Raid Sahraouiya : quand le défi sportif rencontre la solidarité féminine à Dakhla

Sous le soleil éclatant de Dakhla, entre dunes dorées et vagues de l’Atlantique, la 11e édition du Raid Sahraouiya a une fois de plus transformé le désert en un théâtre d’endurance, de solidarité et de dépassement de soi. Bien plus qu’une simple compétition sportive, cet événement féminin d’envergure internationale est devenu, au fil des années, un symbole puissant de l’engagement en faveur de causes sociales et humanitaires.

Organisateurs, participantes et personnalités locales ont unanimement souligné l’importance de ce rendez-vous, qui mêle défis physiques et soutien à des associations caritatives, tout en mettant en lumière le rôle central des femmes dans le développement social. Dans ce reportage, nous donnerons la parole à ces acteurs, explorant la portée de ce raid unique en son genre, ses enjeux multiples, ainsi que l’impact durable qu’il génère tant sur les participantes que sur les communautés locales.

Nadia Bousaid et Chérine Lahlou, un duo inspiré par le dépassement et la sororité

La 11ème édition du Raid solidaire Sahraouiya a réuni des femmes aux parcours variés, venues d’horizons divers pour relever des défis physiques et solidaires dans le cadre enchanteur du désert marocain. Parmi ces participantes, Nadia Bousaid et Chérine Lahlou se sont distinguées par leur détermination et leur esprit d’équipe. Leur aventure, marquée par le dépassement de soi et la solidarité féminine, incarne parfaitement l’essence de ce raid unique.

Nadia Bousaid, 52 ans, originaire de Casablanca, et Chérine Lahlou, 37 ans, partagent non seulement le statut de mères de famille – chacune étant maman de deux enfants – mais aussi une volonté commune de repousser leurs limites. « C’est notre première participation à Sahraouiya », explique Chérine. « Nous avons décidé de nous lancer dans cette aventure il y a quatre mois seulement, et nous sommes très heureuses d’avoir relevé le défi avec un très bon classement ».

Pour Chérine, le besoin de dépassement de soi a été le moteur principal de cette décision. « Nous avons pris la décision en septembre, à la rentrée, un moment propice aux nouvelles résolutions. Nous voulions nous remettre au sport, prendre soin de nous, et quoi de mieux qu’un vrai challenge pour nous motiver », explique-t-elle.

Nadia, quant à elle, voit dans cette participation une opportunité de savourer la vie. « Le déclic ? C’est cette envie de me fixer des challenges chaque année et de profiter de la vie. Hamdoulilah, nous avons la santé, c’est un cadeau du ciel, et il faut en profiter », confie-t-elle avec sérénité.

Un entraînement intensif et une adrénaline inattendue

Malgré un temps de préparation limité à quatre mois, le duo a su transformer cet exercice en une expérience enrichissante. « Au départ, on n’y croyait pas trop. Avec Chérine, c’était un peu pour s’amuser, puis on s’est prises au jeu. On s’est dit : pourquoi pas nous ? Et nous y avons cru jusqu’à aujourd’hui », raconte Nadia.

Cette motivation, elles la doivent aussi à leur sponsor, qu’elles remercient chaleureusement. « Nous sommes reconnaissantes envers notre sponsor qui a cru en nous et nous a permis de vivre cette expérience », ajoute Chérine.

Au-delà de la compétition, le Raid Sahraouiya est un lieu de rencontres et de partages entre femmes de divers horizons. « J’ai adoré le paysage, mais ce que j’ai surtout apprécié, c’est cette entraide entre femmes, entre sportives. C’est une expérience unique », souligne Nadia.

Chérine abonde dans le même sens : « C’est une très belle rencontre. Ce raid nous a permis de découvrir des femmes inspirantes, de créer des liens forts et sincères. C’est une expérience humaine avant tout ».

