Le Chef du gouvernement annonce l’élaboration d’un programme de développement du monde rural doté de 50 MMDH
Le chef du gouvernement, Saâd-Eddine El Othmani, a annoncé, mardi à Rabat, qu’en application des Hautes Instructions Royales, le gouvernement élabore actuellement un programme ambitieux de développement du monde rural pour la période 2016-2022, doté d’une enveloppe globale de 50 milliards de dirhams.
En réponse à des questions sur « la justice spatiale et le développement » présentées par des groupes et groupements parlementaires au sein de la Chambre des Représentants lors de la séance plénière mensuelle consacrée aux questions de politique générale du gouvernement, M. El Othmani a souligné que ce programme vise la réalisation d’objectifs stratégiques englobant le désenclavement des habitants des régions rurales et montagneuses, la généralisation ou l’amélioration de l’accès aux services de base (électricité, eau, santé et éducation) et la consolidation et diversification des capacités économiques des régions rurales et montagneuses.
L’étude de terrain réalisée, à cet effet, a englobé différentes régions du Royaume et a permis de dénombrer plus de 24.000 villages dans 1.253 communes souffrant de manques et nécessitant des investissements pour la réhabilitation sociale, a-t-il ajouté.
Ce programme se base sur le principe de la convergence et de l’intégration dans la programmation et la réalisation des projets, a-t-il dit, soulignant que l’enveloppe budgétaire consacrée à ce programme (50 milliards de dirhams) englobe la construction de routes, l’ouverture et l’aménagement de pistes rurales et d’installations techniques (35,4 MMDH), l’alimentation en eau potable (6 MMDH), la réhabilitation et remise en état des établissements de l’éducation (5 MMDH), la santé (1,4 MMDH) et l’électrification rurale (2 MMDH).
Le Chef du gouvernement a fait savoir que le financement de ce programme sera réalisé par 8 partenaires, à savoir les Conseils régionaux (20 MMDH), l’Initiative nationale pour le développement humain (4 MMDH), le Fonds de développement rural et des zones montagneuses (10,5 MMDH) ainsi que par des ministères et autres institutions (15,3 MMDH).
Sur un autre registre, M. El Othmani a rappelé que le gouvernement a mobilisé, dans le cadre de l’actuelle Loi des Finances, une enveloppe de 5,2 MMDH pour la consolidation des infrastructures régionales afin de garantir la réalisation d’un développement spatiale juste et équilibré.
Le gouvernement a lancé une opération d’équipement d’envergure pour la mise en place d’un appareil scanner dans chaque province et d’un IRM dans chaque hôpital régional, a-t-il dit, affirmant que l’Exécutif a veillé à renforcer et élargir l’offre de santé dans le monde rural à travers la construction, l’extension et l’équipement de nouveaux établissements de soins de santé primaires dont le nombre est passé de 1.938 en 2011 à plus de 2.000 en 2015 outre la création de 3.070 nouveaux postes pour les professionnels de la santé et 171 logements de fonction pour les infirmiers et médecins dans le monde rural.
Il a également été procédé à la création et à la mise en œuvre d’unités d’urgence de proximité (90 unités) réparties sur 12 régions, à la remise de 327 ambulances et au renforcement de la prise en charge des cas urgents à travers l’activation de 4 unités de transport héliporté, en plus de la mise en œuvre des programmes annuels d’unités médicales mobiles, dont le nombre de visites sur le terrain est passé de 5.500 en 2009 à 12.618 en 2015, a expliqué M. El Othmani.
Sur le même registre, le Chef du gouvernement a indiqué que l’Exécutif compte lancer une nouvelle initiative visant à développer les centres ruraux émergents eu égard à leur rôle dans la structuration de la relation entre les espaces urbains et ruraux, ajoutant que cette initiative contribuera à l’encadrement des espaces ruraux, à l’amélioration de la scène urbanistique et à l’organisation et le rapprochement des activités et services publics, outre le renforcement de l’attractivité des domaines ruraux avoisinants.
Un Programme national des centres ruraux émergents 2017-2021 est aussi en cours d’élaboration, a-t-il fait savoir, expliquant que ce programme vise à réduire le poids et les conséquences de l’exode rural, l’organisation du développement urbanistique et territorial et la valorisation des investissements et ressources disponibles tout en agissant pour la promotion de l’investissement privé.
Le gouvernement compte aussi lancer un programme d’aide urbanistique au profit du monde rural en mettant à la disposition des habitants de plans d’architecture à titre gracieux et en réalisant des plans de réhabilitation des villages.
