Réforme de la Moudawana : Rêve réalisable ou chimère ?
CE QUE JE PENSE
Au cœur du Maroc, une métamorphose silencieuse mais tangible s’annonce, présageant l’avènement d’une ère nouvelle pour les droits des femmes. Initiée sous l’égide visionnaire de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, une brise de renouveau souffle sur le Royaume, portant en elle l’air d’une révision capitale de la Moudawana. Cette démarche Royale, à la fois audacieuse et pionnière, marque le début d’une ère prometteuse pour l’égalité et la dignité de la femme marocaine.
Dans cette dynamique de transformation, l’invitation de Sa Majesté à revisiter la Moudawana dépasse une simple initiative législative pour résonner comme l’expression des espoirs et des ambitions de toute une nation. Cette réforme, empreinte d’une résolution inébranlable, aspire à démanteler les vestiges de la discrimination, érigeant ainsi un temple de justice sociale où la femme, au Maroc, accède à une égalité tangible avec l’homme, ancrée tant dans les textes que dans la réalité quotidienne.
Dans une société où moins d’une femme sur cinq occupe un emploi, et où le mariage des mineurs persiste malgré les progrès, cette réforme s’annonce cruciale. La nécessité de réguler strictement le mariage des mineurs, d’assurer une gestion équitable du patrimoine financier au sein du mariage, et de protéger l’intégrité morale et physique des femmes est plus pressante que jamais. Cependant, la réforme ne se veut pas un renversement des traditions, mais plutôt une adaptation respectueuse des principes islamiques, avec une attention particulière portée sur des sujets sensibles tels que l’héritage et la polygamie, en quête de solutions justes et équilibrées.
Bras de fer entre traditions et modernité
Dans ce paysage social complexe où les traditions se mêlent à la modernité, la question de l’égalité des sexes s’est longtemps heurtée à des résistances, tantôt sous le joug de préceptes traditionnels, tantôt sous le poids de structures socio-économiques rigides. Pourtant, l’histoire marocaine est aussi celle de femmes pionnières, de figures emblématiques qui, à l’image de la légendaire Kahina, ont lutté avec vaillance pour la liberté et la dignité.
Ces dernières années, une évolution remarquable a redéfini la condition féminine au Maroc, avec une présence féminine de plus en plus affirmée dans des domaines jadis réservés aux hommes. Cette ouverture témoigne d’une réévaluation significative des compétences féminines et de leur rôle au sein de la société. Toutefois, cette avancée porteuse d’espoir ne masque pas les défis persistants et les inégalités qui demeurent. Malgré les progrès, l’égalité complète reste un horizon lointain. Les femmes, représentant une majorité de la population, continuent de se heurter à des barrières pour accéder aux mêmes droits et opportunités que les hommes.
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Le combat pour l’égalité des sexes au Maroc se déploie dans un contexte marqué par d’importantes disparités et des contradictions évidentes. Bien que des avancées notables aient été réalisées en termes de gouvernance et d’accès des femmes aux positions de leadership, les défis sont profondément ancrés dans les fondements sociaux, économiques et culturels du pays. Aussi le 31 juillet 2021 marque-t-il un tournant avec l’introduction de quotas de représentation féminine au sein des Conseils d’administration, illustrant un engagement ferme vers la réduction des inégalités de genre dans le monde professionnel. Cette initiative vise à atteindre un minimum de 30 % de femmes en 2024, avec pour objectif d’élargir cette proportion à 40 % d’ici 2027, affirmant ainsi la volonté du Maroc de consolider la diversité de genre comme pilier essentiel de la gouvernance d’entreprise.
Cependant, l’écart flagrant entre les accomplissements académiques des femmes marocaines et leur intégration dans le milieu professionnel révèle une problématique profonde. Malgré une performance supérieure à celle de leurs homologues masculins dans les domaines académiques, notamment en gestion, sciences et technologies, les femmes se trouvent sous-représentées dans les sphères professionnelles et décisionnelles, soulignant un gaspillage préoccupant de compétences et de potentiel. Ce décalage, accentué par des disparités salariales, un déficit d’autonomie et une exposition accrue à divers risques, met en évidence l’incapacité de la société à convertir l’excellence académique féminine en réussites professionnelles. Le classement défavorable du Maroc dans le Rapport mondial de 2021 sur l’écart entre les genres du Forum Économique Mondial, particulièrement en ce qui concerne la participation et les opportunités économiques, illustre clairement l’urgence de cette problématique. Ainsi les obstacles à l’accès à l’emploi et aux postes de leadership pour les femmes ne constituent pas seulement une injustice sociale ; ils entravent également le développement économique et social du pays. L’exploitation insuffisante du potentiel féminin entraîne une carence de ressources humaines qualifiées, limitant ainsi la croissance économique du Maroc.
