Rougeole : une problématique urgente pour la santé publique
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La crise de la rougeole, exacerbée par la chute de la couverture vaccinale, met en péril la santé publique. Des voix s’élèvent pour alerter sur la nécessité d’agir rapidement, à travers une meilleure communication, un renforcement des infrastructures et un engagement des parlementaires, afin de restaurer la confiance des citoyens et prévenir de nouvelles tragédies.
Lors d’une conférence organisée par le réseau associatif « TIZI » le samedi 8 février 2025, des voix engagées se sont élevées pour alerter sur la recrudescence alarmante de la rougeole au Maroc. Parmi les intervenants figuraient la députée Loubna Sghiri, membre du groupe PPS à la Chambre des représentants, et le Dr Jaâfar Heikel, professeur de médecine et docteur en économie. Leur message commun mettait en lumière des chiffres préoccupants : 25 000 cas recensés et 120 décès liés à cette maladie, cinq fois plus contagieuse que la Covid-19.
Ces statistiques témoignent d’une situation sanitaire en péril, aggravée par une chute de la couverture vaccinale, passée de 97 % avant la pandémie à 83 % aujourd’hui, bien en deçà du seuil nécessaire pour garantir l’immunité collective (entre 90 et 95 %).
La désinformation met-elle la santé publique en péril ?
Le professeur Jaâfar Heikel a expliqué que cette baisse significative s’explique par une perte de confiance des parents dans le programme national de vaccination. Selon lui, cette crise de confiance est alimentée par la désinformation et par une communication inefficace, qui laissent place à des doutes quant à la sécurité et à l’efficacité des vaccins. De nombreuses familles, influencées par des discours erronés, choisissent désormais de négliger ou même de rejeter la vaccination, mettant ainsi en danger non seulement leurs enfants, mais aussi l’ensemble de la collectivité.
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Les médias jouent pourtant un rôle crucial dans l’éducation et l’information du public. Le professeur Heikel a notamment souligné l’importance des chaînes nationales, en particulier la première et la deuxième chaîne marocaines, qui se doivent d’expliquer des questions complexes de manière accessible. Ces chaînes offrent également une tribune aux parlementaires, aux médecins et aux professionnels de la santé, favorisant ainsi un débat communautaire essentiel pour mieux comprendre les enjeux sanitaires actuels. Pourtant, malgré ces efforts de communication, une fracture persiste entre les messages institutionnels et la réalité perçue par certains citoyens.
Il n’est pas rare d’entendre des témoignages tels que celui d’un parent affirmant vouloir faire vacciner son enfant, mais constatant l’absence de personnel dans certains centres de santé. Ce décalage entre la volonté des citoyens et l’accessibilité effective des services de santé est une réalité trop souvent ignorée. Plusieurs raisons peuvent expliquer ces difficultés d’accès : manque d’infrastructures, indisponibilité de médecins ou encore absence d’information sur les horaires et les sites de vaccination. Il ne s’agit pas simplement d’un manque de volonté, mais d’un problème structurel qui empêche de nombreux Marocains de bénéficier de soins essentiels sans avoir à avancer des frais imprévus.
Selon le professeur Heikel, la santé étant un bien commun et un droit fondamental, il est impératif que le gouvernement assure un accès équitable et de qualité aux soins pour tous. Une population en mauvaise santé ne peut qu’affaiblir la cohésion sociale et freiner le développement économique. Les chiffres actuels, avec une couverture vaccinale tombée à 83 %, démontrent que des efforts urgents doivent être entrepris pour rétablir la confiance dans le système de santé et pour garantir que chaque citoyen puisse bénéficier de services médicaux adaptés.
L’impératif d’un suivi législatif efficace dans le secteur de la santé
Au-delà des problématiques strictement sanitaires, la conférence a permis de rappeler le rôle essentiel des parlementaires dans l’amélioration des conditions de vie des citoyens. La députée Loubna Sghiri a insisté sur le fait que le parlement n’est pas seulement un lieu de débats théoriques, mais un espace d’action ancré dans la réalité du terrain. Pour elle, il est primordial que les lois et les politiques publiques, notamment dans le domaine de la santé, soient conçues en tenant compte des besoins réels des populations. Ce n’est qu’en adaptant la législation aux contraintes du quotidien que l’on pourra espérer améliorer la situation.
Selon Loubna Sghiri toujours, les parlementaires doivent ainsi sortir des salles d’assemblée pour aller à la rencontre des citoyens. Il ne suffit pas de formuler des promesses électorales, il est essentiel d’observer et de comprendre les difficultés rencontrées sur le terrain. Par exemple, lorsque des citoyens se plaignent de l’absence de services dans les centres de santé, il est de leur devoir de mener des enquêtes de terrain, d’organiser des commissions d’enquête et de proposer des mesures concrètes pour remédier à ces dysfonctionnements.
La situation décrite lors de la conférence rappelle l’exemple d’une femme qui, après avoir parcouru des kilomètres, se retrouve devant un centre de santé fermé, sans médecin ni personnel disponible. De tels cas ne peuvent être tolérés dans un pays où la santé doit être un droit accessible à tous, fustige le professeur Heikel. Les parlementaires doivent impérativement exercer leur rôle de contrôle et de suivi des politiques publiques. Ils doivent s’assurer que les ressources allouées aux ministères, notamment celui de la Santé, soient utilisées de manière optimale pour répondre aux attentes des citoyens.
Il apparaît également que le manque d’information et la désorganisation des centres de santé contribuent à la méfiance des citoyens. Pour inverser cette tendance, il est nécessaire d’améliorer la communication entre les autorités sanitaires et le grand public, en exploitant pleinement les médias et les réseaux associatifs. Les initiatives locales et les campagnes d’information ciblées pourraient contribuer à redonner confiance aux populations et à encourager la vaccination, essentielle pour endiguer la propagation de maladies dangereuses comme la rougeole.