Sur fond de renforcement du courant radical, Trump consolide son emprise sur le Parti républicain

Jihad BENCHEKROUN 

Malgré ses démêlés judiciaires, l’ancien président Donald Trump reste incontestablement un personnage clé de la scène politique américaine. Ses procès en série, qu’il ne cesse de réfuter comme étant un complot tramé par les démocrates, sont même au cœur de sa campagne pour briguer un nouveau mandat à la Maison Blanche. Sa popularité ne cesse de croître notamment au sein de son parti républicain. A un an de la présidentielle, il est non seulement le candidat favori mais s’impose également comme le leader aux commandes au sein de sa formation.

Tout récemment, l’élection du républicain Mike Johnson au poste de président de la Chambre des représentants a mis fin, certes, à la paralysie au Congrès mais elle a surtout rappelé l’emprise de l’ancien président sur le Grand Old Party. Le poste de speaker de la Chambre des représentants était vacant depuis la destitution du républicain Kevin McCarthy suite à une motion de censure introduite par un membre de son parti. McCarthy a été jugé trop conciliant avec les démocrates dans les négociations au sujet du financement fédéral, s’attirant les foudres de l’aile dure du parti qui a fini par l’évincer de son poste.

L’adoption de la motion de censure, qui marque une escalade majeure des luttes fratricides au sein du Grand Old Party, a eu lieu quelques jours seulement après que McCarthy ait réussi à faire adopter une mesure de financement qui permet de maintenir le financement du gouvernement fédéral jusqu’au 17 novembre. L’aile radicale du parti prend le pouvoir

L’aile radicale du GOP a reproché à McCarthy de compter sur les votes des Démocrates pour faire adopter cette mesure de financement, sans prendre en considération ses propres revendications, dont une baisse substantielle des dépenses fédérales et un plus grand budget alloué à la sécurisation des frontières. En raison d’une faible majorité à la Chambre des représentants, les ultra-conservateurs ont pris de plus en plus de poids et n’hésitent plus à faire entendre leur voix et imposer leur agenda politique.

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Plusieurs candidats républicains tentent ensuite de succéder à McCarthy, mais en vain, dont le député de l’Ohio Jim Jordan, Tom Emmer du Minnesota ou encore Steve Scalise de la Louisiane. En effet, les profondes divisions au sein du Grand Old Party, en particulier entre les ultras-conservateurs et les modérés, avaient paralysé la chambre basse du Congrès, qui ne pouvait ainsi soumettre aucun texte au vote. Mike Johnson, fidèle allié de Trump.

Seul Johnson, qui épouse l’idéologie de l’ancien président Donald Trump, est arrivé au bout et a pu décrocher le poste tant convoité de speaker. En effet, Johnson est connu pour son ardente opposition à l’avortement et son soutien aux priorités clés du mouvement MAGA de Trump. Il avait notamment décrit l’immigration clandestine comme « la véritable menace existentielle » pour l’avenir de l’Amérique et a même tenté au sein du Congrès d’annuler les résultats des élections présidentielles de 2020, dont il a affirmé qu’ils étaient entachés d’allégations “crédibles de fraude et d’irrégularité”.

L’actuel speaker de la chambre basse du Congrès avait fait écho à certaines des affirmations clés de Trump selon lesquelles l’élection de 2020 avait été « truquée » et avait fourni les arguments intellectuels et juridiques qui soutiennent les efforts républicains de la Chambre pour rejeter les résultats.

Le nouveau speaker est aussi connu pour sa proximité avec les chrétiens évangéliques conservateurs, qui forment une bonne partie de la base de Donald Trump. Retraits de Mike Pence et de Tim Scott de la course présidentielle, nouveau signe de l’emprise de Trump.

Pour plusieurs analystes, le retrait de l’ancien président Mike Pence de la course à la Maison Blanche est un autre signe du pouvoir qu’exerce Trump auprès des républicains. En effet, les partisans de l’ancien président n’ont jamais pardonné à Pence d’avoir changé de ton à la suite de l’assaut contre le Capitole, le 6 janvier 2021, et de ne pas avoir empêché la certification par les élus de la victoire de Joe Biden à la présidentielle de 2020. Plusieurs fidèles de Trump le considèrent comme un “traître”. Tout au long de sa campagne électorale, Pence était à la traîne dans les sondages et avait beaucoup de mal auprès des donateurs pour lever les fonds nécessaires. L’ancien vice-président a finalement jeté l’éponge.

L’annonce par le sénateur de la Caroline du Sud Tim Scott de la suspension de sa campagne en vue des élections présidentielles vient aussi conforter l’emprise du milliardaire new-yorkais sur le GOP. Scott a eu du mal à gagner du terrain dans les sondages, malgré les millions de dollars dépensés par des donateurs de premier plan. Le sénateur a souvent été éclipsé par les autres candidats du GOP, en particulier lors des débats télévisés. Il a peiné pour séduire les républicains, qui sont plus enclins à soutenir Trump. Les sondages confirment la popularité de Trump

L’ancien président Donald Trump mène aussi la course à l’investiture du Parti républicain avec le soutien d’un nombre record de 62 % des électeurs républicains aux primaires, selon la nouvelle enquête de Fox News.

Le milliardaire devance de loin son plus proche concurrent, le gouverneur de la Floride Ron DeSantis (14%). L’ancienne ambassadrice auprès des Nations Unies Nikki Haley est troisième avec 11% des intensions de vote, indiquent les résultats de ce sondage publiés mercredi.

Les dirigeants du parti doivent composer bon gré, mal gré, avec l’ancien président, qui malgré diverses inculpations, est présent de manière quasi-quotidienne dans les médias et les meetings du parti d’Abraham Lincoln et continue de mobiliser sa base de partisans. Toutefois, le chemin du favori des primaires républicaines vers la Maison Blanche est loin d’être une partie de plaisir.

Avec MAP

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