Un événement à la croisière de la performance et de la sororité

Interrogées sur les mots qui définiraient le mieux leur participation, les deux femmes résument leur expérience en termes évocateurs. « Bonheur, dépassement de soi, très belle rencontre », déclare Chérine. Pour Nadia, ce sont « sororité et sérénité » qui résument le mieux cette aventure.

Le Raid Sahraouiya ne se limite pas à une compétition sportive ; il rassemble des femmes aux parcours très diversifiés. Des sportives chevronnées aux débutantes motivées, en passant par des militantes engagées dans des causes humanitaires, chaque participante apporte sa pierre à l’édifice de cette aventure collective.

Certaines femmes viennent pour relever un défi personnel, d’autres pour soutenir des associations caritatives. Mais toutes partagent un objectif commun : repousser leurs limites dans un cadre solidaire et bienveillant.

Avec des participantes toujours plus nombreuses et engagées, le Raid Sahraouiya continue d’évoluer comme un événement majeur de la solidarité féminine. Pour Nadia et Chérine, cette première expérience ne sera certainement pas la dernière. « Nous reviendrons, plus fortes et toujours animées par cette même passion », concluent-elles avec enthousiasme.

Cette édition 2025 restera gravée dans les mémoires comme un symbole de dépassement, de solidarité et de résilience féminine, à l’image de Nadia Bousaid et Chérine Lahlou, dont le parcours inspire déjà de nombreuses femmes à travers le monde.

Asmaa Niang, du tatami au désert et Hamellia Trari, le parcours d’une psychopraticienne au Raid Sahraouiya

La 11ème édition du Raid solidaire Sahraouiya a, cette année encore, réuni des femmes d’exception venues des quatre coins du monde pour relever des défis sportifs et solidaires dans le désert marocain. Parmi elles, un binôme a capté toute l’attention : Asmaa Niang, ancienne athlète de haut niveau en judo, et Hamellia Trari, psychopraticienne. Leur histoire, entre persévérance et solidarité, incarne l’esprit même de cette compétition unique.

Pour Asmaa Niang, c’est une première participation, mais pas une première expérience avec le dépassement de soi. « Je suis très fière d’être l’ambassadrice de cette édition Sahraouiya 2025. C’est ma première participation, juste après ma carrière d’athlète de haut niveau en judo. C’est une édition magnifique, marquée par l’entraide et la prospérité », confie-t-elle, les yeux brillants de fierté. Au-delà de la compétition, Asmaa insiste sur la dimension solidaire de l’événement. « C’est une action au profit de nombreuses associations. Moi, je représente la mienne avec Amelia. Il y a eu un dépassement de soi exceptionnel. Je suis certaine d’être présente l’année prochaine, inch’Allah ».

Pour Hamellia Trari,  l’aventure Sahraouiya revêt une dimension personnelle et symbolique forte. « Je suis très honorée qu’Asmaa ait pensé à moi pour être son binôme. Je n’ai jamais fait de sport de ma vie avant il y a six mois, et à un rythme plutôt tranquille. C’est un véritable honneur d’être ici, de courir pour l’association d’Asmaa, et d’être en présence de ces femmes incroyables ». Amelia se remémore ses souvenirs de 2017 : « J’étais ici en tant que journaliste, à poser des questions aux participantes. Jamais je n’aurais imaginé qu’un jour, ce serait à mon tour de courir. Mais pas avec n’importe qui : avec Asmaa, une championne qui ne m’a pas lâchée, qui m’a motivée et soutenue tout au long de l’épreuve ».

Le sport comme vecteur de transformation personnelle et sociétale

Interrogées sur les motivations qui les ont poussées à participer à ce raid, les deux femmes partagent une vision commune de l’importance du sport dans la vie.

Asmaa déclare : « Je suis une passionnée de sport. Pour moi, le sport fait partie intégrante de l’hygiène de vie. Mais c’est aussi un moyen de sensibiliser à des problématiques plus larges, comme la santé mentale – au centre de mon association – ou encore la lutte contre la sédentarité qui tue. Ce raid a aussi une dimension écologique : en restant en mouvement, on réduit notre empreinte carbone. Nous avons, par exemple, ramassé du plastique pour sensibiliser à la pollution. Cette édition est éthique et écologique, et j’en suis très fière ».

