Mendicité au Maroc : Le CESE appelle à changer le ton

Les entrées de mosquées, le long des trottoirs, les feux rouges, nul endroit ne semble échapper à ces hôtes qui seraient non désirés, non pour leur présence, mais pour l’image qu’ils reflèteraient. Femmes et hommes, vieillards et enfants, tous s’acharnent dans la quête de leur gagne-pain et chacun à sa façon de faire… La mendicité au Maroc est un fléau qui tend à se propager de plus en plus. Ce constat lourd a poussé le Conseil Economique, Social et Environnemental, à faire part de ses recommandations à la suite d’une recherche approfondie qu’il a menée à cet égard.

Le Conseil a tenu lors de la rencontre qu’il a organisée ce mercredi 20 mars dans le but de présenter les conclusions de l’avis du CESE à focaliser son attention sur le phénomène de la pratique de la mendicité.

Ainsi, l’amélioration des programmes de prise en charge sociale des catégories vulnérables fut la première recommandation exprimée par Ahmed Reda Chami, président du Conseil Economique et Social, qui souligne aussi qu’il faudrait durcir les sanctions contre l’exploitation des femmes, des enfants, des personnes âgées ou handicapées à des fins de mendicité, avant de rajouter que ce phénomène qui touche en premier lieu les catégories vulnérables, n’a pas sa place dans le cadre de l’ambition sociale de l’Etat, que le royaume cherche à asseoir progressivement sur des bases stratégiques et durables.

Lors de sa présentation, Abdelmaksoud Rachdi, membre du conseil, de son côté a souligné la nécessité d’envisager aujourd’hui une approche qui soustrairait la mendicité du champ d’application du code pénal tout en maintenant les sanctions liées aux actes criminels commis sous couvert de la mendicité.

Lire aussi : Prévenir la mendicité : les principales recommandations du CESE

Le rapport intitulé  » pour une société cohésive exempte de mendicité « , exposé dans ce sens, stipule que « le bilan judiciaire concernant les affaires liées à la mendicité atteste de la difficulté de limiter ce phénomène à travers l’approche répressive ».

Ainsi, bien qu’à travers ce bilan, on relève une augmentation du nombre d’affaires liées à l’exploitation des enfants dans la mendicité, qui est passé de 64 en 2017, à  127 en 2022 soit pratiquement le double en cinq ans, le nombre de poursuites judiciaires, pour sa part, reste faible par rapport aux personnes interpellées par les services de la police. « Ces dernières n’étant engagées que si la pratique de la mendicité est accompagnée de l’usage de la violence, port d’armes blanches ou d’autres actes délictuels ou criminels graves » mentionne cette même source.

Durant cet échange Ahmed Réda Chami et Abdelmaksoud Rachdi respectivement président et membre du CESE ont aussi tenu à informer qu’il existe un certain nombre de facteurs à risque  auxquels s’ajoutent d’autres facteurs circonstanciels, qui poussent ces personnes souvent en situation de précarité à s’avancer dans ce monde. Le déclin des valeurs de solidarité familiale, l’abandon de la famille, les faibles niveaux d’éducation et de formation, les retombées économiques liées au « Covid 19 », sont à pointer du doigt. Ainsi, Trois millions de Marocains sont désormais pauvres.

En présence de sociologues, d’experts et de spécialistes, le conseil a donc proposé une série de mesures qu’il a répartie en quatre axes intégrés qu’il juge impératifs pour remédier à l’accroissement et à la prégnance du phénomène de mendicité observée dans les rues et espaces publics au Maroc.

Toutefois ces recommandations seraient pertinentes, l’absence de chiffres et d’études à cet égard entraverait le cours de la bonne restauration de cette feuille de route.

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