Article de la MAP primé par l’AMAN
L’Agence Maghreb arabe presse (MAP) a remporté le Prix du meilleur article de l’Alliance des agences méditerranéenne de presse (AMAN), décerné à Cap Sounio (Grèce), lors de la 27-ème Assemblée générale de l’Alliance.
Voici l’article primé écrit par le journaliste Rahal Taoussi et intitulé « Migration : Après la route des Balkans, celle de la Méditerranée centrale donne le tournis aux dirigeants de l’UE » et diffusé le 2 février 2017.
Après avoir asséché la route migratoire des Balkans grâce à l’accord avec la Turquie de mars 2016, les 28 pays de l’Union européenne sont confrontés à celle de la Méditerranée centrale, qui donne du fil à retordre aux dirigeants européens.
Submergée par des flux incessants de migrants à cause des guerres civiles, notamment en Syrie et en Irak, l’Union européenne et la Turquie ont convenu le 18 mars 2016, d’un plan global pour réduire la migration vers le vieux continent. L’accord, qui prévoyait que pour chaque Syrien renvoyé vers la Turquie au départ des îles grecques, un autre Syrien est réinstallé de la Turquie vers l’Union européenne, dans la limite de 72 000 personnes maximum, avec des contreparties, notamment financières pour Ankara, a permis de réduire drastiquement les arrivées des réfugiés.
A présent les 28 de l’UE s’emploient à tarir les flux des réfugiés et des demandeurs d’asile, en provenance de la Méditerranée centrale, via la Libye notamment.
En vue de la réunion des chefs d’État ou de gouvernement qui se tiendra à Malte demain vendredi, la Commission européenne et la Haute Représentante de l’UE Federica Mogherini ont présenté, il y a quelques jours, leur contribution aux discussions relatives à la façon de ‘’mieux gérer la migration et de sauver des vies’’ le long de la route de la Méditerranée centrale.
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La Commission et la Haute Représentante ont exposé un certain nombre de mesures supplémentaires pour renforcer les efforts déployés par l’UE le long de cette route, en particulier en ce qui concerne la Libye et sa région.
Dans le prolongement de l’agenda européen dans le domaine de la migration et des mesures engagées au titre du cadre de partenariat en matière de migration, qui vise à renforcer la coopération avec les pays partenaires dans ce domaine, les principaux objectifs de ces propositions tendent, selon leurs auteurs, à réduire le nombre de traversées et sauver des vies, en renforçant le soutien actuellement apporté, y compris au moyen d’EUNAVFOR opération Sophia, à la marine et aux garde-côtes libyens, notamment en développant les activités de formation par l’octroi immédiat d’un montant supplémentaire de 1 million d’EUR au programme Seahorse et une aide de 2,2 millions d’EUR au titre du programme régional de développement et de protection en Afrique du Nord, et en créant un centre de coordination des opérations de sauvetage en mer.
Elles visent également, d’après la Commission européenne, à intensifier la lutte contre les passeurs et les trafiquants, en veillant à ce que le réseau méditerranéen Seahorse soit opérationnel d’ici au printemps 2017 pour renforcer les autorités frontalières des pays nord-africains et permettre une meilleure coopération opérationnelle entre elles.
Il s’agira aussi de protéger les migrants, amplifier la réinstallation et promouvoir les retours volontaires aidés, en soutenant la coopération du HCR avec les autorités libyennes pour faire face à la situation des personnes qui ont besoin d’une protection internationale, et en aidant l’OIM à améliorer la situation des migrants en Libye et à développer son programme d’aide au retour volontaire depuis la Libye vers les pays d’origine.
Ces actions consistent, en outre, à gérer les flux de migrants qui franchissent la frontière méridionale de la Libye, en déployant l’éventail complet des missions et projets de l’UE afin de soutenir les autorités libyennes en matière de gestion des frontières et de protection des migrants, en favorisant le dialogue entre la Libye et ses voisins et en poursuivant sur la lancée des résultats obtenus au Niger grâce au cadre de partenariat.
La Commission et la Haute représentante proposent aussi d’amplifier le dialogue et la coopération opérationnelle avec les partenaires d’Afrique du Nord en matière de gestion de la migration et d’augmenter le financement provenant du fonds fiduciaire de l’UE pour l’Afrique, en mobilisant en 2017 200 millions d’euros pour des projets visant à appuyer des actions tels que la formation et l’équipement des garde-côtes libyens, l’amélioration des conditions de vie des migrants et la multiplication des retours volontaires aidés.