De son côté, Hamellia met l’accent sur la cohérence entre ses paroles et ses actes : « En tant que psychopraticienne, j’accompagne les gens sur le plan thérapeutique. Je parle de l’importance de l’activité physique pour le bien-être mental et physique. Mais je me suis retrouvée à un moment de ma vie où je ne pouvais plus juste conseiller sans incarner ces principes. Il était temps pour moi de me dépasser. Asmaa m’a tendu la main à ce moment-là, et elle m’a accompagnée sur ce chemin d’alignement personnel ».

Des femmes avec des histoires singulières

Le Raid Sahraouiya n’est pas seulement une compétition sportive : c’est un espace où des femmes de tous horizons se retrouvent pour partager leurs histoires, leurs luttes et leurs espoirs. Parmi les participantes, on retrouve des sportives aguerries, des militantes défendant des causes diverses, mais aussi des femmes pour qui ce raid est un premier pas vers la reconquête de soi.

Chaque binôme porte une histoire unique, souvent liée à une cause associative. Le raid devient alors un prétexte à la solidarité, un vecteur de visibilité pour des initiatives locales et internationales. « Toutes ces femmes ont une force et un courage extraordinaires. Leur énergie réchauffe le cœur. Vivre cette expérience est magique », conclut Hamellia, émue.

Cette 11ème édition confirme que le Raid Sahraouiya est bien plus qu’une simple compétition : c’est un rendez-vous où se croisent le sport, la solidarité et l’engagement environnemental. Les paroles d’Asmaa et Hamellia résonnent comme un appel à l’action pour toutes celles qui hésitent encore à se lancer dans l’aventure.

Pour Asmaa et Amelia, une chose est sûre : elles reviendront. Plus fortes, plus unies, et toujours animées par cette même passion de se dépasser, ensemble.

L’Association Taiba, un pilier de la solidarité à Dakhla

La 11e édition du Raid solidaire Sahraouiya, tenue en 2025, a été marquée par un moment fort de solidarité avec la visite significative de l’Association Taiba pour les Œuvres Sociales de la région de Dakhla-Oued Ed-Dahab. Cette rencontre a mis en lumière le rôle essentiel que joue l’association dans l’accompagnement des populations vulnérables de la région.

Maymouna Amidan, présidente de l’Association Taiba, a souligné l’impact croissant de leur centre dans le tissu social local : « Aujourd’hui, grâce à Dieu, notre centre est devenu un lieu de passage pour plusieurs délégations qui viennent s’informer de près sur les services que nous offrons aux catégories vulnérables ». Cette reconnaissance s’est concrétisée par la visite d’une délégation sahraouie, une première qui a permis à ses membres de découvrir l’étendue des services dispensés.

Le centre, selon Mme Amidan, offre une palette diversifiée de prestations allant de l’assistance aux enfants à des programmes spécifiques destinés aux femmes, en particulier celles qui portent seules la responsabilité de leur foyer. « C’était leur première visite, et ils ont pu découvrir de nombreux services offerts aux enfants, ainsi que les services destinés aux femmes et aux enfants ».

Au fil des années, le centre s’est imposé comme un acteur incontournable de la région, jouant un rôle clé dans l’autonomisation économique des femmes. L’engagement de l’Association Taiba s’inscrit dans une dynamique de développement inclusif, visant à réduire les inégalités et à favoriser l’épanouissement des populations locales. « Grâce à Dieu, aujourd’hui, le centre est devenu l’un des plus importants de la région, car il œuvre pour l’autonomisation économique des femmes, notamment celles qui sont responsables de leurs enfants ».

