Charles Saint-Prot: Mohammed Cherkaoui, un patriote au service de l’amitié franco-marocaine

Dr Charles Saint-Prot

Époux de Lalla Malika, donc beau-frère du Roi Hassan II, patriote intransigeant signataire du Manifeste pour l’indépendance le 11 janvier 1944, plusieurs fois ministre sous les Rois Mohammed V et Hassan II, ambassadeur en France de 1961 à 1964, Mohammed Cherkaoui s’est éteint à l’âge de 101 ans, le samedi 31 décembre 2022, à Rabat.

Né le 5 mars 1921 à Bejaad, le défunt avait fait partie de la délégation marocaine, aux côtés de certaines grandes figures comme Abderrahim Bouabid, Driss M’hammedi et Ahmed Réda Guédira, chargée des négociations avec la France et l’Espagne pour l’indépendance du Maroc. Il incarnait le « Makhzen », bien différent des nouveaux riches dont certains rêvent de le remplacer et, sans doute, de porter atteinte à la Monarchie.

La véritable amitié de Mohammed V et de Charles de Gaulle ne fut que le symbole de l’amitié du Maroc et de la France, amitié millénaire qui survit à toutes les vicissitudes, que ce soit la lutte pour l’indépendance ou le macronisme.
En septembre 1964, lors du départ de Mohammed Cherkaoui de l’ambassade de Paris, le Général de Gaulle déclarait à l’Elysée « Votre départ pourrait nous attrister car… nous n’avons jamais cessé de voir et d’apprécier, à la fois, votre valeur de diplomate, vos qualités humaines et votre attachement à la cause de l’amitié entre le Maroc et la France »

À la princesse Lalla Malika, le Général eut ces mots aimables : « Madame, je voudrais dire à Votre Altesse impériale que tous ceux qui ont eu l’honneur de vous approcher garderont un profond souvenir de la bonne grâce et de l’amabilité que vous avez toujours prodiguées ».
Et le Président Charles de Gaulle conclut en levant son verre « à Sa Majesté le Roi ».

Des années plus tard, lors d’un entretien au palais de Marrakech, le Roi Hassan II me confiait son immense admiration pour le Général. Certes, l’affaire Ben Barka (1965), dans laquelle ni l’un ni l’autre n’avaient de responsabilité, les avait éloignés et Hassan II regrettait de ne pas avoir fait un pas vers le Chef de la France libre puisqu’il était le plus jeune. Mais, me disait-il aussi : « Il faut que l’on sache que le Royaume n’est le vassal de personne : ni de la France, ni des États-Unis, ni d’Israël ». Et, bien entendu, pas de l’Allemagne ou de l’Espagne.

S’inscrivant scrupuleusement dans la tradition de la monarchie millénaire, le Roi Mohammed VI a d’ailleurs su le faire savoir à Obama, à l’Allemagne, à l’Espagne, à Hollande et, n’en doutons pas, il saura le faire savoir à Macron si c’est nécessaire.

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