Nadia Larguet, « l’enfant de la télé » en constante ébullition [Vidéo]
-Par Amal TAZI
Animatrice, productrice, écrivaine, ou tout simplement femme de coeur, Nadia Larguet ne cesse de multiplier les casquettes et elle les porte bien. Depuis ses débuts réussis à Entr’Act, l’émission jeunesse phare de 2M qui la révèle en 1997, celle qui a très vite séduit les téléspectateurs avec sa fraîcheur et son style d’animation décontracté et moderne, poursuit son bout de chemin, doucement mais sûrement. Avec toujours la même énergie et détermination, elle explore bien de domaines… mais sans trop s’éloigner du monde qui l’a toujours fascinée: la télévision.
« Je suis une enfant de la télé », aime bien dire une Nadia Larguet joviale, dans un entretien à la MAP. Elle ne cherche ni à dissimuler sa satisfaction ni sa fierté de ce qu’elle a pu faire jusqu’ici. Elle s’estime « très chanceuse » d’avoir pu réaliser « son rêve de petite fille ».
Dans cette évolution « linéaire » qu’elle a bien voulue à sa carrière, elle garde évidemment « un très bon souvenir » des années « Entr’Act » et « Bande à Part », programmes télévisés qu’elle avait animés entre 1997 et 2005.
Elle a les yeux qui pétillent quand elle évoque aujourd’hui cette période et le jour où elle débarque à l’antenne avec en poche une licence en histoire de l’art- option cinéma et audiovisuel, obtenue à l’Université Paris VIII.
« J’ai débarqué avec une fraîcheur et un nouveau style d’animation: le cadre dans lequel j’interviewais les invités était complètement décontracté, en contraste avec ce qui se faisait avant », explique cette native de Rabat.
L’ancienne animatrice tient à rendre hommage à cet égard à son réalisateur Charaf Eddine Anbary, aujourd’hui décédé. « On était un duo magnifique puisqu’on avait réussi à imposer aux téléspectateurs ce style là. On était vraiment en avance », dit-elle.
Leur plateau a vu défiler des invités prestigieux comme Laurent Gerra et Franck Dubosc, tous impressionnés par l’originalité de leur concept et leur méthode de travail conviviale qui n’a rien à envier à ceux des télévisions européennes, notamment françaises.
L’animatrice était également soucieuse d’accueillir et de mettre en avant les jeunes talents marocains qui émergeaient alors sur la scène créative et artistique. Et elle est contente de voir le beau parcours accompli depuis par des artistes comme H-Kayen, Khansa, Hoba Hoba…
Le passage à la production en 2005 s’est opéré naturellement pour Nadia Larguet qui préfère parler d’une « continuité » de carrière plutôt que de « virage », d’autant plus qu’elle produit des émissions pour la télé.
Nadia Larguet s’est également tournée, il y a 4-5 ans, vers la réalisation de projets personnels qui lui tenaient à cœur. Elle a d’abord publié son livre Entr’Act, du nom de son ancienne émission. Préfacé par le célèbre humoriste franco-marocain Gad El Maleh, l’ouvrage retrace les années télés de l’animatrice et ses rencontres avec différentes personnalités, en mettant en avant une série photos prises pour immortaliser ces belles occasions.
Parce qu’il était hors de question pour elle de gagner de l’argent avec un livre de photos souvenirs où elle pose avec des personnalités, Nadia Larguet a fait en sorte que tout ce qu’a été généré par le livre (210.000 DH) soit reversé à trois actions sociales qu’elle supervisait elle-même: une opération cartables pour assurer la fourniture scolaire à une classe à l’occasion de la rentrée scolaire, une action en faveur des « enfants de la lune » en les dotant d’équipements spéciaux pour pouvoir sortir le jour et la mise en place dans une école d’une classe culturelle menue d’une bibliothèque et d’un coin de théâtre.
L’année dernière, Nadia Larguet signe le scénario de Black Screen, un court métrage en noir et blanc sur le cinéma marocain. Sur ce projet, elle a pu compter sur la collaboration notamment de son mari qui n’est autre que le grand homme du cinéma Nour-Eddine Saïl, ancien directeur du Centre cinématographique marocain (CCM).
C’était la seule fois où il y a eu une telle collaboration entre le couple. « On est vraiment indépendants tout en étant complémentaires, chacun dans son domaine: lui le cinéma, moi la télé », assure Nadia Larguet qui a su relever le défi d’affirmer sa personnalité sans que son succès ne soit éclipsé par la notoriété de son époux.
« Le fait que Nour-Eddine Saïl soit un grand monsieur du cinéma ne m’a pas porté préjudice ni inversement », soutient-elle, rappelant que lorsqu’elle a rencontré son mari en 2000 elle était déjà connue.
Quand elle parle de lui, Nadia Larguet évoque un mari « absolument magnifique », « extraordinaire », voire « un extraterrestre » qui a le respect pour la femme. Mais elle reste convaincue que « c’est aussi aux femmes de se faire respecter et de prendre leur destin en main ».
Si elle a un message à adresser aux femmes à la veille de la célébration de leur journée internationale le 8 mars, c’est celui d’ »oser s’imposer et occuper l’espace public ».
Nadia Larguet fêtera cette journée avec une exposition de photographies « 100 portraits de femmes » qui se tiendra du 8 au 18 mars à la Galerie Bab Rouah à Rabat. C’est sa manière de rendre hommage aux femmes ayant participé à l’évolution du Royaume.
Parité oblige, Nadia Larguet a fait appel à deux photographes hommes, Khalil Nemmaoui et Luca Coassin, et à deux photographes femmes, Deborah Benzaquen et Zoulikha Bouabdellah, pour capturer le regard de cent femmes actives, connues ou moins connues (chefs d’entreprise, militantes associatives, chauffeurs de taxi, ouvrières…).
Quant à ses projets, cette maman épanouie d’un enfant de 7 ans prévoit de faire un beau-livre pour les enfants et un jeu culturel.
Enfin Nadia Larguet n’écarte pas un retour à l’animation si l’opportunité se présente pour travailler sur « un vrai jeu de culture générale » à la télévision. A bon entendeur! PS.