Neila Tazi, femme de conviction et de combat

Par Hassan Alaoui

Neila Tazi vient d’être élue Présidente de la Commission des Affaires étrangères, de la défense nationale et des Marocains résidents à l’étranger, au sein de la Chambre des Conseillers.

Cette information nous parvient quelques jours seulement après son élection dans la même Chambre en qualité de Conseillère, représentant le groupe de la CGEM ( Confédération générale des entreprises du Maroc). D’emblée, il convient de souligner le double succès méritoire d’une femme qui, pour avoir été confrontée à une série d’épreuves, a relevé le gant et s’est imposée dans une compétition jusque-là quasiment monopolisée par les hommes, et pour une partie les mêmes. Dans la législature précédente, Neila Tazi avait même assuré la fonction de Vice-présidente de la Chambre des Conseillers par la volonté de Miriem Bensalah connue pour son engagement pour la place des femmes dans les instances de gouvernance. Neila Tazi a été jusqu’à ce jour la seule femme à présider des séances plénières du sénat marocain. Le cœur accroché, elle avait ouvert la brèche d’une institution verrouillée, d’autant plus hermétique qu’elle en fut parmi les premières à fondre l’armure.

Son accession depuis quelques jours à la tête de la Commission des Affaires étrangères de la Chambre des Conseillers, redonnera à coup sûr un lustre inédit à cette institution où devrait dominer désormais le critère de la compétence, de la rigueur, du savoir faire, de la sagesse enfin dans un monde dominé par une âpre compétition. Le processus d’élection qui a prévalu à sa désignation, non seulement nous en dit long sur la nature des luttes ayant marqué le scrutin et les choix des membres, mais il illustre également la volonté de changement inscrite sur le fronton de la vie démocratique marocaine. Neila Tazi a été élue au parlement à la force du poignet , et a obtenu la présidence de cette commission avec le soutien particulier de l’Istiqlal nous dit on, du Président de la CGEM et du nouveau Président du groupe parlementaire qui s’est battu pour obtenir ce poste qui n’était pas destiné à la CGEM.

Neila Tazi a donc été choisie pour diriger la « diplomatie de la 2ème Chambre » du Parlement marocain, aux côtés du Président de l’institution et de son bureau. Après tout, ne convient-il pas de rappeler que cette posture lui convient d’autant plus qu’elle a baigné dans l’ambiance et la culture de la diplomatie depuis son enfance et son adolescence, ayant eu un père, feu Abderrahmane Tazi, qui n’était autre qu’un haut fonctionnaire international de la Banque Mondiale, installé douze années durant à Washington. A l’ombre de ce père qui alliait un solide patriotisme pour son pays, et une loyauté à toute épreuve à son institution financière, Neila Tazi a ouvert les yeux sur un monde où la culture du partage, intellectuel en l’occurrence, du brassage et des valeurs universalistes ne font qu’une même pièce. Les Etats-Unis, Washington exactement, où elle est née et a grandi un moment y fut pour beaucoup dans sa formation personnelle. Et d’abord une maîtrise de la langue de la côte ouest qui, de nos jours encore et surtout, constitue à coup sûr un de ses atouts, pour ne pas dire ses leviers.

Plusieurs missions à la Banque Mondiale ou lors de manifestations diverses organisées dans le pays de l’Oncle Sam, l’ont vue représenter le Maroc aux divers titres, notamment en tant que Vice-Présidente de la Chambre des Conseillers ou Vice-Présidente de la CGEM. A chaque expérience, elle étoffe son carnet d’adresses qu’elle met au service du pays, défend bec et ongles son modèle et ses institutions, en apporte enfin une moisson d’informations et d’expériences comparatives. Parce qu’il faut bien le dire aujourd’hui que les braises se sont refroidies, Neila Tazi a construit son parcours elle-même, et après une série ininterrompue de luttes farouches sur divers fronts, elle en impose par son humilité et son calme.

