RDC : un Pasteur atteint d’Ebola décédé, la psychose d’un retour de l’épidémie déjà installée dans les esprits
Par : Ilyass Janati
A peine que la République Démocratique du Congo (RDC) réussit à minimiser l’ampleur de l’épidémie à fièvre hémorragique Ebola, ayant ravagé le pays, et que la population, longtemps terrassée par cette épidémie mortelle, arrive à panser, « molo molo », les séquelles d’une souffrance interminable, voilà un nouveau patient, un Pasteur, atteint d’Ebola qui tire sa révérence mardi 16 juillet 2019 dans la ville de Goma dans l’Est rd-congolais, plongeant ainsi le pays d’une psychose généralisée. Une crainte grandissante de voir cette épidémie contagieuse gagner encore du terrain.
Rapportée par plusieurs médias étrangers, l’information a été livrée sur un ton de désolation et d’inquiétude, par le gouverneur de la province du Nord- Kivu, Carly Nzanz, qui vient de confirmer le décès du patient atteint d’Ebola lors de son transfert vers la ville de Butembo, un des foyers de l’épidémie.
La réapparition de cette épidémie mortelle à Goma, ville à forte densité démographique, avec un million d’âme, a été interprétée dans les bureaux de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) comme un ‘’Avertissement’’, selon les dires du responsable des situations d’urgence de l’OMS, Mike Ryan.
Dans une déclaration à l’Agence AFP, le responsable indique que ‘’c’est un avertissement parce que chaque fois que la maladie se déplace, elle peut s’établir ailleurs’’.
L’OMS, selon les propos de son patron Tedros Adhanom Chebreyesus, ne pourra pas être très prudente, précisant que son comité d’urgence serait de nouveau réuni pour décider si l’épidémie constitue une « urgence sanitaire mondiale ».
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Même son de cloche pour Grwen Eamer, du service des Agences Médicales de la Croix Rouge qui précise que ‘’Goma, c’est une grande ville, où les gens se déplacent beaucoup, beaucoup de gens traversent les frontières en partant de Goma. Alors évidemment, ce premier cas est super inquiétant’’.
Alors que la Croix Rouge se trouve déjà déployée sur le terrain en prévoyant une telle situation, il va falloir attendre 21 jours pour voir s’il y a eu transmission à partir de ce cas là. Des moments difficiles à vivre mais avec un seul réconfort jusque-là possible, celui d’appeler la population au calme. Un rôle assuré par les autorités congolaises qui invite les citoyens à un respect strict et scrupuleux des conditions hygiéniques.
C’est dans ce sens que le gouverneur de Nord- Kivu, tente de se montrer rassurant en affirmant ‘’Si à Goma, on se comporte très bien, on accompagne l’équipe de la riposte, il y aura plus de peur que de mal’’.
Pourtant, les inquiétudes ne sont pas à exclure malgré les appels au calme surtout, que la ville de Goma, cité carrefour, se trouve géographiquement à la frontière du Rwanda, avec un port et un aéroport assurant à la fois des vols civils et ceux onusiens à destination de Kinshasa, Entebbe et Addis-Abeba.
Première réaction, le Rwanda, sous l’ampleur de la mauvaise nouvelle, a ordonné, lundi 15 juillet 2019, à ses ressortissants de se rendre à l’Est de la RDC.
Selon l’OMS, les autorités sont sur le qui-vive et ne cessent de multiplier les mesures de précaution et les appels au calme.
En chiffres, Ebola qui aurait fait quelques 1666 morts, était jusque-là cantonnée dans le Nord- Kivu, depuis sa déclaration officielle le 1er août 2018.
Médecins Sans Frontières (MSF) tirent également la sonnette d’alarme, pour cette ONG internationale, ce cas confirmé d’Ebola à Goma montre que la situation demeure « inquiétante », en arguant que l’épidémie n’est toujours pas sous contrôle.
On estime que cette Epidémie d’Ebola est la deuxième plus importante et la plus grave de l’histoire après celle qui avait coûté la vie à 11000 patients en Guinée, Liberia et en Sierra Léone durant les années 2013- 2014.