Zahra Souibri: Sur les traces d’une femme de fer qui lutte contre l’abandon scolaire par la lecture

De la lecture pour lutter contre l’abandon scolaire, tel est le projet ambitieux de Zahra Souibri, directrice du collège Imam Boukhari à Rabat. A la fois, directrice, enseignante, épouse, mère et sœur, on trouve sur les traces de son parcours, du courage, de l’espoir, de la sagesse, de la force et de la détermination qui témoignent de sa ferme volonté de s’acquitter pleinement de sa mission.

Cette femme de fer qui n’a cessé de jongler entre ses différentes casquettes, de professeur d’arabe (1987-2002), de surveillante générale (2002-2007) et de directrice (2007 à aujourd’hui), a fait de l’abandon scolaire sa seule et ultime cause. Son engagement en faveur de ce fléau social traduit sa détermination d’améliorer les conditions d’apprentissage des élèves et de soutenir leur élan en matière d’éducation.

« Beaucoup de femmes viennent à l’enseignement pour des raisons d’équilibre de vie. Mon choix, par contre, n’était pas fortuit, j’ai opté pour ce domaine par conviction, par amour au métier et surtout pour concrétiser mon projet, celui de la lutte contre le décrochage scolaire par le biais de la lecture« , a confié Souibri dans un entretien à la MAP.

Cette directrice, qui pouvait paraître un peu « raide » dans l’affirmation de ses convictions, a souligné qu’il existe un très grand nombre d’initiatives intéressantes entreprises au Maroc en matière de lutte contre la déperdition scolaire, faisant observer que parmi les difficultés déterminantes qui poussent la majorité des élèves à quitter l’école sont liées à leur capacité de lecture.

« L’enfant qui a des difficultés à lire a plus de risques de décrocher une fois rendu au secondaire. Il prend alors du retard, n’est plus capable de suivre et on l’échappe« , a estimé Souibri, relevant que la lecture demeure une capacité essentielle dans toutes les disciplines à l’école.

Elle a, dans ce sens, indiqué que la lecture joue aussi un rôle majeur dans l’acquisition du langage et la réussite scolaire des apprenants. Cependant, « l’accès aux livres est marqué par de fortes inégalités« , d’une famille à l’autre, appelant à la nécessité d’agir directement sur ces disparités, au bénéfice des enfants qui en ont le plus besoin.

Cette pédagogue a, à cet effet, mis en avant les diverses actions menées avec succès grâce à la collaboration des enseignants du collège Imam Boukhari visant à promouvoir et encourager la lecture chez les élèves, tout en impliquant les parents dans la scolarité de leurs enfants surtout que la majorité des élèves sont issus d’un milieu précaire.

« Nous avons organisé au sein du collège un pique-nique de lecture, un dimanche matin, rassemblant les élèves et leurs parents pour lire ensemble, l’objectif étant de donner le goût de la lecture aux apprenants et de les inciter à lire le plus de livres possible ainsi que d’animer des ateliers et des discussions autour de ces lectures« , a expliqué la responsable.

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Elle a également affirmé que l’objectif est de réconcilier les élèves avec l’école, de leur redonner confiance en découvrant leurs ressources et leurs capacités, de leur permettre de s’inscrire dans un parcours de réussite grâce à une orientation conforme à leurs aptitudes et à leurs choix personnels.

Souibri a, par ailleurs, souligné l’importance pour les parents d’être des « modèles de lecteur » pour leurs enfants. « Il est impératif que les parents établissent une relation bienveillante et chaleureuse pour encourager une autonomie de lecture croissante de leurs enfants« , a-t-elle jugé.

Et d’ajouter que la qualité de la collaboration entre les parents et les enseignants exerce une influence notable sur la réussite scolaire des élèves, soulignant que le rôle de l’école est insuffisant et qu’il faut l’implication de la famille et une coordination mutuelle.

Cette mère de deux garçons, un ingénieur en génie industriel et un titulaire d’un Master en Finances et audit a en outre souligné que l’accomplissement de sa mission demandait, certes, beaucoup de sacrifices, mais elle avait réussi à concilier vie personnelle et professionnelle, en gardant un souvenir de certitude, qu’elle avait trouvé sa voie, ce bastion de force, ce secret impérissable d’avoir confirmé sa vocation, et par de là d’accomplir sa mission.

Elle a également affirmé qu’être directrice d’un collège c’est exercer un métier passionnant et exigeant. Celui de participer à la construction de la société et d’être acteur d’un système éducatif en évolution.

Guidée par l’ambition de favoriser la réussite scolaire des élèves dont elle a la responsabilité, Souibri s’adapte au profil de chaque élève, pour lui permettre de développer son potentiel et lui transmettre les valeurs de citoyenneté. Elle n’est pas seulement une directrice, mais également « une mère spirituelle » qui tâche tant bien que mal d’être à l’écoute des élèves, d’être attentive à leurs besoins et sait réagir au quart de tour si nécessaire, tout en s’adaptant à la situation.

Évoquant sa décoration par SM le Roi Mohammed VI du Ouissam Al Moukafaa Al Wathania de troisième classe (Officier) pour ses travaux visant le développement de la lecture chez les élèves lors de la cérémonie de présentation du bilan d’étape et du programme exécutif dans le domaine du soutien à la scolarité et de la mise en œuvre de la réforme de l’éducation et de la formation, la directrice s’est dite fière de cette distinction qui représente pour elle aussi bien « un honneur qu’une grande responsabilité » et « une source de motivation » pour ses confrères.

Elle s’est aussi félicitée de la Haute sollicitude dont le Souverain ne cesse d’entourer la famille de l’éducation et de la formation qui constitue une motivation pour fournir davantage d’effort et d’abnégation.

Pour ce qui est de ses projets futurs, elle a affirmé son intention de mettre en avant la créativité des collégiens, en collaboration avec les enseignants de son établissement, notamment lors des clubs parascolaires et des ateliers dédiés à la musique, au théâtre ou encore à la peinture, tout en les incitant à apprendre les langues, comme étant un outil de communication avec l’Autre et d’ouverture sur le monde.

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