Réforme de l’enseignement : Un statut qui divise plus qu’il n’unifie

Par Omar El Yazidi 

Un conflit de plusieurs mois autour du statut unifié des fonctionnaires de l’éducation nationale continue de perturber le fonctionnement des écoles publiques. Cette réforme controversée, adoptée par le gouvernement il y a deux mois, est perçue comme une étape clé dans la réforme du système d’éducation et de formation. Mais, elle est critiquée par de nombreux enseignants qui estiment qu’elle impose des fonctions supplémentaires et plus d’heures de travail. La situation a conduit à plusieurs semaines de grèves, avec la menace d’une année scolaire compromise pour plus de 7 millions d’élèves.

Malgré les affirmations du ministère de tutelle selon lesquelles le projet de décret relatif au nouveau statut unifié a été élaboré en concertation avec les syndicats les plus représentatifs, de nombreuses coordinations s’y opposent. Plus de 25 coordinations contestent le processus, remettant en question la légitimité des représentants syndicaux impliqués dans les négociations.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes, avec près de 100 000 enseignants en grève depuis la rentrée scolaire. Plus d’une centaine de jours de cours ont déjà été perdus, laissant les autorités démunies face à cette situation complexe. Malgré les tentatives du chef du gouvernement de créer une commission ministérielle pour reprendre le dialogue avec les syndicats, les pourparlers ont jusqu’à présent échoué à résoudre la crise.

La défiance envers le Premier ministre est clairement exprimée par les enseignants qui refusent de répondre à son appel à reprendre les cours. La réunion du 8 septembre qualifiée de « mascarade » par les syndicats, qui visait à inciter les enseignants à retourner en classe, n’a eu aucun effet dans la réalité et a mis en évidence le manque de confiance accordé au gouvernement actuel.

« Diaboliser » les grèves des travailleurs de l’éducation en les liant à des « mouvements politiques spécifiques » ne contribuera pas à résoudre ce conflit, dénoncent les syndicats qui se radicalisent de plus en plus. En plus, les frondeurs dénoncent les « intimidations et les menaces » ne font qu’aggraver la situation déjà tendue.

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Dans ce contexte crispé, certains enseignants appellent le Premier ministre à exercer ses pouvoirs constitutionnels pour résoudre cette crise en demandant au Roi, conformément aux dispositions de l’article 47 de la Constitution, de tirer les conséquences de « l’incapacité du ministre de l’Éducation nationale à garantir le droit à l’éducation de millions d’élèves ». Toutefois l’Exécutif devrait d’abord apporter une communication transparente avec les familles marocaines pour expliquer la nature de la crise, son contexte et les démarches qu’il a entrepris. C’est déjà un premier pas pour rassurer les parents d’élèves meurtris par cette crise.

Un capital humain sacrifié

Avec cette crise qui perdure, le capital humain risque soit sacrifié. L’impératif pour le gouvernement est de mettre en place un processus politique et de gestion gouvernementale plus efficace pour répondre aux préoccupations des enseignants et assurer son rôle régalien, une bonne éducation.

La résolution de cette crise nécessite une véritable volonté politique et le respect des lois régissant le secteur de l’éducation. La mise en œuvre d’un comité national de suivi de la réforme du système éducatif, conformément à la loi-cadre 51/17, permettra de garantir une gouvernance cohérente et transparente.

Dans ce lot d’annonces à l’apaisement pour une cohésion avec les acteurs du système éducatif, des décisions fortes sont attendues pour le gouvernement afin d’agir de manière responsable et de prendre les mesures nécessaires pour résoudre cette crise, car maintenir les écoles fermées et les étudiants dans la rue est une situation inacceptable. La situation exige une véritable volonté politique pour garantir l’avenir de notre système éducatif et faire en sorte que chaque élève puisse bénéficier d’une éducation de qualité.

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