L’islamologue suisse Tariq Ramadan, détenu pour viols, de nouveau confronté à une accusatrice
L’islamologue suisse Tariq Ramadan, incarcéré depuis sept mois en France pour des accusations de viols qu’il conteste, doit être à nouveau confronté mardi à une de ses accusatrices, un rendez-vous après lequel il espère obtenir sa remise en liberté.
Figure populaire et controversée de l’islam francophone, Tariq Ramadan est inculpé en France depuis le 2 février, accusé d’avoir violé Henda Ayari, une ancienne salafiste devenue militante laïque et une deuxième femme, surnommée « Christelle« .
Le théologien de 56 ans, atteint d’une sclérose en plaques, est détenu depuis cette date à l’hôpital pénitentiaire de Fresnes, au sud de Paris. Ses demandes de mise en liberté ont jusqu’ici été rejetées, son traitement étant jugé administrable en prison.
Prévue initialement mi-juillet, sa confrontation avec « Christelle » avait dû être reportée en raison de l’état de santé de la plaignante. Ce qu’a confirmé une expertise médicale, réclamée par la défense.
»Ma cliente reste déterminée, d’autant plus après avoir été salie et accusée à tort d’avoir repoussé de manière infondée la confrontation de juillet« , a déclaré à l’AFP l’avocat de la plaignante, Me Eric Morain.
Lors de la première confrontation, « Christelle » avait décrit aux enquêteurs la cicatrice que Tariq Ramadan porte à l’aine. Pour la défense, cet élément a pu être obtenu par une éventuelle »collusion » avec d’anciennes maîtresses de l’intellectuel.
En garde à vue, le théologien avait seulement admis un « jeu de séduction » dans les correspondances avec cette admiratrice. Il avait déclaré l’avoir vue 20-30 minutes dans le hall de l’hôtel le 10 octobre 2009, alors qu’elle affirme y avoir été violée la veille avec une rare violence puis abandonnée, en état de choc, dans la chambre de Ramadan.
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La défense assure aussi, photos et témoignages – contestés – à l’appui, que « Christelle » était présente à la conférence que le prédicateur avait donné le soir même des faits dénoncés.
Tariq Ramadan, qui clame son innocence, a reconnu pour la première fois en juin plusieurs relations extraconjugales « consenties » et des « rapports fougueux, de domination« , avec une troisième plaignante apparue en mars. Elle dénonce neuf viols en France, à Londres et à Bruxelles, de 2013 à 2014. Le théologien n’a pas encore été interrogé ni mis en examen dans ce volet, où il est placé sous le statut de témoin assisté.
Le 19 juillet, Tariq Ramadan a aussi pu être confronté pour la première fois à Henda Ayari, dont la plainte, déposée à l’automne dans le sillage du mouvement #MeToo, avait lancé l’affaire. Mais les déclarations de cette dernière ont été affaiblies par ses revirements sur la date et le lieu des faits qu’elle dénonce.
Une enquête pour viol a par ailleurs été ouverte en Suisse, à la suite de la plainte d’une femme accusant Tariq Ramadan de l’avoir violée dans un hôtel de Genève en 2008, a déclaré le porte-parole du ministère public, cité dimanche par le quotidien La Tribune de Genève. L’accusatrice a déposé sa plainte en avril.
»Les procureurs et la police de Genève ont travaillé rapidement et bien« , s’est félicité Romain Jordan, l’avocat de l’accusatrice, dans un mail envoyé à l’AFP.
»On s’interroge sérieusement sur le calendrier de cette procédure » en Suisse, a déclaré à l’AFP l’avocat de Tariq Ramadan en France, Me Emmanuel Marsigny. Son client « sait parfaitement qui a déposé cette plainte et connaît ses liens avec les autres plaignantes« , a-t-il ajouté. La défense de Ramadan entend déposer dès mardi, après la confrontation, une troisième demande de mise en liberté.
AFP.