Audition du président de la CAF : montage d’une opération de com
Par Khadija Skalli
Le président de la Confédération africaine de football Ahmad Ahmad a été interrogé jeudi 6 juin par la police française. Cette affaire a été amplifiée par les soins de l’hebdomadaire Jeune Afrique.
Le président de la Confédération africaine de football Ahmad Ahmad a été interrogé jeudi 6 juin par la police française pour des « allégations liées à son mandat de président de la CAF ». Cette audition intervient 24 heures seulement après l’annonce de la décision de la Confédération africaine de football de rejouer le match retour de la finale de la ligue des champions d’Afrique entre le Wydad de Casablanca et l’Espérance de Tunis en terrain neutre.
Il y a lieu de noter que cette affaire a été amplifiée par les soins de l’hebdomadaire Jeune Afrique, qui évoque, dans un article non signé, une interpellation du président Malgache dans un hôtel à Paris pour être entendu par les services de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF). La publication francophone avance même que cette audition serait liée « au contrat rompu unilatéralement par la CAF avec l’équipementier allemand Puma pour s’engager avec la société Tactical Steel, basée à La Seyne-sur-Mer ». Jeune Afrique a balayé d’un revers de main les présomptions d’innocence du président de la CAF.
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Et bizarrement le média, fondé par le journaliste franco-tunisien Béchir Ben Yahmed et dont l’actuel Directeur général est son fils, Amir Ben Yahmed, a donné « l’information » en exclusivité.
Le président de la CAF a quitté les lieux sans aucune charge n’ait été tenue contre lui. Malheureusement, cette information n’a pas bénéficié du même traitement médiatique qu’a eu son audition.
Pour mémoire, Béchir Ben Yahmed était secrétaire d’Etat à l’Information dans le cabinet du Premier ministre Habib Bourguiba. Sous l’ère Ben Ali, les relations entre le fondateur de l’hebdomadaire et le pouvoir tunisien se sont renforcées.
La deuxième phase de l’opération de com a été enclenchée par donner la parole au président de la FIFA au moment qu’il jouait un match de football.Gianni Infantino affirme au micro de la chaîne TV qu’il « ne connaît pas les détails de l’enquête » et qu’il « n’est pas en mesure de commenter ». Les promoteurs de cette campagne médiatique ont voulu visiblement impliquer la FIFA dans leur coup. Cependant, leur tentative a été vouée à l’échec. L’instance dirigeante du football international a ensuite publié un communiqué dans lequel elle souligne qu’elle « a pris note des évènements présumés concernant M. Ahmad Ahmad, qui est interrogé par les autorités françaises » pour des « allégations liées à son mandat de président de la CAF ».
La FIFA précise ne pas connaître « les détails » de cette enquête et de ne pas être en mesure de « commenter ». Elle demande « aux autorités françaises toute information » qui pourrait intéresser son « comité d’éthique », soit la justice interne du football mondial.