Quand le discours royal mobilise le CDS sur l’investissement et l’Etat territorial

Tribune

Par Taoufiq Boudchiche* 

À la suite du Discours Royal inaugurant la nouvelle rentrée parlementaire, le CDS a programmé dans son agenda de fin d’année la question de l’investissement.

Pour rappel, le Conseil du Développement et de la Solidarité (CDS), est un « think thank » issu de la société civile. Il a fêté sa dixième année de travaux et de réflexion en novembre 2021. À cette occasion, il avait organisé une rencontre-débat sur le nouveau modèle de développement en présence de Chakib Benmoussa.

À côté de la question de l’eau, vitale pour la société et l’économie, Sa Majesté le Roi a réitéré l’importance qu’il convient d’accorder à la promotion de l’investissement comme réponse aux besoins économiques et sociaux de l’heure de la nation. Le CDS, qui compte parmi ses membres des dirigeants de petites et grandes entreprises de renommée nationale et internationale, entend relayer l’appel royal. L’un des objectifs serait de mettre en exergue les différentes dimensions à prioriser afin d’accélérer l’investissement public et privé.

À l’heure où l’économie mondiale connaît un affaiblissement préoccupant et des finances publiques à rude épreuve partout dans le monde, le Maroc doit innover en matière de leviers de croissance. Parmi ces leviers, figure la bonne articulation, voire la bonne intelligence dirions- nous, entre investissement public et investissement privé. Ce sera l’un des enjeux à venir. En effet, le modèle marocain d’investissement consistant à optimiser et mutualiser les impacts de l’investissement public et de l’investissement privé a été un succès. Il a permis de bâtir le Maroc du nouveau millénaire : attractivité économique renforcée, Infrastructures de classe mondiale, nouvelles zones industrielles, nouveaux secteurs d’émergence économique…

Le Maroc s’est ainsi hissé comme acteur continental et mondial incontournable dans les domaines de l’automobile, de l’aéronautique, de l’offshoring, de l’agro-industrie, de la formation et de l’enseignement, du tourisme… Comme aussi demain, espérons-le, dans de nouveaux domaines tels que celui de la santé avec les réformes en cours. Un modèle qu’il convient à la fois de consolider mais aussi de rénover comme préconisé par le nouveau modèle de développement.

Mais, il reste beaucoup à faire, notamment au niveau sociétal et culturel. L’investissement est aussi une affaire de confiance, de transparence, de paix et de solidarité sociales…Car, les principaux maux qui plombent le décollage économique sont toujours présents comme les taux de pauvreté observés au plan national, les inégalités sociales et territoriales, la bureaucratie, la corruption, le clientélisme, les systèmes de rente…Le modèle libéral opté par le Maroc a des limites intrinsèques. Sa nécessaire régulation étatique est fondamentale. L’adoption de la nouvelle charte de l’investissement apporte des innovations au cadre institutionnel, il reste à la mettre en œuvre dans le fond et la forme. Car notre pays souffre d’un mal endémique, Celui de l’incompétence dans la mise en œuvre des stratégies nationales. Le dévoiement des politiques publiques vers des systèmes de capture de la rente étatique est un sport national très bien maîtrisé.

Par exemple, l’INDH se heurte en permanence au ciblage des populations auxquelles elle est destinée ainsi qu’aux critères d’attribution des subventions accordées malgré une gouvernance bien huilée. Plus de compétences et de rigueur dans le déploiement sur le terrain des stratégies sectorielles adoptées seraient un grand pas en avant pour gagner en efficacité et en ressources pour le développement. Les citoyens attendent cela des institutions publiques.

Mais l’Etat national ne peut tout faire. Il y a aussi « l’Etat territorial» qui doit faire sa part. Une expression que je propose ici, volontairement désignée comme telle, pour dire l’importance des collectivités locales (régions, provinces et communes…). Nos territoires où devraient se déployer avec rigueur et efficacité les politiques publiques, et donc l’argent public, démontrent une passivité déconcertante, mis à part certaines régions traditionnellement dynamiques. Et, pourtant ils regorgent de richesses humaines et naturelles, matérielles et immatérielles, qui sont complètement neutralisées par un système politique et de gouvernance local non inclusif.

Le CDS compte répondre à l’appel royal et se mobiliser pour faire émerger un point de vue de la société civile entreprenante sur ces questions. Le contexte d’inquiétude lié aux tensions mondiales et régionales l’impose également. Réinterroger sans complaisance ces questions est un impératif pour aller de l’avant et conserver par le débat social le contrôle sur la chose publique. Le secteur privé doit également se responsabiliser et s’ajuster face aux défis sociaux et économiques du pays. Le débat à venir du CDS permettra de l’écouter sur ses sujets.

*Économiste.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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