Le Chef du gouvernement a ajouté que l’analyse du rythme de croissance au niveau spatial relève que les régions qui participent le moins au PIB national enregistrent aujourd’hui des trajectoires de croissance plus dynamiques, avec des taux enregistrés au-dessus du taux de croissance national (5,8%) en particulier la région de Laayoune-Sakia El Hamra avec 11,7%, suivie de la région de Dakhla-Oued Eddahab (10,5%) et de Drâa-Tafilalet (6%).
Et M.El Othmani de rappeler qu’il a été procédé depuis plusieurs mois à la mise en place d’une approche régionale pour la réhabilitation des centres des collectivités territoriales à travers la conclusion d’accords entre l’État et les régions, en soulignant qu’il s’agit de la réhabilitation de 96 communes rurales dans la région de Draa-Tafilelt pour une enveloppe budgétaire de 600 millions de dirhams, et la réhabilitation de communes rurales dans la région de l’Oriental (1,2 MMDH) en plus de la réhabilitation de 119 communes territoriales rurales dans la région de Beni Mellal-Khenifra pour une enveloppe financière de 650 millions de dirhams.
Dans ce contexte, M. El Othmani a relevé que le gouvernement accompagne les différentes régions et provinces en termes de mise en œuvre des documents d’urbanisme et de soutien aux projets territoriaux, à travers un suivi concernant l’élaboration de modèles régionaux d’urbanisation en tant que modèles de référence visant à cerner les dysfonctionnements spatiaux et proposer des mesures ainsi que des actions pour parvenir à un développement équilibré.
S’agissant de la stratégie portuaire nationale à l’horizon 2030, le Chef du gouvernement a relevé que cette stratégie est fondée sur le concept de pôle portuaire favorisant une distribution régionale stratégique des principaux ports qui jouent un rôle structurel en termes d’aménagement du territoire et de mise en œuvre des stratégies sectorielles, en rappelant que six grands pôles portuaires ont été définis au niveau des deux façades maritimes du Maroc.
Il a, dans ce sens, révélé que le gouvernement a commencé la mise en œuvre de cette stratégie depuis 2012 à travers le lancement de plusieurs études et de nouveaux projets portuaires d’envergure, dont la valeur est estimée à 60 milliards de dirhams.
M. El Othmani a présenté une série d’indices sur l’utilisation de l’infrastructure, en relevant que le taux d’accès aux routes rurales était de l’ordre de 79% en 2016, tandis que l’accès à l’eau potable a atteint 95% en 2015 et le taux d’électrification avoisinait les 99% en 2015.
Le Chef du gouvernement a passé en revue une série de chiffres et de projets témoignant des efforts de l’État en matière de consécration de la justice sectorielle (accès à l’eau, formation professionnelle, zones industrielles, infrastructure du transport et l’investissement), et de mise en œuvre du nouveau modèle de développement des Provinces du Sud.
Il a également rappelé la signature en juin de 21 projets de décret concernant les moyens d’accorder et de verser les avances attribuées par l’État à la région, la préfecture, la province ou à la commune, en soulignant la nécessité d’accélérer la présentation des projets de décret restants et d’accompagner cette dynamique, à travers l’élaboration de la charte de la décentralisation administrative qui vise à réorganiser les organes administratifs au niveau central et territorial.
Et M. El Othami d’ajouter que le gouvernement tiendra plusieurs rencontres au niveau des régions et des provinces, en accordant la priorité aux régions les moins développées, en vue de mettre en œuvre des programmes de développement régionaux conjoints et intégrés, en partenariat avec les acteurs et les intervenants régionaux et provinciaux.
Lors de cette session consacrée aux questions orales, les groupes de l’opposition de la Chambre des représentants ont appelé le gouvernement à accélérer la mise en œuvre du Fonds de réinsertion sociale et du Fonds de solidarité entre les régions pour parvenir à une plus grande justice spatiale et pour chercher des recettes supplémentaires à même de répondre aux différents secteurs vitaux.
Les groupes ont salué les efforts consentis concernant la mise en place du développement et la construction d’infrastructures, en soulignant l’importance de réduire les disparités entre les différentes régions et provinces en matière de justice spatiale et de développement.
De même, ils ont appelé à davantage d’efforts, en particulier dans les domaines de l’éducation, de la santé et de l’emploi.
Les groupes parlementaires de la majorité ont appelé, pour leur part, à œuvrer de manière proactive pour la consécration de la justice spatiale, de la promotion de l’accès des différentes régions du pays à plus de programmes et de projets de développement et à consulter la population et les élus à leur sujet.
Ils ont également souligné l’importance de créer des mécanismes pour stimuler le secteur privé à œuvrer dans diverses régions du pays, en appelant, à l’instar de l’opposition, à concentrer les efforts dans les secteurs de la santé, de l’éducation et l’emploi, et à donner une importance aux régions en manque de projets de développement.