Quand Ignacio Cembrero devient le Raspoutine de Pedro Sanchez, et s’acharne à exacerber la crise entre le Maroc et l’Espagne

Par Hassan Alaoui

L’espoir de résoudre l’actuelle crise diplomatique entre le Maroc et l’Espagne repose-t-il sur la diplomate émérite Karima Benyaich, en raison de ses origines mixtes maroco-andalouses et sa proximité transgénérationnelle avec la Famille royale marocaine ?

L’ambassadrice à Madrid qui n’a pas hésité à répliquer de manière cinglante aux récents cafouillages de Arancha Gomez Laya, serait-elle la femme providentielle, en mesure d’amorcer la désescalade entre les deux pays ?

C’est en tout cas le genre de ballons d’essai, dont le journaliste espagnol Ignacio Cembrero a l’habitude de paver ses articles, pour mieux étaler son ignorance sur le fonctionnement des arcanes du pouvoir marocain… Une tare devenue très en vogue, à l’heure actuelle, pour taper dans l’œil d’un Pedro Sanchez, manifestement décontenancé et enclin à écouter n’importe quel conseil, aussi inintelligible soit-il, pourvu que cela l’aide à solutionner au plus vite la crise entre Rabat et Madrid, devenue par sa faute exclusive, un vrai Capharnaüm.

Autant dire que le chef de l’exécutif espagnol n’est pas prêt de sortir de l’auberge, s’il continue à se fier aux supputations infondées et irresponsables d’Ignacio Cembrero, qui pour justifier sa proposition grotesque au locataire de la Moncloa, de tout miser sur l’ambassadrice Karima Benyaich, se permet d’alléguer crânement que le gouvernement marocain ne disposerait d’aucune prérogative, sauf celle d’exécuter scrupuleusement les directives du Palais et que, dans le même sillage, le Cabinet royal serait, lui-même, marginalisé comme l’induirait, selon lui, la perte d’influence des personnalités de l’époque du règne de Hassan II, qui avaient une maitrise profonde de l’Espagne et des relations internationales, à l’image de Omar Azziman et André Azoulay.

Qui donc, d’après Cembrero, disposerait du privilège exceptionnel de souffler à l’oreille du Souverain marocain?

Il s’agirait, selon lui, de trois dignitaires qui forment le premier cercle des collaborateurs directs de Mohammed VI, dont deux figurent parmi ses intimes, alors que le troisième est un puissant « sécurocrate« .

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D’après cet écrivaillon, le point commun à ces trois éminences grises du Roi, que sont Fouad Ali El Himma, Mohamed Yassine Mansouri et Abdellatif Hammouchi, serait leur méconnaissance de l’Espagne, qui impacterait négativement sur les décisions à prendre par le Maroc dans le contexte de cette crise diplomatique avec l’Espagne.

Pourtant, cette prétendue « méconnaissance » du pays ibérique, a quand même valu à l’un des trois hauts responsables précités, en l’occurrence le directeur général du pôle sécuritaire marocain, d’être décoré à deux reprises par l’exécutif espagnol réuni en conseil des ministres. Une première fois, en se voyant décerner en octobre 2014 « la Croix Honorifique de Mérite Policier, avec distinction rouge« , une distinction exceptionnellement attribuées aux personnalités étrangères, avant de recevoir, en septembre 2019, « la Grande Croix de l’Ordre de Mérite de la Garde Civile« , qui symbolise la plus haute décoration de cette institution.

S’agit-il d’une reconnaissance témoignée à une personnalité chevronnée au sein de l’establishment sécuritaire marocain, qui paradoxalement ignorerait tout, autant en ce qui concerne les agendas « humanitaires » du pouvoir politique, à l’exemple de l’hospitalisation de Brahim Ghali à Logrono,  que ceux qui relèvent plus stratégiquement de l’état profond en Espagne ?!

Cembrero, qui s’évertue à recycler autant qu’il peut ses bribes de souvenirs, qui remontent à l’époque où il mangeait gloutonnement dans la main de l’ex-ministre de l’interieur, Driss Basri, n’a pas encore réalisé que les paradigmes du pouvoir marocain ont radicalement changé et évolué, près d’un quart de siècle, après la disparition de feu Hassan II.

Ce plumitif qui, de source sure, a enjoint aux médias espagnoles de censurer les images des migrants subsahariens traversant illégalement la frontière entre le Maroc et Sebta et de diffuser uniquement celles montrant le déferlement de jeunes marocains dans ce préside occupé, n’a pas encore pris conscience du fait que sa prétendue science Makhzénienne est devenue totalement obsolète avec le temps, à telle enseigne que cela peut accroitre dangereusement la cécité du gouvernement espagnol à l’égard du Maroc, avec le risque de provoquer un pourrissement des relations bilatérales.

Au lieu de s’appuyer exclusivement sur les théories vaseuses et ténébreuses d’un seul conseiller officieux, qui, de surcroit, est pathétiquement frustré par son incapacité à régénérer sa grille de lecture éculée sur le pouvoir marocain, Sanchez devrait plutôt s’inspirer de l’approche responsable de Mohammed VI, qui a le mérite de gérer cette brouille dans la clarté et la transparence, en prenant en considération les avis éclairés et diversifiés émanant d’au moins trois véritables hommes d’état aguerris, au lieu des analyses factices et erronées provenant d’un pseudo expert du Maghreb, qui n’a jamais exercé une responsabilité officielle.

D’ailleurs l’imposture d’Ignacio Cembrero à vouloir intoxiquer le chef du gouvernement espagnol en l’abreuvant de conseils insipides sur cette crise sans précédent entre Madrid et Rabat, ne contraste pas tellement avec son profil de margoulin cupide, notamment lorsqu’il avait négocié, en accord avec son confrère marocain Houcine Majdoubi, en 2014, le contrat de traduction en espagnol du livre fastidieux édité la même année par Moulay Hicham, sous le titre « le journal d’un prince banni« , en exigeant un prix cinq fois supérieur à celui qui est normalement réclamé par les traducteurs professionnels, pour ce genre de travail.

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