Sommet Euro-Arabe de Charm el-Cheikh: Bilan et Perspectives ?

Par Jawad Kerdoudi

Le premier Sommet réunissant les 49 pays de la Ligue des Etats arabes et de l’Union européenne s’est tenu les 24 et 25 Février 2019 à Charm el-Cheikh en Egypte.

Présidé par Donald Tusk et Abdel Fattah Sissi, étaient présent également Federica Mogherini Haute représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères, ainsi que Ahmed Abou Gheit Secrétaire général de la Ligue Arabe.

Le Sommet a tout d’abord mis en exergue le respect par les deux parties des valeurs fondamentales telles que les droits de l’Homme et la tolérance. Il s’est prononcé pour une coopération régionale renforcée, et une approche collaborative donnant la priorité aux femmes et aux jeunes, et reconnaissant le rôle important de la société civile.

Le Sommet a également décidé de renforcer la coopération économique entre les deux parties dans le domaine du commerce, de l’énergie, de la science, de la recherche, de la technologie, du tourisme et de l’agriculture. L’Union européenne et la Ligue des Etats arabes ont réitéré leur soutien au multilatéralisme et au droit international.

Les intervenants au Sommet ont mis l’accent sur les défis que rencontrent les deux régions : le changement climatique, la migration irrégulière, le trafic et la traite des êtres humains, la lutte contre la haine et la tolérance, la lutte contre le terrorisme et la radicalisation.

Pour relever ces défis, le Sommet a appelé à une coopération accrue entre l’Union européenne, la Ligue des Etats arabes, l’ONU et l’Union africaine. Dans ce contexte, le Sommet a exprimé son soutien aux réfugiés, la lutte contre toute aide au terrorisme, la condamnation de toutes les formes d’incitation à la haine, à la xénophobie et à l’intolérance.

→ Lire aussi : “Le 1er Sommet Euro-arabe, un moment fort de dialogue et une volonté commune de hisser ce processus à des niveaux plus élevés”

Le Sommet a également abordé les questions régionales. Concernant le conflit israélo-palestinien, les deux parties ont  réitéré leur engagement à la solution à deux Etats, en tant que seul moyen réaliste de parvenir à un paix juste, durable et globale. Ils ont appelé au respect du statut juridique de Jérusalem et à un changement fondamental pour améliorer la situation dans la bande de Gaza.

Ils ont enfin réaffirmé la nécessité de soutenir l’UNRWA notamment sur le plan financier. Concernant la Syrie, ils ont rappelé que la seule solution durable est une véritable transition politique, conformément au communiqué de Genève de 2012. Pour ce qui est de la Libye, ils ont exprimé leur soutien à la mise en œuvre de l’accord politique libyen conclu en 2015. En ce qui concerne le Yémen, les dirigeants ont salué l’accord de Stockholm et en particulier le cessez-le-feu conclu à Hodeïda.

Dans son discours au Sommet Euro-Arabe de Charm el-Cheikh, le Roi Mohammed VI a fixé trois priorités. La première est que « la sécurité de la Nation arabe doit rester une affaire strictement arabe, tenue à l’abri de toute ingérence et de toute interférence extérieure ». La deuxième priorité est qu’il « incombe à l’Europe d’aider ses voisins arabes à atteindre l’essor économique, scientifique et technologique nécessaire pour réduire les disparités économiques et sociales qui séparent les deux partenaires ».

La troisième priorité est de « configurer les partenariats futurs de manière à créer un environnement intellectuel, culturel et médiatique propice à la cœxistence et à la coopération ». Le Souverain a ajouté que le Maroc qui dispose du Statut avancé avec l’Union européenne est disposé à faire évoluer la coopération Euro-Arabe vers un partenariat innovant, et recommande de dynamiser les structures existantes tels que le « Dialogue 5+5 », l’Union pour la Méditerranée, et l’Union du Maghreb Arabe.

En conclusion, on ne peut que se féliciter de ce rapprochement entre l’Union européenne et la Ligue des Etats arabes dans un contexte international marqué par la politique étrangère de Donald Trump. Ce dernier a en effet donné sa préférence au bilatéralisme, s’est retiré de l’Accord de Paris sur le changement climatique, et a apporté un soutien inconditionnel à Israël, en transférant notamment l’Ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem.

Ce rapprochement Euro-Arabe est également utile pour faire face à la mainmise sur le Moyen-Orient du trio Iran/Russie/Turquie notamment en Syrie. Pour être effective, la coopération Euro-Arabe doit se traduire par des décisions concrètes le plus rapidement possible, sans attendre le prochain Sommet qui n’aura lieu à Bruxelles qu’en 2022. Du fait de ses relations étroites avec l’Union européenne, le Maroc peut jouer un rôle de premier plan dans l’approfondissement de la coopération Euro-Arabe.

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