Quelle relance économique face aux nouveaux variants ?
La relance de l’économie nationale dépend toujours de la situation épidémiologique, notamment avec la forte propagation de Delta qui affecte le processus du plan national pour atteindre l’immunité collective. MAROC DIPLOMATIQUE fait le point avec le Dr. Tayeb Hamdi, médecin et chercheur dans les systèmes de santé.
« On ne va jamais atteindre l’immunité collective à cause de Delta ». C’est le constat que dressait le professeur d’infection et d’immunité pédiatriques à l’Université d’Oxford, Andrew Pollard, qui a signalé, lors d’une réunion virtuelle avec des députés britanniques, qu’en raison de l’existence du variant Delta, il est impossible d’atteindre l’immunité collective et que « la vaccination ne freine pas la propagation du virus ». En effet, l’accès à la vaccination est importante pour la relance économique, permettant à plusieurs secteurs affectés de reprendre leurs activités. La vaccination est, donc une condition pour la relance mais est-elle la solution ?
La vaccination une condition mais pas la solution
Pour le Maroc, toutes les prévisions concernant la relance ont été positives, jusqu’à ce qu’apparaisse le variant Delta. Le Haut-Commissariat au Plan (HCP) avait prévu un redressement de l’économie marocaine à 12,6% au deuxième trimestre 2021, quant à Bank Al-Maghrib (BAM), elle a anticipé une croissance de 5,3% au titre de l’année 2021. Ces chiffres peuvent être changés du jour au lendemain à cause de l’apparition de variants plus graves nous explique le Dr. Tayeb Hamdi, selon qui on ne peut plus parler aujourd’hui d’immunité collective, à cause de la forte propagation de Delta. « L’immunité collective veut dire qu’on a un taux important de la population vaccinée (Ex : 70%) qui protège la petite partie des non-vaccinées qui reste (Ex : 30%). Il s’agit en effet d’une barrière immunologique, mais malheureusement avec la forte propagation du nouveau variant, cet objectif sera impossible à atteindre ».
Mais que reste-t-il à faire ? Pour le chercheur, la vaccination de toutes les tranches d’âges est très importante, surtout avec la propagation de delta qui affaiblit l’immunité et donc l’efficacité des vaccins. Et pour atteindre un but de 80 à 85 % d’immunité, il faut renouveler et donner des rappels aux personnes les plus vulnérables, en particulier. Selon Dr. Tayeb, il est impossible d’atteindre ces objectifs. Il a souligné, d’ailleurs, qu’il faut oublier cette notion et passer à une autre, sous l’appellation « vaccination collective ». Il ne s’agit plus de compter sur la vaccination des autres pour freiner le virus mais de faire vacciner le maximum de personnes.
Il faut vacciner tout le monde, ok, mais ces vaccins restent-ils efficaces ?
L’efficacité des vaccins n’a jamais été sure à 100% même pour la souche classique, déclare Dr. Tayeb, soulignant qu’ « en médecine, il n’y a aucun vaccin qui est efficace à 100 % ». En principe, quand on vaccine une population, il y a une bonne partie qui répond à la vaccination et acquière une immunité et une minorité qui ne répond pas parfaitement à la vaccination. Ce qui est important dans cette opération, c’est que les personnes vaccinées sont bien protégées, avec plus de 90% de protection contre les formes graves et plus 97% contre les décès, affirme le chercheur. Il a souligné, dans ce sens, que « à chaque fois qu’un variant apparaît, il y a un grand doute sur l’efficacité des vaccins sur celui-ci. Ces variants sont inquiétants soit parce qu’ils se propagent très vite, soit ils sont très virulents ou bien ils affaiblissent l’immunité comme Alpha et Delta ». Tout cela introduit des doutes quant à la fiabilité des vaccins, ce qui nécessite des rappels et des mises à jour continus.
En effet, des études ont montré que ces vaccins restent très efficaces après la deuxième injection, a tenu à préciser notre interlocuteur, rappelant que depuis le début de la pandémie, il y avait des études et des recherches qu’ont été menées pour augmenter et renforcer l’efficacité des vaccins, notamment à travers une troisième dose, « le rappel », « le mixage des vaccins » et « la mise à jour des vaccins ». Et ne pas oublier surtout, le respect des mesures barrières car « c’est la seule manière pour réduire l’émergence et l’apparition des nouvelles souches ».
Les mesures et les restrictions imposées freinent la relance
L’apparition du variant Delta a chamboulé les plans de relance économique. Avec le renforcement des mesures et des restrictions à l’intérieur et l’extérieur du Maroc, le processus de la relance économique serait négativement impacté. En effet, ce variant s’est propagé dans un moment où de nombreuses activités ont été sur le point de redémarrer, comme notamment le tourisme, ainsi que dans une période où il y a un flou sur la continuité de l’octroi des aides face à la flambée des cas et l’arrêt de plusieurs activités vitales. Pour résumer, si les variants continuent à se transformer et les gens ignorent les gestes barrières, il serait difficile de parler d’une relance dans ces conditions.