Tourisme : le Maroc attire des visiteurs du monde entier mais…
Par Désiré Beiblo
Le Maroc, l’un des trois pays les plus visités du continent africain, avec l’Afrique du sud et l’Egypte, depuis plus d’une décennie, est aujourd’hui encore l’une des destinations favorites des touristes du monde entier. Chaque année, ils sont des millions à effectuer le voyage pour (re)découvrir les beautés du royaume.
De 4,4 millions en 2001, le nombre des arrivées est passé à 9.3 millions en 2010, pour atteindre le nombre record de 11,35 millions de touristes en 2017, soit une progression de 10% par rapport aux 10,3 millions de touristes de l’année 2016. En conséquence, ce secteur pourvoyeur d’emplois (532.000 emplois directs en 2017), créateur de richesse mais aussi source génératrice de devise du royaume, est devenu le deuxième contributeur au produit intérieur brut (PIB) avec une contribution de 11%. « Les recettes générées par les non-résidents ayant séjourné au Maroc se sont situées en 2017 (hors transport international) à près de 71,9 milliards de dirhams », précise le ministère du tourisme.
Les atouts touristiques du royaume
Pour promouvoir et développer le secteur touristique, le Maroc peut compter sur un ensemble d’atouts naturels, d’infrastructures et de monuments singuliers qui fondent son charme et en font une destination de choix. Au nombre de celles-ci, son climat. Classé 3ème meilleur climat de la planète, derrière le Chili et les Canaries par Weatherwise, magazine américain spécialisé dans l’information climatique et météorologique, la Côte nord-ouest du royaume bénéficie d’un ensoleillement généreux, de très peu de jours de pluie et de températures douces.
En outre, d’une ville à l’autre, le royaume se trouve être un condensé de sites touristiques, avec ses belles plages et ses lieux insolites, propices à l’exploration des paysages variés du pays. Casablanca, Agadir, ou encore Marrakech, ainsi qu’une dizaine d’autres destinations marocaines sont visitées, tous les ans, par des touristes en quête du beau, mais aussi du luxe incarné par la cité ocre que le boom immobilier (hôtels et centres de villégiatures de luxe en cours de réalisation) devrait bientôt hisser au rang de destination mondiale du tourisme de luxe.
Sur toute l’étendue du territoire, le pays dispose d’une capacité d’hébergement en constante progression. « A fin 2017, la capacité litière classée a atteint 251.206 lits en progression de près de 8.499 lits supplémentaires par rapport à 2016. Les hôtels 3*, 4*, 5* et les hôtels clubs constituant 49% du total du parc de l’hébergement touristique classé », révèle le ministère de tourisme.
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Par ailleurs, les bons résultats observés par le secteur touristique marocain, ces dernières années, sont, en partie, dus à l’appui du secteur aérien et ses ouvertures sur de nouveaux marchés. Cependant, malgré les bons scores enregistrés, ceux-ci restent en dessous des prévisions, et pour cause, les potentialités touristiques du royaume restent sous exploitées, notamment dans les provinces du sud du pays.
Devant ce constat, Mohamed Sajid, ministre du Tourisme, du Transport aérien, de l’Artisanat et de l’Économie sociale, a appelé à donner un nouveau souffle au secteur touristique : « Il est primordial de donner une nouvelle impulsion au secteur du tourisme en boostant les performances des principales destinations touristiques et en dynamisant l’investissement et les projets structurants, afin d’accompagner progressivement le développement des destinations émergentes, notamment au niveau des provinces du sud », a-t-il recommandé au cours d’une conférence sur la stratégie touristique et le développement durable.
La vision 2020 du tourisme
Signé en 2010, devant sa majesté le Roi Mohammed VI, la stratégie, «Vision 2020» a pour objectif de hisser le pays (29ème rang mondial) à la 20ème place des pays touristiques à l’horizon 2020. Pour ce faire, le royaume entend « doubler la taille du secteur et la capacité d’hébergement, avec la création de 200.000 nouveaux lits. Cette nouvelle capacité d’accueil devrait permettre de doubler les arrivées de touristes (originaires d’Europe et des pays émergents).
470.000 nouveaux emplois directs seront créés sur l’ensemble du territoire national (1million d’ici 2020). Les recettes touristiques devraient atteindre 140 milliards de dirhams en 2020 (soit un montant cumulé de 1.000 milliards) », projette la stratégie de développement touristique « Vision 2020 ». En outre, le plan de développement touristique prévoit de démocratiser le tourisme dans le pays et tripler le tourisme interne.
En effet, aujourd’hui, « le tourisme au Maroc est largement concentré sur deux destinations : Marrakech et Agadir, qui totalisent plus de la moitié des nuitées internationales. Cette concentration géographique ne permet pas de mettre en avant toutes les potentialités du Maroc. C’est pourquoi une nouvelle politique d’aménagement et de développement a été lancée. Huit territoires ont été ainsi créés dans une logique de cohérence.
L’objectif est de les doter d’une visibilité internationale et de les aider à accéder au statut de destination à part entière », explique le ministère du tourisme. Le Maroc espère ainsi continuer de faire du tourisme l’un des moteurs du développement économique, social et culturel.
Cependant en 2018, constatant le ralentissement de la dynamique d’investissement dans le tourisme, Mohamed Sajid a lancé des appels d’offres pour la conception et le déploiement d’un dispositif d’accompagnement et d’accélération des investissements touristiques, et la mise en place d’un plan d’impulsion du secteur.
«Afin de structurer et renforcer l’offre touristique, il est aujourd’hui nécessaire d’intensifier les actions de relance des investissements à travers un ensemble de dispositifs qui viennent compléter et enrichir de façon harmonieuse les mesures incitatives existantes», a-t-il justifié.
Selon le ministre du tourisme, cette étude aboutira à la conception d’un dispositif permettant de relancer, d’orienter et d’accélérer les investissements touristiques. À deux ans de l’échéance, « le plus bel endroit du monde », selon le magazine américain The Hollywood Reporter, aura-t-il les moyens nécessaires à la réalisation de sa vision ?