Report des élections au Sénégal : la France sommée de clarifier sa position

Le 3 février dernier, le président sénégalais Macky Sall a annoncé dans une allocution télévisée l’interruption et le report sine die du processus électoral présidentiel, invoquant des raisons de « crise institutionnelle ». Cette décision a provoqué une vive réaction de l’opposition et de la société civile, qui y voient une tentative de prolonger son mandat au-delà de la limite constitutionnelle de deux quinquennats. Le report des élections, initialement prévues pour le 25 février 2024, suscite également une forte inquiétude quant à la stabilité politique et à la consolidation démocratique du Sénégal, considéré comme un modèle en Afrique de l’Ouest.

Face à cette situation, les organisations régionales africaines, comme la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Union africaine (UA), ainsi que de nombreux partenaires internationaux du Sénégal, ont appelé au respect de l’ordre constitutionnel et à la tenue rapide d’élections libres, transparentes et inclusives. La France, ancienne puissance coloniale et principal allié économique et sécuritaire du Sénégal, est particulièrement attendue sur ce dossier, d’autant plus qu’elle compte des milliers de ressortissants établis dans ce pays.

C’est dans ce contexte que Karim Ben Cheikh, député de la 9ème circonscription des Français établis hors de France, qui comprend notamment le Sénégal, a interpellé le gouvernement français sur sa position vis-à-vis du report des élections. Dans une déclaration publiée le 12 février sur sa page Facebook, il a demandé au ministre de l’Europe et des Affaires étrangères français, Stéphane Séjourné, de clarifier sa position, après que des hautes autorités sénégalaises se sont prévalues dans la presse nationale française du soutien de la France concernant le calendrier de l’élection et les intentions politiques exprimées par elles.

Karim Ben Cheikh a rappelé que, le 7 février, lors de la séance des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, Stéphane Séjourné avait appelé clairement le gouvernement du Sénégal à « répondre aux aspirations légitimes de sa population, notamment de sa jeunesse », à « préserver sa longue tradition démocratique » et à « organiser l’élection présidentielle le plus rapidement possible, en accord avec sa constitution ». Il a souligné que ces propos étaient en contradiction avec la position prêtée à la France par certains responsables sénégalais, qui laissent entendre que Paris cautionne le report des élections et soutient la candidature de Macky Sall à un troisième mandat.

Karim Ben Cheikh a estimé qu’il était urgent que la France clarifie une nouvelle fois sa position, afin de ne pas laisser la parole de la France devenir la caution d’un report dans lequel se joue l’avenir démocratique, le respect de l’état de droit, la paix civile du Sénégal, mais aussi pour la France la sécurité de ses ressortissants sur place. Il a également exprimé sa solidarité avec le peuple sénégalais, qui aspire à exercer pleinement son droit de choisir librement ses dirigeants.

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