Arménie: protestations pour empêcher l’ex-président de devenir Premier ministre

 Plusieurs milliers de personnes ont manifesté lundi à Erevan, la capitale arménienne, pour protester contre le maintien au pouvoir de l’ex-président Serge Sarkissian, proposé au poste de Premier ministre, et un affrontement avec la police a fait des blessés.

Les manifestants ont voulu se rendre au Parlement arménien, après avoir défilé dans le centre-ville, à l’appel du leader de l’opposition Nikol Pachinian, et bloqué les rues principales, a constaté une journaliste de l’AFP.

Empêchés d’avancer par des barbelés installés non loin du Parlement par la police, dont d’importants effectifs ont été déployés sur place, les manifestants ont tenté de forcer le passage et la police a alors utilisé des grenades assourdissantes.

Plusieurs personnes, parmi lesquelles M. Pachinian et des policiers, ont été légèrement blessées. Elles ont sollicité une assistance médicale pour des blessures occasionnées par les barbelés et des fragments de grenades assourdissantes, selon la journaliste de l’AFP.

« Nous sommes des personnes pacifiques. Notre objectif est d’empêcher — sans violence ou recours à la force — Serge Sarkissian de diriger le pays pour la troisième fois consécutive », a assuré plus tôt dans la journée M. Pachinian, alors que les manifestants scandaient à ses côtés « l’Arménie sans Serge! », « Serge est un menteur! ».

Le Parti républicain au pouvoir a pour sa part officiellement présenté lundi au Parlement la candidature de Serge Sarkissian, 63 ans, au poste de Premier ministre.

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Le vote à l’issue duquel M. Sarkissian devrait être sans surprise élu à ce poste clé dans cette ex-république soviétique du Caucase est attendu mardi.

« Le peuple a fait son choix lors des élections législatives en votant pour le Parti républicain. Et c’est le droit du parti qui a la majorité d’élire le Premier ministre », a déclaré à l’AFP le porte-parole de ce parti et vice-président du Parlement arménien, Edouard Charmazanov.

« Personne ne pourra nous empêcher demain de voter pour notre candidat Serge Sarkissian », a-t-il assuré.

Les protestations secouent depuis vendredi Erevan où plus de 4.000 personnes sont descendues dans la rue pour dénoncer l’intention de l’ancien président arménien de rester au pouvoir en tant que chef du gouvernement.

« Quelque chose de sans précédent se produit en Arménie: la même personne veut diriger le pays pour la troisième fois consécutive », a déclaré pendant le week-end M. Pachinian. « Nous ne pouvons pas le permettre », a-t-il assuré.

Le nouveau président arménien, Armen Sarkissian, qui a le même nom de famille que son prédécesseur sans pour autant avoir de lien de parenté avec lui, a pour sa part prêté serment la semaine dernière.

Ses fonctions sont devenues largement protocolaires depuis la réforme constitutionnelle de 2015 qui a transformé l’Arménie en république parlementaire, où le pouvoir exécutif réel est entre les mains du Premier ministre.

L’opposition affirme que cette réforme avait pour unique but de maintenir au pouvoir le prorusse Serge Sarkissian, ancien officier de l’armée, qui occupait le poste de président depuis 2008 après avoir déjà été Premier ministre en 2007-2008.

La victoire de M. Sarkissian à la présidentielle de 2008 avait provoqué des affrontements à Erevan entre policiers et partisans du candidat malheureux de l’opposition, qui avaient fait 10 morts.

Les derniers rassemblements d’ampleur en Arménie remontent à juillet 2016, quand des opposants appelant au départ des autorités avaient retenu des otages pendant deux semaines dans un commissariat d’Erevan. Les partisans de ces preneurs d’otages, hostiles au gouvernement, avaient alors manifesté en masse, et de violents affrontements avaient eu lieu avec la police.

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