Face à cette réalité, l’activation économique des femmes devient un enjeu majeur. Leur intégration effective dans les politiques publiques et leur participation soutenue à l’économie sont indispensables pour inverser la tendance. La volatilité élevée du taux de chômage féminin, excédant les moyennes nationales, appelle à l’élaboration de stratégies de développement qui placent l’égalité de genre au cœur de leurs priorités.
Dans ce contexte, si l’instauration de quotas représente une avancée significative, elle ne constitue qu’un élément d’une solution plus vaste et nécessaire. Pour exploiter pleinement le potentiel humain du Maroc, un changement profond des mentalités et des structures organisationnelles s’impose. Garantir l’égalité d’accès à l’éducation et à l’emploi pour les femmes, ainsi que reconnaître à juste titre leur apport, sont des leviers essentiels pour une transformation socio-économique profonde et pérenne du Maroc.
Une réforme ambitieuse pour réinventer l’équité au Maroc
En juillet 2022, le discours de Sa Majesté le Roi Mohammed VI a inauguré une ère nouvelle dans la marche vers l’équité au Maroc, en appelant à une refonte majeure de la Moudawana, le Code de la famille marocain. Cette initiative, sous la houlette royale, préfigure des réformes d’envergure, avec une commission dédiée lancée dès septembre pour formuler des recommandations concrètes pour la fin mars. Cette démarche royale, pressante et résolue, vise à catalyser une transformation législative profonde, jusqu’ici entravée par les rouages institutionnels. La réforme envisagée, abordant des aspects cruciaux tels que la gestion des biens, la médiation familiale, ou encore la reconnaissance des tests ADN, est porteuse d’un changement sociétal significatif.
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L’engagement de Sa Majesté le Roi, manifesté dans son adresse au Premier ministre Aziz Akhannouch, souligne une volonté de mobiliser pleinement les capacités de l’ensemble de la population marocaine, mettant en lumière l’importance cruciale des femmes dans le tissu social, économique et politique du pays.
La révision de la Moudawana s’inscrit dans une vision d’un Maroc plus juste et égalitaire, cherchant non seulement à ajuster les cadres législatifs mais aussi à transformer les mentalités. Ce projet, encouragé dans un esprit de dialogue et d’ouverture, au-delà des clivages politiques, est un appel à une participation citoyenne active pour façonner un avenir où l’égalité et la justice sont des réalités vécues. Toutefois, au-delà des ajustements législatifs, cette réforme ambitionne une évolution profonde des perceptions, en luttant contre l’analphabétisme et en promouvant l’éducation pour toutes. L’autonomisation économique des femmes est érigée en pilier pour une société équitable, soulignant l’importance d’une égalité d’accès et de chances dans tous les domaines de la vie publique et privée.
Dans ce sens, l’objectif affiché lors du discours du Trône de 2022, est de parvenir à un Code de la Famille équilibré, reflétant fidèlement les principes d’équité et de justice. Malgré les avancées depuis la dernière réforme de 2004, renforcée par l’affirmation de l’égalité de genre en 2011, le besoin d’une actualisation est impératif pour répondre aux attentes contemporaines d’équité sociale.
Conscient des défis et résistances, S.M. le Roi Mohammed VI impulse une révision courageuse, soulignant l’urgence d’harmoniser le cadre légal avec les aspirations à l’équité et à la justice, pour un Maroc où chaque citoyen, indépendamment de son sexe, peut pleinement s’épanouir.
Réforme de la Moudawana : L’affaire de tous
Néanmoins, la route vers l’égalité est parsemée d’embûches. Si l’égalité juridique constitue un jalon essentiel, elle ne se traduit pas systématiquement par une égalité tangible. Les inégalités perdurent, marquées notamment par une application hétérogène des lois et par un accès inéquitable aux opportunités économiques et sociales.
