Tourisme et migration : La Méditerranée pour le meilleur et pour le pire

Paradoxe d’un monde de contraste et d’inégalité, pendant que les uns voyagent pour le plaisir de mieux vivre, d’autres le font dans le malheur pour survivre.

Ainsi, de gigantesques et luxueux navires de croisières peuvent croiser de frêles et précaires embarcations de migrants en Méditerranée. Voilà une des images symbole des différences existentielles et sociales encore flagrantes en plein XXIème siècle.

Cette Méditerranée, mer millénaire qui a tout vu et connu au long de son Histoire, sans doute l’une plus riches en épopées marines, continue d’être au centre de l’actualité. Comme si son passé n’avait pas suffi à alimenter les chroniques depuis les Phéniciens jusqu’aux pirates barbaresques en passant par  les batailles navales et les aventures maritimes les plus diverses…

Voilà qu’aujourd’hui les regards du monde se posent encore sur cette mer, à cause d’un phénomène de notre temps : l’immigration illégale. Avec ses drames et ses problèmes. Mais la Méditerranée offre toujours ses stations balnéaires touristiques, chaque fois plus nombreuses et fréquentées.

Ces plages aménagées et accueillantes font rêver les vacanciers dont ces plaisirs sont le fruit de leur travail…mais elles font  rêver aussi ceux qui, désespérés, espèrent les atteindre et y débarquer pour échapper à leur triste sort.

→ Lire aussi : Migration illégale: La Marine Royale porte assistance à 136 candidats au large de Tanger et d’Al Hoceima

Souvent, ils n’y parviennent pas et leurs corps disparaissent  dans  cette mer qui a englouti dans ses fonds plus de cadavres encore qu’il n’y a d’estivants sur ses plages dorées.

La faute n’en est pas au tourisme dont le but n’est autre que de créer des loisirs, des emplois et des sources de revenus pour améliorer une société qui n’aspire qu’à progresser et à rendre la vie meilleure. Et c’est tout à son honneur.

Par ailleurs, il ne nous incombe pas ici de dénoncer la responsabilité de ces inégalités disproportionnées dans un monde civilisé où elles  devraient en principe ne plus exister.

Il s’agit juste d’une réflexion que je me faisais en voyant voguer au large de Tanger un de ces superbes « hôtel marin » de croisiéristes  tandis que j’écoutais à la radio une information concernant la disparition en mer de migrants. Tout récemment, 24 noyés au large de Nador, subsahariens et marocains. Plus d’une centaine  depuis le début de cette année.

Quant à la Méditerranée, elle, blasée par des siècles d’Histoire, plus rien ne l’étonne. Qu’elle porte sur ces flots des bateaux de plaisance ou des radeaux de misérables, ses vagues  et ses courants, inlassablement, suivent le cours des marées, indifférentes au va et vient des Hommes et d’un monde où continue de cohabiter le meilleur et le pire.

Hervé B. Pons

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