Cette visite, en marge du Raid Sahraouiya, a renforcé la dimension solidaire de l’événement, mettant en avant l’importance des initiatives locales dans la promotion du développement social et économique. L’Association Taiba pour les Œuvres Sociales continue ainsi de tracer sa voie, en tant que pilier essentiel du soutien aux populations défavorisées de Dakhla-Oued Ed-Dahab.

Laila Ouachi : « À travers Sahraouiya, nous avons bâti des ponts entre sport, solidarité et inclusion »

Alors que la 11ᵉ édition du Raid Sahraouiya s’est achevée le samedi 8 janvier à Dakhla, Laila Ouachi, figure emblématique de cet événement sportif et solidaire, revient sur l’évolution d’une aventure qui dépasse largement le cadre de la simple compétition. Initiatrice et organisatrice passionnée, elle a su, au fil des années, faire de Sahraouiya un rendez-vous incontournable, contribuant ainsi à propulser Dakhla sur la scène internationale. 

Autrefois connue seulement des amateurs de surf et de kitesurf, la perle saharienne s’impose aujourd’hui comme un symbole de résilience, de solidarité et d’inclusion grâce à des initiatives comme Sahraouiya. Dans cet entretien, Laila Ouachi évoque les 11 années de cette épreuve unique, marquée par la diversité des participantes, la richesse des profils et l’engagement associatif qui fait l’ADN de cet événement.

Au-delà de l’aspect sportif, elle revient sur la portée symbolique du Raid, qui rassemble des femmes issues de différentes couches de la société, unies par des valeurs communes de dépassement de soi et de militance pour des causes sociales. Dakhla, avec son environnement naturel exceptionnel et son héritage culturel riche, devient ainsi le théâtre d’un événement où sport et solidarité s’entrelacent pour dessiner un modèle inspirant d’engagement féminin.

Un retour sur les 11 années de l’édition de Sahraouiya ?

Honnêtement, je les ai vécues avec une intensité émotionnelle particulière, peut-être même plus qu’à l’accoutumée. Je me suis rendu compte de l’ampleur de cette réussite qui, aujourd’hui, constitue une véritable fierté pour moi. Toutes les participantes, venues des quatre coins du monde, de plusieurs pays, se sont rassemblées non seulement pour relever un défi sportif, mais surtout pour défendre une cause, en participant à Sahraouiya au profit d’associations engagées.

Pour quelle cause précisément ?

Il s’agit d’une cause avant tout sociale. Chaque participante soutient une association avec laquelle elle s’engage activement, que ce soit pour les enfants, les mères en difficulté, les femmes malades, les enfants atteints de pathologies diverses, ou encore pour la protection de l’environnement. Chacune d’entre elles a milité à travers les réseaux sociaux, leurs pages personnelles, et lors de leurs présentations, afin de sensibiliser et de mobiliser autour de ces causes.

Nous disposons de films et de présentations détaillant les actions de chacune de ces associations. Aujourd’hui, nous avons réussi à créer un véritable lien entre ces femmes, autour de cet engagement solidaire. Ce qui est encore plus marquant, c’est d’avoir repensé la course de manière à ce que les participantes vivent une expérience à la fois éprouvante et enrichissante, dans un esprit de dépassement de soi. Elles ressentent cette satisfaction intense, ce « waouh », lorsqu’elles franchissent la ligne d’arrivée, fières d’avoir accompli des choses qu’elles n’auraient jamais imaginées possibles : courir ou faire du VTT sur 15 à 18 km de sable, descendre en rappel…

Comme l’a si bien exprimé Ariane Brodier, comédienne et présentatrice française, ambassadrice de SOS Villages d’Enfants : « Tout ce que je faisais, je le faisais en pensant à ces enfants que je peux aider. En tant que maman, il m’était impensable de m’arrêter sous prétexte de fatigue ».

Vous avez également mentionné l’inclusion. Pouvez-vous nous en dire plus ? 