De facto, l’initiative royale, avec sa clairvoyance des entraves socio-juridiques qui freinent l’émancipation des femmes marocaines, souligne la nécessité d’une mobilisation nationale. Pour que la Moudawana révèle sa pleine efficacité, il devient impératif de lancer une vaste campagne de communication, de sensibilisation et d’éducation.
Le Maroc se trouve ainsi tiraillé entre le respect de ses traditions et quête d’un futur empreint d’égalité. La réforme de la Moudawana se profile comme moment charnière, esquissant une avancée vers cet idéal. L’engagement de l’ensemble des acteurs, du gouvernement à la société civile en passant par chaque citoyen, s’avère crucial pour transformer les réformes en réalités tangibles et bénéfiques pour les femmes marocaines. Ce débat s’ancre dans un clivage idéologique profond, opposant une vision traditionaliste, ancrée dans une interprétation stricte des textes sacrés, à une approche progressiste, qui cherche à réconcilier ces écrits avec les principes universels de justice, d’équité et de dignité humaine. Cette dichotomie ne met pas seulement en lumière les défis sociétaux du Maroc mais souligne également l›urgence d›une réforme en adéquation avec les réalités du XXIe siècle. Par ailleurs, cette entreprise réformatrice s’inscrit dans un contexte global, où l’égalité des genres occupe une place centrale dans les débats internationaux. En empruntant cette voie, le Maroc s’affirme comme un pionnier dans la région MENA, prouvant que l’alliance entre tradition et modernité n’est pas seulement souhaitable mais fondamentale.
le succès de la Moudawana repose cependant non seulement sur la sensibilisation mais également sur la mise à disposition de ressources suffisantes pour sa mise en application. Les tribunaux familiaux, en particulier, nécessitent des investissements significatifs pour appliquer efficacement les nouvelles dispositions, représentant ainsi un défi de taille qui requiert un engagement et des contributions constants.
Vers un horizon d’équité ?
Dans sa noble quête d’égalité, le Maroc aspire à plus qu’une simple révision législative ; il ambitionne de redéfinir un avenir où justice et harmonie se fondent en une société réinventée. Sous l’égide de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, cette vision se déploie, promettant un horizon où femmes et filles marocaines évoluent libérées de toute entrave, actrices de leur destinée. D’ailleurs, l’objectif gouvernemental d’accroître la participation féminine dans l’économie à plus de 30% d’ici 2026 marque une prise de conscience cruciale, bien que son accomplissement exige une action résolue. Aujourd’hui, l’avenir se joue dans cette volonté de briser les chaînes de l’inégalité de genre, valorisant compétence et mérite au-delà du sexe, pour ériger une société où chacun contribue au développement collectif. Au cœur de cette transformation, les femmes marocaines se dressent en symboles d’espoir et d’évolution, actrices primordiales d’un Maroc équitable et prospère.
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Or, confronté à des réalités telles qu’un faible taux d’emploi féminin et la persistance du mariage des mineures, le Maroc est face à une nécessité urgente. Cette révision législative, tout en respectant les traditions, vise une meilleure harmonisation avec les principes islamiques, abordant avec finesse des sujets sensibles tels que l’héritage et la polygamie, en quête d’une justice renouvelée.
Mais les inégalités flagrantes, les violences et discriminations persistent, posant avec acuité la question de l’engagement réel vers l’égalité de genre. Les disparités salariales, le harcèlement et la stigmatisation témoignent d’un écart considérable entre les discours et la réalité, interrogeant sur la volonté politique d’éradiquer ces fléaux sociaux. Reconnaître donc le rôle central des femmes dans le développement et la modernité est impératif. Limiter leur participation sous couvert de tradition ou de modernité mal interprétée serait une impasse, un leurre de progrès.
Ainsi, au-delà des célébrations du 8 mars, il est essentiel d’agir concrètement. Stimuler l’activité économique féminine, reconnaître leur rôle stratégique dans le développement, et assurer une équité tant au foyer que sur le marché du travail, constituent des jalons indispensables pour que le Maroc s’engage résolument vers un avenir de progrès, de justice et d’égalité pour tous.