs années en France. En 2016, c’était Manuel Valls qui avait suscité de vives réactions en exprimant son souhait de voir une proposition d’interdiction du port du voile, sur les bancs des facultés.
La loi votée, ce mardi, part du principe que les agents publics sont soumis à la neutralité dans l’exercice de leurs fonctions. A ce titre, les accompagnateurs seraient considérés comme des agents publics et devraient être soumis au même principe.
Néanmoins, bien que la loi ait été votée par le Sénat, elle nécessite encore le passage par l’Assemblée nationale, qui, pour sa part, est constituée d’une majorité LREM, opposée à légiférer sur cette loi qu’elle voit comme très délicate.
Certains Représentants n’ont pas hésité à exprimer leur position vis-à-vis de cette loi comme la sénatrice des Bouches-du-Rhône, Samia Ghali, selon qui il s’agit d’une proposition « dangereuse, haineuse » et « stigmatisante », ou encore la sénatrice de gauche du Val d’Oise, Laurence Rossignol selon qui « Tant qu’un jeune avec un prénom musulman aura cinq fois moins de chances de trouver un travail qu’un jeune avec un prénom d’origine catholique, ce ne sera pas possible de le convaincre que la République est faite pour lui ».
Il s’agit d’une situation sensible qui intervient au lendemain de la fusillade de la mosquée de Bayonne par un ancien candidat du Rassemblement National et qui risque de raviver davantage les tensions.