Effectivement, l’inclusion est un aspect fondamental de Sahraouiya. Nous avons eu la chance d’accueillir une championne marocaine de tennis paralympique, Ikram, si je ne me trompe pas. Son parcours est une véritable leçon de vie. Lorsqu’elle est arrivée, elle m’a raconté qu’enfant, à l’âge de 7 ans, elle avait participé à son premier marathon. Après son accident, elle a su qu’elle ne pourrait plus jamais courir, mais cela ne l’a pas empêchée de poursuivre une carrière sportive grâce au tennis. Lors de Sahraouiya, elle a parcouru 6 km dans le sable avec ses béquilles. C’est une démonstration inspirante de résilience et de détermination, qui a profondément marqué toutes les participantes.

Il y a aussi cette jeune fille de SOS Villages, qui est aujourd’hui footballeuse professionnelle dans une équipe marocaine. Ou encore cette autre jeune participante, issue d’un milieu défavorisé, qui a réussi à se hisser sur le podium. Elles sont toutes animées par une rage de vaincre et un engagement sincère, non seulement pour elles-mêmes, mais aussi pour les associations qu’elles soutiennent. C’est cette mentalité de solidarité et de dépassement collectif que nous souhaitons promouvoir : inciter les femmes à se surpasser tout en œuvrant pour des causes sociales.

Nous avons également accueilli des participantes d’Afrique centrale, comme cette journaliste gabonaise et une autre femme venue du Cameroun. La journaliste gabonaise n’a pas été choisie pour ses performances sportives, mais parce que l’engagement social qu’elle a mis en avant dans sa candidature nous a profondément touchées. Elle est venue non seulement pour participer, mais surtout pour militer et faire entendre sa voix.

La diversité et l’inclusion sont donc des piliers de Sahraouiya. Comment cela se conjugue-t-il avec le choix de Dakhla comme lieu emblématique de l’événement ? 

Tout à fait. Dès le départ, lorsque nous avons décidé de lancer cet événement, c’est à Dakhla que nous avons choisi de l’organiser. Dakhla incarne la liberté, la force des femmes – c’est une région où l’on retrouve des traits de société matriarcale – ainsi que des valeurs et des traditions profondes. Toutes les valeurs de Sahraouiya ont été construites autour de ce que représente cette région unique.

Dakhla captive immédiatement par son climat, ses paysages, son vent constant… C’est un endroit exceptionnel que je ne pourrais imaginer ailleurs. De plus, Dakhla a joué un rôle majeur en termes de visibilité à l’international. La région bénéficie d’une nature extraordinaire, entre la lagune, l’océan Atlantique, les zones désertiques et les dunes, le tout dans un climat agréable toute l’année. Aujourd’hui, Dakhla est devenue une véritable marque, une référence internationale.

Nous devons cela à de nombreux événements qui ont contribué à sa renommée, comme Sahraouiya, bien sûr, mais aussi le Forum Crans Montana que nous avons organisé, ou encore les initiatives de Maroc Diplomatique, qui joue un rôle essentiel en tant que plateforme de communication. Grâce à tous ces efforts conjoints, Dakhla est désormais connue dans le monde entier. Sa capacité hôtelière est aujourd’hui insuffisante pour répondre à la demande croissante, et les vols à destination de Dakhla sont souvent complets. La ville est en pleine transformation, et nous ne pouvons qu’être fiers de la contribution que nous avons apportée à cet édifice, pierre après pierre.

Quels retours avez-vous sur le plan international ?

Les retours sont très positifs. Aujourd’hui, que ce soit en France, en Belgique ou ailleurs, lorsque je me rends dans ces pays, les gens me disent : « Ah, le meilleur endroit pour faire du kitesurf, c’est Dakhla ! » On ne parle plus des problématiques politiques du Sahara, mais bien d’une région devenue un véritable pôle touristique. Les gens veulent découvrir Dakhla pour sa beauté, sa culture, ses activités sportives. Cela témoigne de la transformation de l’image de cette région, qui s’est imposée comme une destination incontournable à l’échelle internationale.

