Séisme: l’Albanie, en deuil, recherche désespérément des survivants
L’Albanie en deuil au lendemain d’un violent séisme qui a fait près de 30 morts continuait d’extraire mercredi des corps maculés de poussière d’immeubles en ruines, tout en redoublant d’efforts pour libérer des survivants.
Après le tremblement de terre de magnitude 6,4 survenu la veille avant l’aube, le plus puissant séisme à frapper ce pays des Balkans depuis plusieurs décennies, les autorités ont décrété l’état d’urgence dans les deux villes les plus durement touchées: la localité touristique côtière de Durres, sur l’Adriatique, et Thumane, au nord de la capitale Tirana.
Depuis, les secours sont engagés dans une course contre la montre pour trouver des survivants dans les montagnes de gravats après avoir déjà sauvé 45 personnes. Ils ont le renfort de plus de 200 experts italiens, grecs et français, et le concours de chiens et d’appareils spécialisés pour détecter les victimes dans les décombres.
Mais les sauveteurs continuent de sortir des corps et les cris de désespoir jaillissent des ruines.
A Thumane, les dépouilles d’un couple, Pellumb et Celike Greku ont été retrouvées dans la matinée. Leur fils Saimir avait été extrait vivant la veille au soir mais il est décédé à l’hôpital, expliquent à l’AFP des proches et des voisins.
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Ils pleurent. « C’est terrible, terrible », se lamente une vieille dame en s’arrachant les cheveux. Saimir, qui vivait à l’étranger comme de nombreux Albanais, était venu rendre visite à ses parents. « Ils sont allés ensemble au paradis », dit Valbona Cupi, 60 ans, le visage recouvert de larmes. « C’était des gens très honnêtes et pauvres ».
A quelques mètres de là, les secouristes ont extrait la dépouille d’un jeune homme d’un autre immeuble écroulé, où les sauveteurs recherchaient également une jeune fille dont ils pensent qu’elle est toujours en vie.
Selon un dernier bilan du ministère de la Défense, 28 personnes sont mortes. Mais il n’existe pas d’estimations sur le nombre de personnes encore coincées et ce bilan pourrait s’alourdir.
La catastrophe a également fait 650 blessés, pour la plupart légers.
A Durres, dans le quartier de Keneta, un ancien marécage, les sauveteurs fouillaient les ruines de la maison de la famille Lala, originaire du nord pauvre de l’Albanie et venue s’installer dans cette ville portuaire dans l’espoir d’une vie meilleure.
Ils recherchent le père, la mère et leurs quatre enfants, dont deux jumelles de deux ans. « L’espoir est la dernière chose qui meurt », dit à l’AFP Asije, 40 ans, une proche de la famille, le regard vide.
« Les opérations de sauvetage sont très difficiles car on ne peut pas utiliser de machines » en raison de la fragilité des lieux. « On doit travailler avec les mains », explique à l’AFP Hasan Lala, un autre membre de la famille venu aider aux opérations.
« La priorité, c’est de sauver la vie des gens », a déclaré le Premier ministre Edi Rama en proclamant l’état d’urgence pour 30 jours à Thumane et à Durres.
L’Albanie observait mercredi une journée de deuil national. Les festivités du jour de l’indépendance, les 28 et 29 novembre, ont été annulées.
En signe de solidarité, le Kosovo où la population est en grande majorité constituée d’Albanais, a également décrété une journée de deuil national. Deux frères kosovars, Shemsedin et Isa Abazi figurent parmi les victimes. Selon l’ambassadeur du Kosovo en Albanie, cité par la télévision kosovare, ils se trouvaient à Durres pour y travailler.
Des milliers de personnes, dont les logements ont été détruits ou trop fragilisés par le séisme, ont passé la nuit dans des tentes installées par les secours dans les deux villes sinistrées.
D’après la mairie de Durres, 27 immeubles sont gravement endommagés. Les autorités ont appelé les habitants à ne pas y retourner avant la fin des vérifications, alors que plus de 300 répliques ont succédé à la secousse initiale.
L’Albanie est connue pour son urbanisme sauvage, en particulier dans les zones touristiques.
Selon un sismologue albanais, Rrapo Ormeni, il s’agissait du plus puissant séisme survenu dans la région de Durres depuis 1926.
Les Balkans connaissent une forte activité sismique du fait des mouvements des plaques tectoniques africaine et eurasienne, ainsi que ceux de la microplaque Adriatique. Les tremblements de terre y sont fréquents. En 1963, un séisme a fait un millier de morts à Skopje.
Avec AFP