Midelt : la mémoire des hauteurs et des hommes
Par Mohamed Mouhib
Au coeur du Maroc, dressée entre le Moyen et le Haut-Atlas, au pied de la montagne majestueuse Jbel El Ayachi, Midelt est une belle petite ville, qui a connu son apogée de la cité multiculturelle historique. Outre, la beauté et le charme de la région, sa nature montagnarde et ses habitants d’un naturel chaleureux et accueillant, font d’elle un site touristique d’une beauté extraordinaire à l’état pur. C’est toute la beauté et la magie du Moyen Atlas que l’on retrouve dans ses localités, accueillantes et charmeuses.
Outat autrefois, Midelt aujourd’hui
L’Outat (l’actuelle Midelt) offrait, au XIXè siècle, une image différente de celle des autres agglomérations amazighes du Haut et Moyen Atlas.
Ethniquement, la population était composite : Les Aït Izdeg étaient les plus dominants. Ils formaient un groupe tribal détaché de la tribu mère restée, elle, au sud de Jbel El Ayachi.
Les Aït Ouafella constituaient le deuxième groupe important de la vallée d’Outat. Ces deux grands groupes humains comportaient, en plus, en leur sein, plusieurs catégories d’éléments allogènes : les Igrwanes, les Aït Hdidou, les Aït Sgherouchens, les Chorfas, les Filalas et les Juifs berbères. Les Aït Merghad ne sont arrivés dans la région qu’au début du XXe siècle, avec l’entrée française. Les juifs d’Outat étaient des campagnards et menaient la même vie rudimentaire que les prolétaires Aït Izdeg et Aït Ouafella.
Créée pour servir les intérêts des Français
Créée en 1917, par le protectorat pour en faire un centre administratif de la région, trois colonnes militaires françaises investissaient la zone de Midelt actuelle et créaient une garnison militaire à Tachiouine. La découverte minière, dès 1907, dans la région d’Outat Aït Izdeg, devait permettre la réhabilitation de cette partie de la haute Moulouya orientale négligée au profit du «Maroc Utile», celui des plaines agricoles plus riches. En 1926, la société des mines d’Ahouli fut fondée par la compagnie de l’Afrique du Nord.
En 1928, la société des mines d’Ahouli avait construit à Ksar Flilou, en aval des sources intarissables de Tatiouine, l’une des premières centrales électriques du Maroc. Elle alimentait aussi bien, la petite ville naissante que les deux mines. Ainsi, Midelt a été l’une des premières villes à être électrifiée. Seulement deux années après, elle pouvait se targuer d’être l’une des premières villes marocaines à avoir une voie ferrée la reliant à Guercif, sur une longueur de 130 Kilomètres.
A cette période, les mines employaient plus de 1500 ouvriers encadrés exclusivement par des Français. Les sociétés exploitantes réalisaient des bénéfices très élevés.
Une ville, des perspectives
Midelt, de la fin des années 40- début 50 s’enorgueillissait, à juste raison, d’avoir toute l’infrastructure nécessaire à l’épanouissement d’une ville. Électrifiée depuis 1928, la ville était en cette période, assainie, raccordée à l’eau potable, les routes étaient asphaltées, propres et bordées d’arbres: ormes champêtres et mûris. Les bâtiments publics représentant tous les ministères de l’État étaient construits dans un style européen. La ville avait sa banque, ses cafés-restaurants, sa salle de cinéma, sa librairie, ses écoles, son hôpital construit en 1952, son dancing et ses hôtels.
Tout ceci était fait dans un style français, la ville dans son ordonnancement frappait l’admiration des visiteurs.
Le « Guide Bleu » de 1949 avait fait écho de l’aspect coquet et élégant de Midelt en annonçant : «…population de 4356 habitants, dont 667 européens et 832 juifs. En se promenant dans les anciens quartiers, on retrouve de nombreuses maisons individuelles construites dans le plus pure style français de l’époque, avec leurs toits en tuiles rouges. Dans une ancienne casbah des environs, ouvroir des soeurs franciscaines de Marie pour la fabrication des tapis. »
En cette période, on se plaisait à appeler Midelt « le Petit Paris ». La population de la nouvelle petite ville était composite, multi-ethnique et multi-confessionnelle.
Une mine, un destin
Et comme à toute chose, il y a une fin, en 1975, la société PENAROYA , abandonnait son activité minière dans la région de Midelt. Le BRPM, avait repris alors l’exploitation d’Ahouli-Mibladen en 1979. Quatre ans après et à cause de l’effondrement du coût du plomb, la mine avait arrêté complètement son activité. Ce qui n’a pas été sans répercussions économiques néfastes sur toute la région. En conséquence, la majorité des anciens mineurs se mettent au chômage.
En 2009, Midelt devient province, chef lieu de la Haute Moulouya Orientale, ce qui met fin au tiraillement administratif entre Meknès, Errachidia et Khénifra.
De fait, la population est optimiste : pour elle, le présent est gros d’avenir.
Aujourd’hui, les Mideltis souhaitent que leur charmante ville retrouve la splendeur et l’aisance qu’elle avait connues au moment des vaches grasses (période de l’exploitation minière).
Noor Midelt, projet d’envergure
Par ailleurs, nous pouvons dire que Midelt aujourd’hui, est sur de bons rails. En effet, elle connaît une métamorphose sans précédent. Des chantiers dans tous les domaines sont ouverts un peu partout dans la province, dans différents domaines : infrastructure, électrification, assainissement, création de barrage, plantation de pommiers et d’oliviers.
C’est dire qu’actuellement, la ville s’inscrit dans des projets de grande envergure. De l’ambitieux objectif du Plan Maroc vert, lancé en 2009, Noor Midelt représente le plus grand complexe solaire du plan Noor. Il s’agit d’un projet qui sera déployé sous le schéma IPP (production indépendante d’électricité) à Midelt. Le projet Noor Midelt sera la plus grande centrale solaire au Maroc. A terme, le complexe solaire sera doté d’une capacité de 800MW. Noor Midelt fait partie du Plan Solaire Marocain qui prévoit le développement d’une capacité de 2000 MW d’énergie solaire à l’horizon 2020, soit 14% du mix de production électrique.