Trente ans – plus qu’un quart de siècle – de labeur et d’expérience riche et porteuse témoignent d’un parcours au long cours qui l’a conduite de la communication, où elle est passée « maître » et pionnière exemplaire à la politique, dans tout ce qu’elle incarne comme engagement et responsabilité. En 1992, elle fonde l’agence A3 Communication, spécialisée dans la communication institutionnelle, les relations presse et les relations publiques , à une époque marquée encore par le réveil balbutiant du besoin de transmettre à la fois des institutions et des entreprises. Le champ était quasi vierge, et la naissance d’une deuxième chaîne de télévision, 2M, et d’un certain nombre de titres de presse indépendants renforçait ainsi la conviction chez les opérateurs de s’inscrire dans la nouvelle dynamique.
Avec 30 ans d’expérience professionnelle Neila Tazi fait partie du cercle restreint des experts en communication et relations publiques au Maroc. Son groupe compte à son actif l’organisation et la médiatisation d’événements de haut niveau sur le plan institutionnel , ainsi que des clients de référence, entreprises et acteurs institutionnels.

En 1998, mesurant les enjeux de la culture et prenant conscience des richesses du Maroc en termes de musiques, elle crée le Festival Gnaoua et Musiques du Monde à Essaouira qui la distingue et qui est destiné à rendre hommage à un patrimoine profond du Royaume. Un événement annuel qui rassemble alors des milliers et plus tard des centaines de milliers de personnes, parmi lesquelles beaucoup de jeunes qui viennent se retrouver pendant quelques jours, écouter le répertoire divers des Gnaoua, mais aussi d’autres musiciens et groupes de l’étranger. Essaouira, d’une petite cité recluse se transforme alors en un incroyable réceptacle cosmopolite où se conjuguent musique et culture, brassage et cohabitation. Dans la foulée, Neila Tazi créera en 2009 l’Association Yerma Gnaoua destinée à la préservation et la promotion de l’Art oral ancestral des Gnaoua.

Une démarche visionnaire, salutaire en tout cas, qui donnera ensuite la possibilité à cette association d’obtenir en décembre 2019 l’inscription de l’art des Gnaoua sur la liste du Patrimoine culturel et immatériel de l’Humanité de l’UNESCO, grâce à la mobilisation du ministère de la culture. Les retombées d’une telle démarche est d’autant plus immense que quelque mois plus tard la crise du covid plonge les Gnaoua et la scène artistique en général dans la précarité. Situation que Neila Tazi dénonce tout en se mobilisant pour sensibiliser et proposer des solutions. Car l’engagement de Neila Tazi pour la valorisation des richesses de son pays, s’exprime également au sein de la CGEM où elle préside la Fédération des Industries culturelles et créatives , CGEM dont elle a aussi été Vice-présidente de 2015 à 2018 .

Les chemins du succès se creusant tel un large et profond sillon, Neila Tazi , sans abandonner l’activité culturelle, loin de là, trouve sa vocation dans la politique, qu’elle exerce avec passion. Parlementaire au sens plein du terme, elle est aujourd’hui Présidente de la Commissions des Affaires Etrangères, de la défense nationale et des marocains résidents à l’étranger. Un tel couronnement est surtout un hommage qui lui est rendu, mais aussi à la femme marocaine qu’elle représente et incarne.
Présidente Fondatrice du Chapitre marocain du Réseau Parlementaire sur la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International ( FMI), là aussi, elle est de tous les combats qui rehaussent la présence et l’image du Royaume du Maroc. Rappelons que lors de son premier mandat de parlementaire elle était Vice Présidente du groupe d’Amitié France-Maroc, et Présidente du groupe d’amitié Maroc-Finlande pays dans lequel elle a effectué une visite et tissé des liens avec l’Ambassadeur au Maroc. Elle a également été désignée Ambassadeur au Maroc du Women Political Leaders Forum.

Elle est Membre du conseil d’administration de la Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM), elle est également Membre du Conseil d’Administration de l’UBAF (Union des Banques Arabes et Françaises à Paris), Elle est enfin membre du Club des Femmes Administrateurs et membre aussi de la Confrérie des Compagnons de Gutenberg.

S’il fallait résumer en quelques mots, avec justesse, le parcours de Neila Tazi, on serait tenté de le qualifier d’exaltant. Quant à elle de « force tranquille », une femme de conviction, bien entendu une combattante qui, chevillé au corps, porte son patriotisme comme un mât. Sa désignation à la tête de la Commission des Affaires étrangères et de la défense du Sénat marocain est un signe et plus qu’une raison d’espérer pour notre pays.

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