Nouveau gouvernement italien : Les populistes ne sont pas irremplaçables

On assiste à une montée du populisme dans le monde occidental depuis la fin du XXème siècle. Les tenants de cette idéologie ont une approche politique qui oppose le peuple aux élites politiques, économiques et médiatiques. De sensibilité de droite ou de gauche, le populisme se réfère au peuple qu’on estime non écouté par la démocratie représentative. Cette idéologie rejette la diversité politique et sociale, et s’oppose aux groupes minoritaires qu’ils soient religieux ou en provenance de la migration.

Parmi les dirigeants populistes, Victor Orbán de Hongrie a même parlé de « démocratie illibérale ». Certes les élections restent libres, mais le libéralisme n’est pas l’élément central de l’organisation de l’Etat, qui doit appliquer une approche spécifique et nationale, au mépris du pluralisme, de la séparation des pouvoirs, voire de l’égalité devant la loi. Il a pris des mesures concrètes dans ce sens, tels que le contrôle des médias, la modification des lois électorales en faveur de son parti, l’offensive contre les migrants et les ONG. Avec un discours souverainiste anti-élites et anti-islam, il se pose comme le défenseur de « l’identité chrétienne » européenne.

Le populisme ne touche pas uniquement la Hongrie en Europe, mais également la Pologne, l’Italie, la République Tchèque, la Slovaquie, l’Autriche et la Bulgarie. Aux Etats-Unis, il est représenté par Donald Trump qui se déclare comme un adversaire de «l’Establishment» et du politiquement correct. Il veut construire un mur de long de la frontière avec le Mexique, et réduire l’entrée des musulmans aux Etats-Unis. Il se présente comme protectionniste et climato-sceptique, et a retiré les Etats-Unis de l’Accord de Paris sur le climat, et de l’Accord sur le nucléaire iranien. Enfin il a lancé une guerre commerciale visant notamment la Chine.

On ne peut que s’inquiéter de la montée du populisme dans le monde. Il faut absolument lutter contre cette idéologie dangereuse pour la démocratie, les libertés et la paix.

Le Brésil est le onzième pays démocratique à choisir un Chef d’Etat populiste depuis le début du millénaire. C’est donc une tendance lourde et dangereuse pour la véritable démocratie, les libertés, la solidarité, le multilatéralisme, et le vivre ensemble. L’exacerbation du sentiment nationaliste peut entraîner une troisième conflagration mondiale. Les raisons de cette montée du populisme peuvent s’expliquer par l’affaiblissement du lien entre les élites et les classes populaires, et aussi par la mondialisation qui a entraîné l’appauvrissement de la classe moyenne et l’expansion des inégalités sociales.

Le cas de l’Italie est un exemple que la montée du populisme n’est pas une fatalité. Aux élections générales de 2018, la Ligue du Nord qui a adopté une ligne souverainiste, populiste et identitaire, obtient son meilleur score à 17,4%. Son Secrétaire Général Matteo Salvini entre au gouvernement de Giuseppe Conte, en tant que Vice-Président du Conseil des ministres et ministre de l’Intérieur. Il mène une politique implacable de lutte contre l’immigration, et de défiance vis-à-vis de l’Union européenne. En Août 2019, après des désaccords répétés avec ses partenaires gouvernementaux du Mouvement 5 étoiles, il provoque la fin de la coalition et réclame des élections législatives anticipées pour lesquelles la Ligue est donnée favorite. Grâce à la sagesse du Président italien Sergio Mattarella, et à l’entente entre le Parti démocrate et le Mouvement cinq étoiles, un nouveau gouvernement toujours présidé par Conte a été institué le 5 Septembre 2019 qui a évité les élections anticipées. Certes la tâche de ce nouveau gouvernement sera très difficile par rétablir la confiance avec la Commission européenne, établir le budget de 2020, et résister aux futurs assauts de Matteo Salvini qui n’a pas dit son dernier mot.

En conclusion, on ne peut que s’inquiéter de la montée du populisme dans le monde. Il faut absolument lutter contre cette idéologie dangereuse pour la démocratie, les libertés et la paix. Les partis non-populistes doivent s’entendre entre eux comme dans le cas de l’Italie pour faire barrage à l’extrémisme. Ils doivent également se rapprocher des couches populaires pour subvenir aux mieux à leurs besoins, et mener des politiques vigoureuses aptes à diminuer les inégalités sociales.

 Jawad Kerdoudi

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