Projets au Sahara marocain : Positionnement stratégique de la France et des États-Unis
Le Ministère français des Affaires étrangères incite vivement les entreprises hexagonales à investir dans la région du Sahara marocain, où d’importants investissements ont déjà été réalisés par le Maroc dans les domaines des énergies renouvelables, du tourisme et de l’économie bleue, entre autres.
Selon les statistiques publiées par l’AFD ‘Agence français de développement), la France jouit d’un avantage comparatif par rapport aux autres nations occidentales en termes de présence économique au Sahara. En effet, la Chambre de Commerce et d’Industrie Française au Maroc (CFCIM) est implantée dans les provinces du Sud : Laâyoune – Sakia El Hamra, Dakhla – Oued Eddahab et Guelmim – Oued Noun. Toutefois, Paris hésite à ouvrir une représentation politique et diplomatique dans cette région, préférant jouer à l’équilibrisme. Pour combien de temps encore.
Dans les provinces du Sud du Royaume, la France aspire à ne pas se laisser distancer par d’autres pays qui témoignent également d’un intérêt croissant pour le Sahara, tels que l’Espagne, l’Allemagne et les États-Unis, sauf que ces derniers ont réalisé de grands pas diplomatiques, contrairement à Paris qui joue à l’équilibrisme.
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Toutefois, le Maroc et la France ont renoué le fil du dialogue avec une série de visite. Après la visite du ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, c’est au tour du ministre délégué au Commerce extérieur, Franck Riester, de visiter le Maroc le 4 avril prochain. Il y rencontrera ses homologues marocains responsables de l’Industrie, du Commerce et des Investissements, avec lesquels il pourrait conclure des accords relatifs à la participation française dans des projets sahariens.
Ce rapprochement franco-marocain, notamment au Sahara, contraste avec les critiques formulées l’année précédente par 94 parlementaires français. Ces derniers avaient reproché au Ministère des Affaires étrangères de tenir des propos incohérents concernant le Sahara et de mener une politique d’équilibrisme vis-à-vis de l’Algérie, incitant ainsi le Maroc à rechercher des partenariats militaires et économiques alternatifs.
Les États-Unis dans la course
De son côté, les États-Unis prévoient également d’investir prochainement au Sahara. L’ambassade américaine au Maroc a lancé un appel d’offres s’élevant à 500 000 dollars pour des projets visant à promouvoir une croissance économique inclusive à Dakhla et Laâyoune, dans le cadre de l’accord de coopération entre Rabat et Washington.
Selon la description fournie par la Mission américaine au Maroc, l’objectif de ce projet est de pallier une économie peu diversifiée et une participation inégale à la population active, problématiques identifiées dans les régions de Dakhla et de Laâyoune. Dépendantes principalement de l’agriculture, de la pêche, des énergies renouvelables, du tourisme et de l’extraction du phosphate, ces régions risquent de connaître un décalage entre les citoyens et le gouvernement lorsque la principale source de revenus est issue d’une ressource naturelle plutôt que de l’activité des citoyens eux-mêmes.
Le projet, orienté principalement vers les femmes, les jeunes et les personnes handicapées, prévoit que les bénéficiaires acquièrent une combinaison de compétences générales et professionnelles, ainsi qu’une formation à l’entrepreneuriat. Les propositions présentant une approche innovante et/ou des résultats tangibles, tels que l’obtention d’emplois ou la création d’entreprises, seront privilégiées.
D’après les États-Unis, ce projet contribuera à soutenir la société civile dans les régions de Dakhla et de Laâyoune en développant les compétences professionnelles des participants. Des avancées progressives dans ces domaines sont envisageables grâce à une population informée et autonome. Le projet vise également à instaurer des conditions économiques favorables qui permettront aux associations et aux entreprises de s’organiser et d’interagir avec les autorités locales sur des thématiques et des enjeux importants, qu’il s’agisse de l’allocation des ressources ou de l’égalité des sexes.