Meriem Othmani décrypte la réforme du Code de la famille et ses implications sociétales

Propos recueillis par Mouhamet Ndiongue 

Dans cette interview, Meriem Othmani, présidente-fondatrice de l’association Insaf (Institut national de solidarité avec les femmes en détresse) et actrice clé dans la promotion des droits des femmes au Maroc, donne un aperçu approfondi des avancées et des limites de la réforme du Code de la famille de 2004.

Mme Othmani offre un aperçu éclairant des avancées réalisées grâce à la réforme du Code de la famille au Maroc, tout en soulignant les limites qui nécessitent une révision continue. Elle souligne l’importance de promouvoir l’égalité dans tous les domaines de la société marocaine et appelle à des mesures concrètes pour atteindre cet objectif. La voix de Meriem Othmani souligne l’urgence de continuer à travailler pour les droits des femmes et l’égalité au Maroc.

l Maroc diplomatique : Quelles sont les principales avancées apportées par la réforme du Code de la famille de 2004 ?

Meriem Othmani : Le Code de la Famille de 2004 a marqué un tournant significatif en matière de protection des droits et du statut des individus au sein de la cellule familiale. Cette réforme a apporté plusieurs changements notables, visant à garantir l’égalité, l’autonomie et la sécurité des membres de la famille.

Tout d’abord, il y a l’âge légal du mariage porté à 18 ans pour tous qui est l’une des principales modifications apportées par le Code de la Famille. Cette mesure vise à protéger les mineurs en leur permettant de poursuivre leur éducation et leur développement avant de s’engager dans une union matrimoniale.

Dans le même temps, le Code de la Famille a rendu la pratique de la polygamie plus difficile en introduisant l’exigence de l’autorisation de la première épouse. Cette loi qui est une avancée majeure a permis à la femme d’avoir le droit de refuser la polygamie et de demander la dissolution du mariage si son consentement n’est pas obtenu. Cette disposition accorde une plus grande protection aux femmes et favorise l’équilibre des relations conjugales.

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Le Code de la Famille a aussi a aboli la tutelle matrimoniale, exigeant dorénavant que les deux époux donnent leur accord pour la conclusion du mariage. Cette mesure reconnaît l’autonomie et la liberté de choix des individus dans leur engagement matrimonial, renforçant ainsi l’égalité dans la prise de décision au sein du couple.

l Est-ce que ces points cités ont suffi pour plus de droit aux femmes

– Non, la réforme est allée plus loin notamment dans le cadre de la protection des droits de l’enfant, où le Code de la Famille a établi que la responsabilité de la vie familiale est conjointe pour les deux époux. Cependant, il faut noter que le père conserve un certain privilège pour les actes importants concernant l’enfant. Cette disposition vise à garantir une meilleure participation des deux parents à l’éducation et au bien-être de l’enfant, qui souvent est l’acteur oublié en cas de problèmes conjugaux et les conséquences sur ces derniers sont souvent catastrophiques.

Sur ce point, le Code de la Famille a renforcé les droits des femmes concernant la garde des enfants. C’est-à-dire une mère qui obtient la garde de ses enfants peut désormais rester dans le domicile conjugal, assurant ainsi une stabilité et une continuité pour les enfants dans leur environnement familial. De plus, à partir de l’âge de 15 ans, l’enfant a le droit de choisir le parent avec qui il souhaite vivre, donnant ainsi une voix aux enfants dans les décisions qui les concernent.

l Y‘a-t-il une sous-représentation des femmes dans les instances professionnelles, comme on l’affirme ? Et qu’en est-il des écarts salariaux ?

– Les femmes sont encore largement sous-représentées dans les instances professionnelles de haut niveau. Malgré leurs compétences et leur qualification, elles se heurtent à des barrières invisibles qui limitent leur progression et leur accès aux postes de direction. Et là je pense que la nouvelle réforme en cours va promouvoir l’égalité des chances et de créer un environnement inclusif où les femmes peuvent exceller et être représentées à tous les niveaux décisionnels.

Sur les écarts salariaux, c’est une injustice flagrante. Malgré des décennies de lutte pour l’égalité salariale, les femmes continuent de gagner moins que les hommes, même pour un travail identique. Cette disparité salariale est une injustice flagrante qui doit être corrigée. Les compétences et la contribution d’une personne ne devraient pas être évaluées en fonction de son genre, mais plutôt en se basant sur des critères objectifs. Il est temps de s›engager pleinement pour l’égalité salariale et de mettre fin à cette discrimination économique.

Aujourd’hui, il est plus que nécessaire de mettre fin aux injustices de genre et aux atteintes à l’égalité qui persistent dans notre société. Il est temps de remettre en question les normes patriarcales et de créer un monde où chaque individu, indépendamment de son genre, a les mêmes droits et opportunités. En se mobilisant pour l’égalité, nous faisons un pas significatif vers une société plus juste et inclusive pour tous.

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