Tindouf : De séquestrés à réfugiés, entre fantasmes et escroquerie algérienne de chiffres
Par Hassan Alaoui
Notre confrère algérien Tout sur l’Algérie (TSA) ne croit pas si bien dire : il nous gratifie d’une information « exclusive » selon laquelle « 173.6000 sahraouis ont été recensés dans les camps de Tindouf au 31 décembre 2017 ». Il précise par ailleurs que « ce total prend en considération uniquement les réfugiés résidant dans les camps Awserd, Boujdour, Dakhla, Laayoune et Smara de Tindouf ».
Il convient d’emblée de souligner qu’aussi bien « l’information » en elle-même, que les chiffres livrés et la qualification délibérée de « réfugiés » relèvent à coup sûr de la propagande mensongère, ni plus, ni moins. A moins qu’il ne s’agisse – et c’est encore plus grave – d’une méconnaissance ahurissante du dossier du Sahara.
Ce que la littérature algérienne dénomme « réfugiés sahraouis » depuis l’époque de Boumediene, sont des concitoyens marocains séquestrés, dont notre pays ne cesse depuis 1975 de revendiquer à cor et à cri leur libération et leur retour à la mère-patrie, le Maroc. Après la Marche verte et son succès international, fin 1975, l’armée algérienne ( ALN), qui était planquée aux frontières avec ordre de Boumediene d’intervenir le cas échéant pour éventuellement prêter main forte à l’armée de Franco, envahie par les 350.000 marcheurs, quelque centaines d’habitants du Sahara avaient été pris dans les fourgons de cette même armée algérienne, conduits ensuite manu militari vers Tindouf, parqués dans des camps, surveillés sous des mirador, maltraités, humiliés et désespérés.
Je dis quelques centaines, peut-être un ou deux milliers sans exagération aucune. Le retour du Maroc à son Sahara en 1975 a constitué plutôt une libération et les populations qui y résidaient, accablées par l’occupation coloniale espagnole, étaient soulagées et manifestaient leur enthousiasme de retrouver leurs frères marocains. Boumediene à partir de son poste d’Alger et ses officiers dépêchés dans les recoins d’Amgala, à proximité du théâtre des événements que furent Lâayoune, Smara, Boujdour, Tifariti et autres villes, n’avalèrent pas la couleuvre.
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Entre le 9 novembre et le 14 novembre 1975, date à laquelle l’Accord tripartite ( Maroc, Espagne et Mauritanie) avait été signé, l’armée algérienne s’était donc emparée de familles et les avait embarquées sans crier gare. Avec l’objectif d’en faire des « martyres » et de les exposer – comme on le verra plus tard – à la presse internationale. Or, la plus écrasante majorité des populations sahraouies sont demeurées au Sahara. Elles y vivent depuis, travaillent et s’activent à l’instar de tous les citoyens des régions du nord, de l’est et l’ouest du Royaume.
Ce qu’il faut souligner en revanche c’est l’existence d’un recensement de population opéré en 1974 par les Nations unies au Sahara et que Franco voulait instrumentaliser pour organiser – avec une Algérie complice et duplice – un référendum antimarocain. Et dont feu Hassan II , tout à sa lucidité, étouffa dans l’œuf le projet. Le généralissime, dit Caudillo, Francisco Franco, dictateur de son état, avait 83ans quand il caressait encore le projet funeste d’instaurer un « Sahara indépendant » et, surtout, d’empêcher le Maroc de le récupérer contre vents et marées. Il mourra le 20 novembre 1975 de sa belle mort, la rage au cœur, 11 jours exactement après le succès de la Marche verte.
Nous avons dit que la population recensée en 1974, s’élevait officiellement à quelque 70.000 sahraouis. Après la Marche verte, un an plus tard, elle était restée la même, aux mêmes chiffres, constituant pour ainsi dire la totalité des citoyens originaires du territoire récupéré, dûment récupéré dans le cadre d’un accord signé à Madrid et reconnu par les Nations unies, en décembre 1975.
La minorité conduite sous la baïllonnette algérienne pouvait présenter à la limite, en extrapolant, quelque 2 à 3 000 sahraouis, mais pas les 70.000 habitants recensés ! Peut-on imaginer a contrario tout un peuple déplacé si aisément, traversant des milliers de kilomètres de dunes, dans l’épuisement total pour se « réfugier » dans les camps de Tindouf Lahmada ??? Peut-on concevoir également que de 3000 « réfugiés » en 1975 , les Sahraouis de Tindouf soient si vite passés à 174.000 en 2018 ? Les démographes nous apprennent que même les « générations spontanées » ne peuvent passer en 30 ou 40 ans de 3000 à près de 200.000 citoyens !
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Il s’est passé que pendant des années, l’armée algérienne a ratissé large dans les zones désertiques, au sud algérien, entre le Niger, la Mauritanie, le Mali, dans toute cette vaste zone en déshérence, frappée par des sécheresses successives. Elle a recueilli des nomades de ces pays qui fuyaient l’aridité en quête de terres plus clémentes, elle les a enrôlées dans les rangs du polisario, engloutis dans les camps de Lahmada. L’objectif est que dans la perspective d’un pseudo référendum d’autodétermination qu’Alger revendique à cor et à cri, il devenait impérieux de gonfler le chiffre des prétendus sahraouis appelés à voter.
Mais c’était s’emballer sans compter sur la perspicacité du Maroc et de l’ONU qui n’avaient et n’ont de cesse de réclamer un recensement authentique des populations parquées dans les camps, c’est-à-dire de vérifier qui est ou non réellement sahraoui. En effet, pendant des années le Haut Commissariat aux Réfugiés de l’ONU ( HCR) en appelle vainement à la possibilité de se rendre dans les camps pour entreprendre cette démarche de vérité. Il s’est constamment heurté à la même fin de non-recevoir…
Antonio Guterres, aujourd’hui secrétaire général des Nations unies, était le Haut Commissaire aux Réfugiés de 2005 à 2015, il sait de quoi la question des séquestrés de Tindouf relève, parce que lui-même en désespérait de ne pouvoir s’y rendre. En tout état de cause, la formule de référendum, aux dires mêmes de Peter van Walsum, l’ancien émissaire au Sahara, est devenue d’autant plus caduque que polisario et Algérie, en cas contraire, ne sauraient en remplir aucune condition. Et notamment le recensement objectif…