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Retraités du secteur privé : des pensions insuffisantes malgré les réformes

Les retraités du secteur privé affiliés à la CNSS vivent souvent dans la précarité, sous le seuil de pauvreté. Malgré des réformes fiscales annoncées, la situation demeure difficile pour une majorité d’entre eux, qui peinent à joindre les deux bouts et à maintenir un niveau de vie digne.

Avec une pension moyenne de 2.168 dirhams par mois, les retraités du secteur privé affiliés à la CNSS font partie des 1,42 million de Marocains vivant sous le seuil de pauvreté, selon les dernières données du Haut-commissariat au Plan (HCP). Cette situation est particulièrement préoccupante, car ces retraités, souvent après avoir consacré des décennies à travailler dans le secteur privé, se retrouvent aujourd’hui dans une grande précarité.

Les systèmes de retraite actuels, fondés sur un plafond de cotisation de 6.000 dirhams, limitent ainsi les pensions maximales à 4.200 dirhams, soit 70% du salaire de référence. Cependant, moins de 10% des retraités parviennent à atteindre ce montant. La majorité d’entre eux perçoit des pensions bien inférieures à 1.500 dirhams, les condamnant à vivre dans une grande précarité. Pour beaucoup, cette situation les oblige à dépendre de leurs enfants ou de leurs proches, voire à renoncer à des soins médicaux essentiels, faute de moyens financiers.

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En réponse à cette problématique, le gouvernement a annoncé une réforme fiscale concernant les pensions de retraite de base. À partir de 2025, la fiscalité sur ces pensions sera progressivement supprimée, avec une réduction de 50% de l’impôt en 2025, et une exonération totale à partir de 2026. Bien que cette mesure soit un pas dans la bonne direction, elle ne semble pas suffisante pour améliorer véritablement la situation des retraités les plus vulnérables. En 2023, 35% des retraités touchaient entre 1.000 et 1.500 dirhams, et 20% percevaient même moins de 1.000 dirhams, notamment parmi les bénéficiaires de pensions de survivants. Pour ces personnes, l’absence d’impôt ne compense en rien le faible montant de leur pension.

Les pensions de retraite complémentaire, qui pourraient constituer un complément important pour ces retraités, restent malheureusement réservées à une minorité. La CIMR, le principal régime complémentaire du pays, comptait seulement 7.197 entreprises adhérentes à la fin de 2023, contre 330.000 pour la CNSS. Cela signifie que très peu de retraités bénéficient d’une retraite complémentaire, et ceux qui y ont accès sont loin de représenter l’ensemble des travailleurs du secteur privé.

En 2023, la CNSS a versé 15,88 milliards de dirhams à plus de 753.000 bénéficiaires, soit une augmentation de 6% par rapport à 2022. Cependant, la pension moyenne de 1.814 dirhams reste largement insuffisante pour assurer un niveau de vie digne à ceux qui ont contribué toute leur vie à l’économie nationale. Selon les experts, il est donc impératif de repenser le système de retraite afin de garantir des conditions de vie décentes aux retraités, en particulier ceux qui ont travaillé dans le secteur privé et qui ne bénéficient pas des mêmes avantages que leurs homologues du secteur public.

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