Nadia Mangoug : « À la Sahraouiya, chaque femme écrit son propre récit de dépassement »

Pour sa 11ᵉ édition, la Sahraouiya continue d’affirmer son identité unique : un raid solidaire et multisports exclusivement féminin, où le dépassement de soi se conjugue avec l’engagement social. À Dakhla, entre dunes et lagune, des femmes venues des quatre coins du monde relèvent des défis physiques exigeants tout en soutenant des causes associatives. Cette année, l’événement innove avec des épreuves inédites, comme le canoë nocturne, et renforce son ancrage solidaire à travers des partenariats marquants. 

Rencontre avec Nadia Mangoug, coordinatrice de la Sahraouiya, qui revient sur les temps forts de cette édition, l’engagement des participantes et l’impact culturel et social de ce raid hors du commun.

Pouvez-vous nous livrer un bilan de la 11ᵉ édition et revenir sur les étapes marquantes ?

Effectivement, nous célébrons cette année la 11ᵉ édition de la Sahraouiya, une édition toute particulière puisqu’elle s’accompagne de plusieurs nouveautés. Nous avons, pour la première fois, une directrice de course, une femme, ce qui constitue une avancée significative. Aujourd’hui se tient la cinquième et dernière étape de ce raid multisports. Nous avons proposé des disciplines variées telles que la course à pied, le VTT, la course d’orientation et le canoë.

Une innovation a été introduite cette année : le canoë nocturne. C’est une épreuve exigeante, notamment en raison des vents forts caractéristiques de Dakhla, une ville réputée pour le kitesurf. Les participantes ont rencontré des difficultés pour achever cette épreuve, mais elles ont su surmonter les obstacles. Aujourd’hui, pour clôturer le raid, les participantes ont parcouru 18 km en VTT. Après une courte pause, nous organiserons une chasse au trésor dans la ville de Dakhla.

Cette chasse au trésor vise à faire découvrir la richesse de Dakhla : son artisanat, sa culture et, plus particulièrement, la culture hassanie, propre au Sahara. C’est un moyen de promouvoir les traditions locales et de créer des échanges culturels entre les participantes.

Justement, en parlant de culture, quel a été l’engouement des participantes cette année ?

Cette année, nous avons accueilli 42 binômes, soit 84 participantes. Elles ont entamé l’aventure dès dimanche. La Sahraouiya attire des femmes de diverses nationalités : Belgique, France, Maroc, avec des représentantes de plusieurs villes comme Casablanca, Rabat, Laâyoune ou Dakhla.

Nous avons également des profils très variés : des femmes jeunes et moins jeunes, des étudiantes, des cadres, des managers, des personnalités publiques comme des présentatrices télé, ainsi que des athlètes de haut niveau. Parmi elles, une athlète paralympique marocaine de tennis et une judokate olympique. Ce qui unit ces femmes, au-delà des différences d’âge ou de parcours, c’est cette solidarité féminine, cette capacité à se dépasser et à créer des liens de sororité. L’événement est riche en partages et en émotions fortes.

Concernant les épreuves sportives, avez-vous constaté une bonne préparation des participantes ou des difficultés particulières ?

Comme je l’ai mentionné, les niveaux sont très hétérogènes. Certaines participantes sont des athlètes aguerries, tandis que d’autres n’ont pas une grande expérience sportive et abordent le raid sous forme de randonnée. La Sahraouiya est conçue pour être inclusive : elle offre aux sportives l’occasion de se challenger davantage, et aux débutantes, l’opportunité de se dépasser.

C’est aussi un tremplin pour celles qui n’étaient pas sportives auparavant. Après la Sahraouiya, beaucoup poursuivent d’autres défis. Celles qui n’étaient pas habituées au vélo se découvrent une passion pour le VTT, celles qui n’avaient jamais fait de canoë continuent cette activité par la suite. C’est un véritable catalyseur d’émancipation sportive.

Avant le lancement de cette édition, avez-vous constaté un grand nombre d’inscriptions, ou bien des désistements pour diverses raisons ?

