Ramadan, période faste pour le gaspillage alimentaire 

Le Ramadan est, de notoriété, un mois de recueillement, d’abstinence et de modération. Toutefois, il est paradoxalement associé à la consommation excessive. Les dépenses en produits alimentaires des ménages marocains montent en flèche. Une surconsommation qui génère un gaspillage alimentaire qui prend des proportions alarmantes. 91 kilos d’aliments seraient jetés  par personne par an, selon l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Un fléau qui contribue à la hausse des prix et induit un effondrement sévère du pouvoir d’achat des ménages, notamment des plus vulnérables. Chose qui remet en question nos habitudes de consommation et comportements.   

La consommation alimentaire, au cours du mois de Ramadan, augmente de 40% à 50% de son niveau habituel. Voici ce qui ressort d’une étude menée, en 2019,  par le ministère de l’Agriculture et de la Pêche maritime. En effet, les Marocains adoptent de nouvelles habitudes de consommation avec l’avènement du mois sacré. Une tendance qui a été confirmée par les données dévoilées par le Haut-commissariat au plan qui indiquent que le temps consacré aux courses ménagères s’allonge de 47 minutes pendant le mois de Ramadan, par rapport aux autres périodes de l’année. 

Néanmoins, ces achats dépassent très souvent le besoin et deviennent plutôt des achats compulsifs. En effet, la faim suscite chez le consommateur des comportements d’achat impulsifs ,excessifs et irréfléchis, qui induisent un gaspillage alimentaire qui bat des records au Maroc, notamment au cours du mois sacré. Et les chiffres l’attestent.

91 kilos d’aliments jetés par personne par an

Chaque Marocain jette annuellement 91 kilos d’aliments à la poubelle. C’est d’ailleurs ce qui a été dévoilé par l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Un chiffre frappant qui témoigne, bel et bien, de l’ampleur du gaspillage alimentaire au Maroc. Un fléau qui prend de l’ampleur, notamment durant le mois sacré de Ramadan.

En effet, le Centre international des hautes études agronomiques méditerranéennes (CIHEAM) a démontré, à travers une étude, que près de 85% des foyers marocains jettent de la nourriture préparée et environ 46% des familles mettent à la poubelle l’équivalent de 60 à 500 DH.

Un constat sombre qui reflète une situation déplorable devenue courante.  Une réalité désolante qui nous interpelle. Mais aussi et surtout qui remet en cause nos comportements et habitudes de consommation. 

Une politique de consommation à revoir 

C’est tout une politique de consommation qui devra être repensée. Le Ramadan est censé être un mois de partage et de modération qui invite plutôt au dépouillement matériel et pendant lequel le gâchis est fortement prohibé. Néanmoins, c’est la période durant laquelle les dépenses des Marocains en produits alimentaires montent en flèche. 

Signalant, à cet égard,  qu’au moment où certaines familles s’acharnent à préparer une table ramadanesque bien garnie, riche en gâteaux mielleux et plats copieux extravagants, les plus démunis, aux petites et moyennes bourses, peinent à subvenir à leurs besoins même les plus basiques d’autant plus que le royaume traverse une conjoncture économique difficile marquée par une flambée des prix sans précédent. Une inflation galopante qui affecte lourdement le pouvoir d’achat des ménages, notamment les plus vulnérables. En effet, les prix des denrées agroalimentaires, constituant la base de la consommation incompressible du consommateur marocain, atteignent des sommets. L’oignon coûte à lui seul 15 dirhams le kilo tandis que le prix de la tomate et des pommes de terre s’envole à 10 dirhams. 

Signalant à cet égard, que la consommation excessive contribue fortement à l’augmentation des prix pratiqués sur le marché. Sachant que la demande accrue pour un bien donne lieu à une hausse spectaculaire de son prix. 

Voici donc ce qui nous incite  à repenser nos habitudes de consommation. En effet, les consommateurs détiennent également une part de responsabilité non négligeable dans cette tendance inflationniste et leur rôle reste important dans la baisse des prix. Ainsi, il est temps de revoir nos comportements liés à la consommation. 

Dans ce sens, les ménages sont appelés à adopter des habitudes de consommation plus rationnelles, basées sur le principe de la modération afin de pallier cette situation et mettre un terme à une consommation qualifiée, par Bouazza Kherrati, président de la Fédération marocaine des droits du consommateur (FMDC), “d’anarchique”.

« Nous gaspillons énormément d’eau et de pain. Il est urgent de revoir la politique de consommation au sein de la maison même, auprès de notre famille et de nos enfants pour leur inculquer de bonnes valeurs qui leur serviront au futur”.

Des initiatives mises en place, en vain 

Pour parvenir à faire face au fléau du gaspillage alimentaire qui prend encore de l’ampleur, notamment au cours du mois de Ramadan, de multiples initiatives ont été lancées, au cours des dernières années, par différentes start-up et associations. 

Dans ce sens, la FMDC a initié, à la veille du Ramadan, une série d’actions visant à alerter sur les dangers de la consommation excessive. 

Les efforts se multiplient, certes, et les initiatives ne cessent de se mettre en place pour inciter les consommateurs à changer leurs habitudes. Toutefois, les ménages ne sont pas les seuls à entraîner le gaspillage alimentaire. De nombreuses entreprises, grandes surfaces, épiceries, hôtels, restaurants… en sont également responsables. C’est pourquoi, il s’avère nécessaire, voire primordial d’éduquer sur ce sujet depuis le bas âge, aussi bien à l’école qu’au sein de la famille. Il est de notre devoir d’inculquer aux futures générations une bonne éducation fondée sur les valeurs du partage et de la modération et de leur apprendre à adopter des comportements responsables et rationnels afin de préserver le pouvoir d’achat, notamment des plus vulnérables.    

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