Télécommunication : L’attribution de la 5G va-t-elle être accélérée ?
Mouhamet Ndiongue
Le Maroc veut se positionner comme un pionnier en matière de développement et de modernité en Afrique. Cependant, il faut un élément important pour y accéder, le développement d’infrastructures modernes et efficaces dans le domaine des télécommunications. Le basculement des communications mobiles est important dans le monde entier, vers la 5e génération dite (5G), est d’ailleurs très attendu au Maroc. Aujourd’hui, les trois opérateurs de téléphonie mobile Maroc Telecom, Orange et INWI sont dans les starting-blocks pour décrocher le fameux sésame de la 5G. L’attribution de la 5G se fait toujours attendre au détriment des enjeux de développement et des besoins technologiques.
Jusqu’en 2022, les autorités n’ont pas encore réglementé les licences d’exploitation commerciale de la 5G au Maroc. Tous les acteurs du marché attendent le début du processus d’attribution qui sera défini et organisé par l’Autorité nationale de régulation des télécommunications (ANRT).
Parmi les prétendants à l’utilisation de la 5G, il y a le deuxième opérateur de télécommunications au Maroc, Orange, qui appartient en partie à la filiale française de téléphonie mobile de France Télécom du même nom, qui est encore en attente de la décision finale sur la technologie qui sera utilisée pour mettre en place les réseaux 5G. En France, Orange a opté pour les fournisseurs de réseaux Nokia et Eriksson, notamment pour ne pas avoir à s’exposer à des problèmes entre les États-Unis et la Chine à cause du fournisseur chinois Huawei, qui fait polémique dans les pays de l’OTAN. Il n’est pas encore clair si Orange s’appuiera également sur Nokia et Eriksson au Maroc. Quant à Maroc Telecom et INWI, ils devraient s’appuyer sur l’infrastructure de Huawei.
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Dans le même temps, le marché des connexions à large bande se développe actuellement, en particulier dans l’environnement des entreprises, mais aussi de plus en plus dans les ménages privés. Pour des investissements à l’épreuve du temps, les entreprises ont besoin de bandes passantes de données supérieures aux 100 M/bit par seconde que la 5G peut offrir dans la première phase d’expansion. Les réseaux de fibre optique offrent déjà des débits de données de 1G/bit aux ménages privés en Europe. Si la 5G devait être déployée trop rapidement, les petites entreprises pourraient se désintéresser d’une connexion haut débit encore très chère à l’heure actuelle, ce qui rendrait plus difficile la couverture des coûts d’expansion élevés des réseaux à fibre optique.
Que dit l’autorité de régulation marocaine ?
L’ANRT a déjà ajusté sa propre estimation pour la date du lancement d’un réseau 5G. En 2020, l’autorité elle-même parlait d’un démarrage pour fin 2023, mais en interne il ne devrait pas démarrer avant 2025. Cependant, les acteurs du secteur estiment que le concours pour l’attribution des fréquences de transmission 5G n’aura pas lieu avant la fin de 2022. Les trois fournisseurs de télécommunications ont lancé les premiers tests 5G dans les grandes villes en 2019.
Le Maroc a déjà l’expérience de la procédure nécessaire. En 2014, les acteurs du marché mentionnés (Orange à l’époque encore sous la marque Méditel) ont été appelés à un appel d’offres. Le processus d’octroi de licence n’a pris fin qu’en mars 2015. A cette époque, l’État a encaissé plus de 2 milliards de dirhams pour Maroc Telecom (IAM), 503 millions de dirhams pour Meditel (aujourd’hui Orange) et 500 millions de dirhams pour WANA Corporate (INWI) ). Par ailleurs, les opérateurs ont supporté les coûts techniques de mise en œuvre des nouveaux réseaux mobiles avec un montant d’investissement estimé à 860,4 millions de dirhams.
Le besoin d’une expansion rapide de la technologie pour le Maroc
Globalement, outre la stabilité politique d’un pays, ses infrastructures jouent également un rôle majeur en matière d’investissements, notamment étrangers. Les réseaux de télécommunications modernes sont un avantage concurrentiel et une base pour l’échange de données entre les acteurs économiques. En outre, l’État s’appuie de plus en plus sur la numérisation, par exemple dans la lutte contre la corruption dans le secteur public et l’évasion fiscale via l’utilisation de l’argent noir. De nouvelles méthodes de paiement numériques et un accès de base aux services financiers pour toutes les couches de la population doivent être rendus possibles grâce à la numérisation.
Dans le même temps, la pandémie de coronavirus a révélé impitoyablement les déficits de la structure sociale et des systèmes de santé et d’éducation. De nouveaux débits de données performants via les communications mobiles doivent contribuer au développement de régions difficilement accessibles par l’enseignement à distance et la télémédecine, car un réseau haut débit via la fibre optique ne semble souvent pas possible d’un point de vue logistique et économique. Donc l’accélération de l’attribution de la 5G doit être accélérée pour faire face aux enjeux sécuritaires et de développement.