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Ces actions ont pour principaux objectifs de ‘’lutter contre les réseaux de trafic de migrants et de traite d’êtres humains, de contribuer à une gestion plus efficace des flux migratoires, de continuer à sauver des vies en mer et d’améliorer les conditions de vie des migrants et des réfugiés en Libye et dans les pays voisins’’.
‘’Trop de personnes trouvent encore la mort en Méditerranée. Nous avons mis en œuvre des actions en vue de remédier à cette situation, mais nous devons faire davantage. Nous présentons aujourd’hui des actions envisageables à court et moyen termes pour faire face aux flux en direction et en provenance d’Afrique du Nord’’, a indiqué le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.
Il a fait remarquer qu’’’avant tout, la stabilité en Libye et dans la région dans son ensemble est indispensable’’, ajoutant que ‘’tout en continuant à soutenir ce processus, nous pouvons promouvoir des actions qui contribueront à changer le cours des choses, à sauver des vies et à démanteler le modèle économique des passeurs et des trafiquants, ce qui aura également une incidence sur les flux en direction de l’Europe’’.
La presse croit savoir, jeudi, que « l’UE pourrait créer des camps pour migrants en Libye« . Ainsi, des sources européennes « s’attendent à ce que certains dirigeants (minoritaires) demandent la mise à l’étude de ce qu’on appelle parfois « le modèle australien » (où les migrants sont refoulés vers des camps situés sur des iles éloignées du continent australien) ». Il s’agirait de ‘’camps qui pourraient être situés en Libye ou aussi dans des pays avoisinants comme l’Egypte”.
La Commission rappelle que depuis 2015, les ressources et les moyens consacrés aux opérations de l’UE en mer ont triplé, ce qui a contribué à sauver plus de 400 000 personnes en Méditerranée. Toutefois, l’augmentation de la migration le long de la route de la Méditerranée centrale, par laquelle plus de 181 000 migrants sont arrivés dans l’UE en 2016, a également conduit à des niveaux record de décès en mer.
Afin d’éviter que cette ‘’tragédie humaine ne se reproduise en 2017’’, la Commission et la Haute Représentante ont suggéré ces actions opérationnelles à court terme. S’inscrivant dans le cadre d’une stratégie globale, les actions proposées tiennent compte du contexte régional élargi (en particulier, la frontière méridionale de la Libye, ainsi que la Tunisie, l’Égypte et l’Algérie), tout en mettant nettement l’accent sur la Libye, qui représente le point de départ de 90 % des personnes souhaitant se rendre en Europe, a expliqué la Commission.
Ces efforts nécessitent une action concertée entre les institutions de l’UE, les États membres et les partenaires concernés en Afrique du Nord, ainsi qu’une coopération avec les organisations internationales présentes dans la région, telles que le HCR et l’OIM. La Commission et la Haute Représentante recommandent aux chefs d’État ou de gouvernement, lors de la réunion prévue demain à Malte, d’apporter leur soutien à ces propositions.
Pour ‘’sauver des vies et mieux gérer les flux migratoires’’ en Méditerranée centrale, l’Union européenne rappelle avoir progressivement défini avec ses Etats une ‘’réponse stratégique plus solide et élaborée’’.
En 2015, la Commission avait présenté un vaste agenda européen en matière de migration. Depuis, une présence permanente de l’UE en mer a été mise en place, ce qui a permis de sauver des centaines de milliers de personnes. À la suite du sommet de La Valette sur la migration de novembre 2015, l’UE a intensifié sa coopération avec des partenaires en Afrique, notamment grâce au cadre de partenariat en matière de migration, lancé en juin 2016, qui a porté la coopération avec les principaux pays d’origine et de transit à un nouveau niveau.
Un plan d’investissement externe pour l’Afrique et les pays du voisinage a également été défini pour appuyer cette nouvelle approche, qui peut mobiliser 44 milliards d’EUR d’investissements, et jusqu’à 88 milliards d’euros si les États membres y contribuent, rappelle encore l’UE.
En 2016 plus de 180.000 migrants sont arrivés sur les côtes italiennes, et 4.500 personnes ont perdu la vie en cherchant à les atteindre. Ces migrants, dont 90% ont transité par la Libye, sont originaires essentiellement d’Afrique subsaharienne (21% de Nigérians, 11% d’Erythréens, 7% de Guinéens, 7% d’Ivoiriens, 7% de Gambiens, selon la Commission.