L’organisation de la Sahraouiya mobilise une équipe conséquente : nous sommes plus de 50 personnes en coulisses à travailler sur les préparatifs. Pour ce qui est des inscriptions, je supervise personnellement ce volet. Nous entamons les préparatifs dès le mois de septembre. Des séances d’entraînement sont organisées, incluant le VTT, le canoë, et la course à pied. Nous disposons de bases nautiques près de Casablanca et de Rabat pour que les participantes puissent s’entraîner et être prêtes le jour J. Un programme d’entraînement est également partagé afin de garantir un bon niveau de préparation.

Nous enregistrons très peu d’abandons. Les seules raisons qui peuvent pousser une participante à se retirer sont des blessures, souvent dues aux conditions particulières de Dakhla : le relief accidenté, les dunes et les dénivelés importants. Mais en dehors de ces cas, les abandons sont rares. Le raid est tellement riche en émotions et en défis personnels qu’il est difficile pour les participantes de renoncer.

Vous avez mentionné un aspect social important cette année. Pouvez-vous nous en dire davantage ?

Comme chaque année, nous mettons un point d’honneur à l’engagement social des participantes. Chaque binôme est tenu de représenter une association de son choix et de collecter des fonds pour cette dernière. Ce n’est pas simplement un raid sportif, c’est avant tout une aventure solidaire.

Cette année, nous avons un partenariat particulier avec SOS Villages d’Enfants, une organisation présente dans tout le Maroc. Nous œuvrons à la collecte de fonds pour la construction d’un nouveau village à Dakhla. La première pierre a déjà été posée, et nous espérons, grâce aux dons, finaliser ce projet pour venir en aide aux enfants orphelins de la région.

Demain sera une journée spéciale : nous accueillerons des enfants de plusieurs orphelinats pour partager avec eux notre passion pour le sport. C’est une occasion unique pour sensibiliser les participantes à l’importance de la solidarité, mais aussi pour offrir à ces enfants une journée de joie et de découverte.

Quel est votre ressenti personnel en tant que coordinatrice à l’approche de la fin de cette édition ?

Chaque année, mon ressenti est empreint d’une profonde émotion. En tant que coordinatrice, je me considère un peu comme la « maman » de toutes ces participantes. C’est un peu comme accompagner la naissance d’un projet : je les accueille, je les guide, je les entraîne, et je les accompagne jusqu’à Dakhla pour vivre cette aventure unique.

Au fil des jours, des liens forts se tissent. Chaque femme apporte son histoire, son vécu, et ensemble, nous formons une véritable famille. Notre slogan résume bien cet esprit : « Sahraouiya un jour, Sahraouiya toujours ».

Ma mission, comme chaque année, est de veiller à ce que l’événement se déroule sans blessure, avec des émotions intenses et un dépassement de soi pour chacune. Mais surtout, j’insiste sur l’aspect solidaire : que cette expérience reste gravée dans les mémoires comme une aventure humaine avant tout.

Raid Sahraouiya, un élan de solidarité et de résilience féminine

Sous le ciel azur de Dakhla, baignée par les eaux scintillantes de l’Atlantique, la 11e édition du Raid Sahraouiya s’est achevée vendredi dernier dans une atmosphère empreinte de félicité et de camaraderie. Cet événement, mêlant sport, dépassement de soi et engagement solidaire, a une fois de plus confirmé sa place en tant que rendez-vous incontournable du calendrier sportif féminin au Maroc et au-delà.

La cérémonie de clôture, organisée avec faste et émotion, a été honorée par la présence de personnalités éminentes, parmi lesquelles le Wali de la région de Dakhla-Oued Ed-Dahab et gouverneur de la province de Oued Ed-Dahab, Ali Khalil, ainsi que le président du Conseil régional, El Khattat Yanja. Un aréopage de figures issues des sphères politique, sportive et sociale était également présent pour saluer les exploits des participantes.

