Affaire Bouachrine : la 1ère plaignante, Naïma Lahrouri exprime sa douleur
Si la photo de Taoufiq Bouachrine, a, pendant des années, illustré ses chroniques qui ne faisaient pas l’unanimité, depuis quelques jours, en revanche, elle fait la Une de la presse nationale confrontée brutalement au choc et qui suit ce scandale dont son avocat lui-même a dit « qu’il serait le procès du siècle » si les faits s’avéraient vrais.
Depuis son arrestation vendredi 23 février, on se posait bien des questions sur la jeune femme qui a osé se jeter dans la gueule du loup en portant plainte contre Taoufiq Bouachrine. Ce mercredi 28 février, la réponse est tombée via Facebook, à l’instar de ce qui s’est passé un peu partout dans le monde depuis le mouvement ≠BalanceTonPorc. Une première voix de l’une des victimes présumées s’élève donc pour dénoncer, publiquement, « le harcèlement qui serait mené par le directeur de publication du quotidien Akhbar Alyaoum ». Il s’agit de Naima Lahrouri, une jeune fille qui a osé faire le premier pas, à savoir la première publication sur la toile bleue pour témoigner de « son calvaire ».
Nous reproduisons ci-dessous son cri d’âme blessée :
« J’ai porté plainte parce que j’ai subi une agression de la part de Taoufiq Bouachrine. Agression accompagnée de contrainte et de violence … suivie de menaces et de chantage.
J’ai porté plainte contre Bouachrine après avoir fait appel à toutes mes forces et mon courage en me disant que, dans notre religion, une personne contrainte à faire des choses, n’est pas coupable et n’a pas à être gênée. Toutefois, je le serais si je continuais à me taire, à ne pas venger ma dignité et à me soumettre à ses intimidations et à son exploitation.
J’ai porté plainte, même si je sais que les composantes de la société ne sont pas équitables à l’égard de la femme dans de pareils cas. Au contraire, elle est pointée du doigt et touchée dans son honneur. Ce qui explique d’ailleurs la résignation et le mutisme de plusieurs filles et femmes qui préfèrent taire les viols ou le harcèlement qu’elles subissent. Les coupables, eux, confortés et rassurés continuent à sévir.
Celui qui se voit offensé par ma plainte doit accepter d’emblée que sa sœur, sa fille, sa femme ou sa mère se résignent face au viol de leur dignité et de leur honneur.
Peu importe pour moi qui est Taoufiq Bouachrine dans le monde de la presse. Peu importe pour moi qu’on l’aime ou qu’on le déteste. Peu importe pour moi que le Makhzen l’ait sous sa grâce ou guette ses erreurs. Ce qui m’importe, c’est le crime qu’il a commis à mon égard et je demande que justice soit faite. C’est là toute la vérité et je n’ai ni à être gênée ni à avoir peur.
J’ai déposé ma plainte une semaine avant l’arrestation de Taoufiq Bouachrine. Et aujourd’hui, avec la succession des faits douloureux auxquels on assiste dans ce dossier, je vous assure que je me sens fière et soulagée d’avoir été la première plaignante. Fière parce que c’est à travers moi qu’on a découvert que les victimes de Bouachrine sont nombreuses et que plusieurs d’entre elles ont choisi de se taire par peur ou par intérêt. »
Naima Lahrouri dit savoir à quoi s’attendre puisque ceux qui adulent Bouachrine ne cessent de tisser les mensonges autour de sa personne dès que son nom a été cité dans l’affaire. Mais elle dit être sûre que tous ceux qui sont pour les bonnes causes vont la soutenir dans son combat qu’elle compte mener jusqu’à la fin.
Laïla Alaoui