Québec: Dr Asma Lamrabet met en avant l’importance du Maroc « profondément pluriel », cachet distinctif de son identité séculaire
L’écrivaine et essayiste marocaine, Asma Lamrabet, a mis en avant, vendredi soir, à l’occasion du Salon international du livre de Québec où le Royaume est à l’honneur, l’importance du Maroc « profondément pluriel » dans sa diversité identitaire, géographique, celle de son écosystème mais aussi de sa pluralité linguistique, ses traditions culinaires, musicales, ethniques, mystiques et spirituelles.
La diversité culturelle et la pluralité linguistique qui constituent le cachet distinctif du Royaume fondent son identité de pays résolument ouvert et intrinsèquement généreux, a expliqué Mme Lamrabet lors d’une table ronde sous le thème « Le Maroc pluriel », rappelant que le Royaume a toujours été un carrefour et un lieu de brassage des cultures et des civilisations.
L’écrivaine marocaine a indiqué que le Royaume a été traversé par une présence historique plurielle (phénicienne, romaine, byzantine, amazigh, arabe, andalouse musulmane et juive, la présence coloniale française, espagnole), ce qui, note-t-elle, explique son multiculturalisme, son plurilinguisme et sa facilité à assimiler la trame profonde de toutes les civilisations qui l’ont imprégné.
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Cette diversité culturelle et linguistique, a-t-elle ajouté, a été consacrée par la nouvelle Constitution de 2011 en tant que reflet des spécificités de la société marocaine et de ses valeurs civilisationnelles, culturelles et historiques, relevant que le Maroc est pluriel par son amazighité, son judaïsme, son arabité, ses multiples dialectes et son référentiel religieux comme le stipule la Constitution. L’Islam marocain est modéré, populaire, mystique et soufi, a dit Mme Lamrabet.
Cette pluralité, a-t-elle poursuivi, prospère et s’épanouit sous l’aile protectrice de l’institution de la Commanderie des Croyants, garante de la liberté de culte, de la cohésion et de l’harmonie de la pluralité cultuelle de cette nation, tout en rappelant le rôle déterminant de la Commanderie des Croyants dans la lutte contre la radicalisation et l’extrémisme religieux au Maroc.
Selon l’écrivaine marocaine, le grand défi aujourd’hui est celui de préserver l’essence de cette pluralité devant les effets de l’homogénéisation d’une identité hermétique menacée par tant de facteurs aussi bien internes qu’externes, estimant qu’au cœur des grands débats de société qui posent problème aujourd’hui au modèle de pluralité du Maroc, on retrouve une triple problématique : la fracture linguistique, la question de la liberté de conviction, et la dualité du référentiel : universel et religieux.
Evoquant l’égalité hommes-femmes, une question centrale et fondamentale dans toute démocratie qui continue aujourd’hui plus qu’hier de provoquer des fractures sociales très profondes et des tensions exacerbées à chaque débat, Mme Lamrabet a expliqué que cette question illustre indéniablement la dualité des référentiels au Maroc. Une dualité symbolisée par des réformes juridiques, certes avant-gardistes (Code de la famille 2004 et Constitution 2011), mais qui, soutient-elle, sont malheureusement restées relativement inopérantes aussi bien sur le plan du changement des mentalités que sur le terrain de la réalité sociale.
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Elle a ainsi déploré que la mise en œuvre des principes relativement égalitaires, permis par ces deux grandes réformes juridiques, reste encore problématique puisqu’elles sont encore inaccessibles « intellectuellement et socialement parlant » à la majorité des Marocaines et des Marocains.
Mme Lamrabet a précisé, à ce propos, que le modèle d’un Maroc moderne pluriel est aujourd’hui à préserver et à défendre, estimant que le fait de concilier les valeurs universelles avec un référentiel religieux ouvert, pluriel, réformiste et humaniste n’est pas une concession, mais une évidence.
A cet égard, elle a explicité que l’éducation reste un levier déterminant pour renforcer la pluralité.
Et de conclure que les entraves à un véritable projet sociétal sont nombreuses, complexes et imbriquées, allant de l’économique au politique, en passant par le social, mais il n’en reste pas moins que la question religieuse reste nettement transversale à toutes ces catégories.