Femmes marocaines et politique
Dossier du mois
Récits d’expériences vécues
Chaymae Sebti
Chirurgienne dentiste. Région Fès, (Mouvement populaire)
Ce qui m’a poussée à faire de la politique, tout d’abord, c’est une affaire d’amour, l’amour de son pays et du peuple marocain surtout qu’il souffre de manque d’humanité et cela doit nous pousser à avoir un sens de responsabilité et d’engagement pour essayer de développer le social.
Personnellement, je ne crois pas à la noblesse ni à la grandeur de la politique dans le monde entier. Mais si chacun de nous n’y croit plus et ne pense pas que c’est une affaire personnelle, on finira par se faire diriger par des gens qui ne sont pas aptes à le faire.
Lors des dernières élections, le PJD a remporté une victoire historique plus nette que celle de 2011 puisque le taux de vote a augmenté. Ces élections ont donné un aperçu du climat politique qui règne dans le pays. Je crois que certains citoyens – je ne sais pas si je peux dire qu’ils sont majoritaires – cherchent à faire augmenter les chances du PJD parce qu’ils continuent à y croire surtout que les années précédentes n’ont pas suffi à faire des changements propices et palpables, mais la fiabilité du parti a poussé les gens à voter pour lui. Sauf que d’autres n’ont pas eu la même chance pour prouver leurs capacités.
La politique et la campagne électorale étaient une nouvelle expérience pour moi, un nouveau monde que je n’imaginais même pas. Les anciens – des hommes bien sûr – se chargeaient de tout et programmaient toute la campagne. Déjà, un premier problème se posait : les objectifs tracés pour atteindre des buts que je ne comprenais pas vraiment. C’était un peu normal puisque j’étais la toute nouvelle et la plus jeune qu’on sous-estimait ! Cela se comprenait aussi, mais ce n’était pas une raison pour qu’on réponde à mes questions par un… grand sourire…
J’étais confrontée à plusieurs obstacles, car à vrai dire, je n’ai pas fait grand-chose et je ne crois pas que je referai l’expérience à l’avenir.
La parité au Maroc ? On en est vraiment loin. Le pays souffre d’une inégalité flagrante des chances, de traitement et de rémunération. La femme marocaine fait l’objet de discriminations politique et économique. Et c’est ce qui la met dans une situation de vulnérabilité. Par ailleurs, une partie importante de femmes marocaines travaillent dans le secteur informel, sans aucune protection sociale et sans rémunération conséquente, dans l’agriculture, les activités saisonnières et le travail à domicile.
Les facteurs qui limitent la participation des femmes à diriger une région ou un conseil communal comprennent les stéréotypes de genre et la discrimination pure et simple, les contraintes personnelles, telles que le manque de confiance en soi, le rôle au foyer que leur confèrent les traditions culturelles, une faible éducation des électeurs, mais surtout des régimes électoraux fondés sur le principe de la sélection et des institutions politiques qui ne favorisent pas l’équilibre entre la vie de famille et la vie politique. Donc, les résultats ne reflètent en aucun cas la réalité sociologique du Maroc où la femme représente plus de 50% de la population.