TMPE : Plaidoyer pour le grand saut vers le système formel

« Pourquoi faut-il financer la TPME ? » a été au centre d’une table ronde, organisée ce jeudi 10 novembre 2022 par Horizon press group, dans le cadre du cycle de conférence Eco Décodages.

Avec un panel composé d’acteurs du secteur, cette table ronde a permis de débattre sur les principaux enjeux des TPME, notamment la question du financement, mais aussi le besoin essentiel de l’innovation ainsi que les alternatives à adopter pour rendre le tissu des TPME au Maroc productif.

Très impactées par les multiples crises de ces derniers jours, les TPME marocaines n’ont pas fini leur traversée du désert, d’autant plus que la prochaine loi de finance 2023, avec les nouvelles réformes fiscales ne semble pas très favorable à ces dernières. Malgré tout la relance économique tant prônée par le gouvernement laisse espérer de l’espoir pour les TMPME. Cette question de relance doit d’abord se faire avec le financement, qui pour l’instant est à l’état de débat et de proposition. Et c’est tout la quintessence de la conférence Eco Décodages, qu’Horizon press group a organisé, en collaboration avec Tamwilcom, jeudi 10 novembre 2022 pour justement débattre sur cette question.

Le panel de la conférence est composé de Hicham Zanati Serghini, directeur général de Tamwilcom, Bernard Labous, directeur du Retail Banking de BMCI, Saad Hamouni, fondateur et directeur général du cabinet Harvard Consulting et Mohamed Ali Tazi, président-directeur général de HMI, ont chacun essayer d’apporter les réponses nécessaires pour qu’enfin l’équation dont les difficultés d’accès aux financements pour les TPME soient connues, ce qui permettra de mieux contourner les problématiques, mais surtout maîtriser le risque lié à cette problématique.

Les débats ont aussi permis de faire le focus sur les politiques visant à mettre en œuvre et renforcer l’inclusion financière, nouveaux défis, ainsi que les solutions et alternatives susceptibles de renforcer le tissu des TPME. Des sujets tels que l’accompagnement, l’innovation ou encore l’entrepreneuriat féminin étaient également au menu de cette journée.

Sur l’écosystème des TPME, Hicham Zanati Serghini, Directeur Général de TAMWILCOM, a estimé que « Si on examine le tissu économique marocain, nous allons constater que nous sommes un pays à 99% de TPME. Sauf qu’on aboutit seulement à 600 000 entreprises, ce qui est très peu pour le Maroc en tant que pays à forte ambition. » Pour l’exemple, le DG de TAMWILCOM a également soutenu que des PME représentent qu’entre 13 000 et 18 000 entreprises sur tout le tissu économique.

Pour M. Serghini l’enjeu aujourd’hui, est de parvenir à renforcer davantage les TPE. Et ce, en accordant plus d’attention à la question de l’informel. Sachant qu’on recense, chez les TPME de multiples activités qui s’inscrivent justement dans l’informel. Mais pas que, « l’objectif aujourd’hui est de densifier le tissu des PME, compte tenu du rôle important qu’elles jouent entre la grande entreprise et la TPE, ainsi que son importance notamment en termes d’agilité. »

D’autre part, si l’on examine leur structure financière, le DG de TAMWILCOM soutient que « nous allons nous rendre compte que leurs fonds propres ne représentent que près de 28% en moyenne. Tandis qu’ils sont de 30% jusqu’à 50% dans les pays les plus avancés. »

Sur la question des dettes commerciales, elles représentent entre 20 et 25% du passif. Le crédit commercial est donc l’une des sources de financements des TPME, ce qui fait des crédits interentreprises une autre source de financement.

« Le financement externe notamment bancaire, n’est bizarrement pas aussi présent au Maroc que  les autres pays plus développés vu qu’il ne représente que près de 27%. Ce qui montre qu’il y a encore de la place pour pouvoir financer la TPME de manière globale. »

Sur la question de l’accompagnement, Bernard Labous, Directeur au groupe BMCI, soutient qu’il est « fondamental » et tous les acteurs doivent y participer.

Plusieurs moyens existent afin d’accompagner les porteurs de projets, notamment la création des incubateurs, plaide-t-il. Les banques savent d’ailleurs le faire. Pour exemple, le Directeur au groupe BMCI note qu’en Turquie, il a été créé un incubateur avec des consultants extérieurs qui accompagnent les créateurs pour leur apporter des réponses  sur la façon de monter un business plan ou la manière de vendre son projet au banquier… Ce sont donc des exemples que l’on peut dupliquer au Maroc car il y a un fort dynamisme et d’innovation dans le pays.

« Quant au financement, il arrive en dernier. Ce n’est que quand on croit au projet, au créateur, aux produits… Qu’on pense à financer le projet. »

Saad Hamoumi, économiste, président de Havard consulting et ex-président de la commission PME au sein de la CGEM, rappelle que « les entreprises qui font les choses dans les règles n’ont pas de problèmes de financements ». Pour lui, le défi aujourd’hui n’est pas lié au financement, mais plutôt à l’accompagnement ainsi qu’à l’accès à l’information. À cet égard, il précise que les projets qui réussissent sont ceux qui ont été accompagnés. « C’est pour cette raison que nous devons accompagner les autoentreprises ainsi que les gens de l’informel pour les aider à passer au formel. » D’où la nécessité de communiquer sur les outils  pour faire parvenir l’information aux porteurs de projets. Sachant que la fragmentation fait également partie des contraintes qui s’imposent.

« Le Maroc dispose de plusieurs acteurs dans ce domaine, mais ça reste fragmenté et un jeune porteur de projet ne pourra pas passer par tous ces organismes pour avoir accès à l’information. », Plaide-t-il.

« Quand on parle de TPME, on parle de structure embryonnaire qu’il faut accompagner dans son évolution. », soutient Ali Tazi, président-directeur général de HMI. Sur la question de l’accompagnement, il déclare que « la banque vous accompagne quand vous êtes transparent à 100% dans votre système de gouvernance. La confiance doit donc s’installer entre cet organisme et le porteur de projet, confie le DG de HMI.

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