Au terme d’une compétition acharnée, marquée par des épreuves physiques exigeantes et des conditions climatiques parfois rudes, c’est le duo marocain formé par Fatima Zahra Erragui et Soukaina Hammame qui a su tirer son épingle du jeu. Représentant l’Association Sakia El Hamra de développement et de solidarité à Laâyoune, ces deux jeunes femmes ont fait preuve d’une détermination sans faille pour remporter la première place.

Leurs performances ont été saluées par Laila Ouachi, présidente de Lagon de Dakhla et organisatrice du Raid Sahraouiya, qui n’a pas manqué de souligner le caractère inspirant de leur parcours. « Bien qu’elles ne disposaient pas des ressources nécessaires pour s’engager dans des projets sportifs de grande envergure, elles ont relevé ce défi avec brio », a-t-elle déclaré, promettant le soutien du Raid et de ses partenaires pour les accompagner vers des compétitions nationales et internationales.

Un podium témoin de la diversité et de l’engagement solidaire

Derrière les lauréates marocaines, le duo franco-belge composé d’Isabelle Duparc et Séverine Collomb, engagé en faveur de l’association « B-ABA Autisme », a brillé par son endurance et sa cohésion, s’adjugeant la deuxième place. Quant à la troisième marche du podium, elle a été occupée par Arianne Brodier et Lucie Rose, représentantes de l’association « SOS Villages d’Enfants », une organisation qui bénéficie du soutien du Raid pour la deuxième année consécutive.

Outre ces distinctions, des prix spéciaux ont été décernés pour récompenser des parcours singuliers et des qualités exceptionnelles. Le trophée de la résilience est ainsi revenu à Sandra Claude Monkam Deutou (Cameroun) et Carine Edwige Mindze (Gabon), représentant la Fédération atlantique des agences de presse africaines (FAAPA), tandis que le trophée de la bravoure a été attribué à Najwa Awane, championne marocaine de tennis sur fauteuil roulant.

Le Prix « Voix solidaire » a été remis à Myriam Jakani et Salwa Bencheikh pour leur engagement aux côtés de l’association « Education for all », tandis que le Prix de « L’histoire inspirante » a été décerné à Imane Mondir, joueuse professionnelle marocaine de football, pour son parcours exemplaire.

Une dimension solidaire et culturelle renforcée

La célébration de ces réussites n’a pas éclipsé la dimension solidaire du Raid Sahraouiya. Des dons ont été remis à plusieurs associations, parmi lesquelles « Espoir levant des enfants en situation de handicap » et « SOS Villages d’Enfants ». Ces actions illustrent la vocation du Raid à soutenir des causes sociales, tout en offrant une plateforme d’expression et de visibilité aux initiatives locales et internationales.

En amont de la cérémonie de clôture, les participantes ont eu l’occasion d’assister à une conférence inspirante animée par le célèbre réalisateur marocain Nabil Ayouch, sur le thème « Résilience et dépassement de soi chez les femmes ». Cette rencontre a permis d’échanger des expériences et de mettre en avant l’importance de la persévérance face aux obstacles de la vie.

Par ailleurs, des visites ont été organisées dans deux institutions sociales de Dakhla, renforçant le lien entre les participantes et la communauté locale, et illustrant l’ancrage humanitaire de cet événement sportif.

Le Raid Sahraouiya : une communauté au-delà du sport

Depuis sa création, le Raid Sahraouiya n’a cessé de croître en notoriété, attirant des participantes du monde entier. Après une décennie de succès, il s’impose aujourd’hui comme bien plus qu’une simple compétition sportive. Il est devenu un espace de sororité et de solidarité, où les femmes de différentes origines se retrouvent pour partager des valeurs de courage, de bienveillance et de dépassement de soi.

Cette 11e édition a une fois de plus démontré que le sport est un vecteur puissant de changement social, capable de réunir des femmes aux parcours variés autour d’objectifs communs. Le Raid Sahraouiya continue ainsi de tracer sa route, porté par l’énergie et la passion de ses participantes, prêt à relever les défis des années à venir.

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