Filière laitière: Un secteur générateur d’emplois en berne

Crise sanitaire, sécheresses de plus en plus récurrentes, guerre russo-ukrainienne…autant de crises dont les effets se font d’ores et déjà sentir sur la filière laitière. Preuve à l’appui, la chute drastique de la production du lait au niveau du marché national. De nouvelles mesures sont mises en place pour maintenir l’équilibre d’une filière génératrice de 13 milliards de dhs de chiffre d’affaires . Mais est-ce suffisant pour soulager les éleveurs et maintenir leurs revenus ?

Depuis bien des semaines, les réseaux sociaux se font l’écho d’une baisse de l’offre nationale du lait frais. Plusieurs images d’étagères de lait vides alimentent la toile. En effet, les quantités acheminées aux points de vente ne suffisent pas à répondre à la demande.

Dès le mois de septembre, les premiers signaux d’une baisse inquiétante des rendements de production des éleveurs laitiers ont commencé à surgir. Les collectes ont drastiquement diminué dans les principaux bassins laitiers du royaume. La région de Casablanca auraient enregistré, à elle seule, une chute de plus de 60 % du rendement.

Les professionnels du secteur associent ce déclin constaté au climat aride des dernières années. Mais surtout au renchérissement des prix des aliments composés pour bétail sur le marché mondial, en raison de la conjoncture internationale. A cet égard, Abdelhak Boutchichi, président de l’Association nationale du corps des techniciens d’élevage, a souligné que la guerre russo-ukrainienne a fortement contribué à cette baisse vu que « ses répercussions ont déteint sur le coût élevé des aliments composés importés de l’étranger. Chose qui a entraîné une augmentation des dépenses et du coût de l’élevage des vaches et de la production laitière. », a-t-il affirmé.

Face à cette situation inquiétante, bon nombre d’éleveurs se sont trouvés contraints de réduire la fréquence d’élevage des vaches laitières. D’autres ont même vendu leurs troupeaux, mettant ainsi fin à leur activité, en vue de combler leurs pertes et subvenir à leurs besoins ainsi qu’à ceux de leurs familles.

Une filière génératrice de 49 millions de journées de travail 

Soutenir la filière laitière c’est garantir 49 millions de journées de travail par an. En effet, ladite filière constitue une source importante d’emplois. Elle compte environ 260 000 producteurs au Maroc et recense 16 opérateurs différents qui assurent la transformation industrielle du lait. Elle génère, de surcroît, un chiffre d’affaires de 13 milliards de dirhams (MMDH) et crée une valeur ajoutée de 6 MMDH.

Le gouvernement réagit, en vain 

Dans l’optique de maintenir l’équilibre de la chaîne de production laitière au Maroc et soutenir une filière génératrice d’emplois, le gouvernement a mis en place de nouvelles mesures afin d’alléger la pression de l’inflation et venir en aide aux éleveurs lourdement impactés.

En effet, l’Administration des douanes et impôts indirects (ADII), a informé ses services, dans la circulaire n°6380/211 du 21 novembre 2022, de la décision du gouvernement de prendre en charge, par le Budget général de l’État (BGE), le droit d’importation (DI) et la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) applicables à l’importation du lait écrémé en poudre et du beurre. Une décision qui a été prise notamment par le ministre de l’Agriculture. A noter que ladite mesure a pris effet le 17 novembre 2022 et sera en vigueur jusqu’au 31 octobre 2023.

Sachant que d’autres mesures ont été prises, quelques semaines auparavant, dont la subvention de l’importation de 20.000 génisses.

Néanmoins, les professionnels considèrent ces mesures « insuffisantes » pour leur permettre de faire face à la conjoncture actuelle et partant de poursuivre leur activité. Ils estiment que les agriculteurs sont tellement impactés qu’ils n’ont plus ni les moyens ni l’ambition d’investir, d’autant plus que les coûts des aliments de bétail restent élevés. Ils pointent, par ailleurs, du doigt la mesure relative à la subvention de la poudre de lait, tout en signalant que cette dernière ne représente en aucun cas la solution idoine à même de résoudre le fond du problème. Il faudra, en revanche, soutenir davantage les éleveurs. Et ce ,en rendant régulières les subventions d’aliments composés. Chose qui les encouragera à poursuivre encore leur activité en dépit des divers défis, précisent-ils.

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