Macron vise les États-Unis à la recherche d’une industrie technologique plus juste
Le président Emmanuel Macron a critiqué jeudi le modèle économique américain, estimant que le secteur privé avait trop d’influence sur la politique américaine et que l’Europe devrait offrir un moyen terme entre le contrôle de l’État chinois et le laisser-faire américain.
S’exprimant lors de l’ouverture d’un sommet technologique à Paris, Macron a déclaré qu’il était favorable à un durcissement des règles de fusion et acquisition en Europe et qu’il souhaitait s’assurer que les sociétés de logiciels européennes ne seraient pas reprises par des sociétés américaines.
Le président français, ancien banquier d’affaires, a été constamment critiqué par ses opposants pour avoir été trop proche des grandes entreprises et avoir imposé des réformes fiscales favorables aux riches. Jeudi, à moins de deux semaines des élections européennes au cours desquelles il était soumis à la pression de l’extrême droite, il a défendu son appel en faveur d’une « Europe qui protège » en protégeant ses entreprises des entreprises géantes étrangères.
« Les États-Unis sont un continent formidable, mais ils ont un modèle entièrement dirigé par de grands acteurs du secteur privé et qui n’est plus soumis à des freins et contrepoids démocratiques », a déclaré Macron à l’issue d’une session de questions-réponses lors d’un sommet sur la technologie à Paris.
Macron en particulier veut que l’Europe soit le porte-drapeau mondial d’une réglementation plus sévère de la technologie numérique, trouvant un chemin entre ce qu’il appelle des États-Unis excessivement laxistes et une Chine trop restrictive.
Il exhorte les entreprises technologiques à faire plus pour le « bien commun » de la société, en dirigeant les efforts européens visant à forcer Google, Amazon, Facebook Inc et Apple Inc (GAFA) à payer plus d’impôts à la source des revenus.
«En Europe, nous construisons un modèle compétitif, innovant (…), démocratique et fondé sur le bien commun», a déclaré Macron. Les investisseurs de la Silicon Valley ont toutefois averti l’ancien banquier d’investissement Macron qu’il risquait de perdre le travail qu’il avait accompli pour rendre la France plus attrayante s’il cherchait une taxe numérique trop agressive et que des divisions existaient également entre les alliés de l’UE. Macron a parlé un jour après que le gouvernement Trump ait frappé le géant chinois des télécommunications Huawei de sanctions sévères pour des raisons de sécurité nationale, ajoutant un élément incendiaire au conflit commercial américano-chinois.
Avec Reuters.