Affaire Ilias Tahiri : Un sit-in pour réclamer la réouverture de l’enquête
L’affaire Ilias Tahiri, connue dans les médias sous le nom du « George Floyd marocain« , continue de mobiliser la société civile. Un an après son décès, un sit-in s’est tenu, le 1er juillet, devant le tribunal de la ville d’Almeria, réclamant la réouverture de l’enquête sur cette affaire et dénonçant les circonstances du meurtre du jeune marocain.
Membres de la société civile, organisations syndicales et proches du jeune défunt Ilias Tahiri, ils étaient plus d’une centaine de personnes à se rassembler devant le tribunal de la ville d’Almeria, le 1er juillet, dans le cadre d’un sit-in organisé par la fédération locale des syndicats et de nombreuses associations de la société civile espagnole avec le soutien du collectif « Justice pour Ilias », qui s’est constitué partie civile dans cette affaire, auprès de la famille de la victime.
Ce collectif est composé d’avocats marocains, d’hommes politiques et de l’Association espagnole « Ibn Battuta ». Celle-ci s’est emparée du dossier en demandant non seulement une réouverture de l’enquête, mais également l’abolition du protocole de contention mécanique dans les centres pour mineurs.
Notons que le procureur général avait demandé, le 18 juin, au tribunal d’instruction de rouvrir ce dossier, dans une lettre adressée par le procureur général à la juge d’Almeria, chargée de l’affaire, pour demander l’acceptation de l’appel de la famille du défunt, puisque toutes les conditions requises par le droit pénal espagnol et la jurisprudence de la Cour suprême sont remplies pour ouvrir une enquête, en vue de poursuivre les personnes, qui ont accepté et ordonné l’application du protocole de la restriction automatique (contención mecánica) ayant causé la mort du jeune Ilias.
Selon Maître Mourad Elajouti, « Jusqu’ à présent on n’a pas de nouvelles par rapport à l’ouverture de cette enquête ».
Le coordinateur du collectif « Justice pour Ilias » dit ne pas être satisfait du traitement juridique qui a été réservé à cette affaire et demande à ce que les auteurs de ce « crime atroce » soient appréhendés, poursuivis et traduits devant la justice. « La lettre faite par le procureur général d’Almeria fait allusion à une utilisation excessive de la force et ne mentionne pas de meurtre, tandis que le rapport du médecin légiste prouve qu’il est mort asphyxié », explique-t-il.
Le document tente ainsi de dégager la responsabilité des auteurs de ce crime en essayant de requalifier l’incident comme étant un abus de l’usage de force, tout en mettant l’accent sur la légalité de l’utilisation du protocole de restriction automatique.
Ledit protocole a fait objet d’une rencontre au parlement espagnol récemment, qui a reçu une délégation du collectif, composée notamment de Mohamed Chaïb, ex-parlementaire au parlement catalan et espagnol et président de la fondation « Ibn Battuta », pour discuter de l’opportunité de présenter une proposition de loi, interdisant l’utilisation de la contention mécanique au sein des centres pour mineurs.
Rappel des faits
Le 1er juillet 2019, Ilias Tahiri, à peine âgé de 18 ans, originaire de Tétouan, décède étouffé, sur un lit du centre pour mineurs Tierras de Oria à Almeria, dans le sud de l’Espagne.
Un an plus tard, le quotidien espagnol ‘El País’ diffuse une vidéo, le 9 juin, démontrant les treize dernières minutes de la vie du jeune homme, qui a été violemment plaqué à plat ventre sur un lit, immobilisé par 6 membres du personnel du centre (5 gardes et un responsable), alors qu’il n’opposait aucune résistance. Tandis que le juge d’instruction a conclu, en janvier dernier, « un décès brusque accidentel », et non pas une « mort par asphyxie suite à une violence ».
Sur la toile, la vidéo a suscité une vague d’indignation de la part des internautes marocains et espagnols, réclamant #JusticeForIlyass (Justice pour Ilias), assimilant son cas à celui de l’Américain George Floyd. Ce dernier est lui aussi mort étouffé, mais sous le genou d’un policier qui l’avait plaqué au sol.
Notons que le collectif « Justice pour Ilias » est déterminé à suivre l’affaire jusqu’à l’arrestation des personnes impliquées, pour que justice soit faite.